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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

En Route Pour La République

Depuis quelques temps, on assiste à une levée de boucliers contre le Président que les Sénégalais se sont librement choisi, après douze longues et pénibles années marquées par une gestion gabégique de Wade et de son parti, le PDS. S’élèvent même des voix de certains cercles dits alliés du Président pour envoyer des piques du genre : « le peuple attend le vrai changement »; « On est resté sur notre faim »…

Ces personnes malintentionnées pour la plupart, veulent nous faire commettre les mêmes erreurs qui ont précipité notre football dans le gouffre : elles nous poussent à vouloir des résultats presqu’instantanés sans jamais nous poser la question de savoir d’où nous venons ! L’efficacité d’une équipe de foot ne se bâtit pas en quelques mois, encore moins celle d’une équipe gouvernementale aux tâches beaucoup plus complexes !

Nous venons de très, très loin ! Wade et certains de ses hommes ont tellement abîmé ce pays sur tous les plans que c’est franchement faire preuve de démagogie et de malhonnêteté que d’exiger du nouveau régime de le ‘réparer’ en quelques petits mois ! Il nous faudra des années de thérapie, de massage et de rééducation pour remettre le pays sur pieds ! C’est cela la dure et triste réalité !

Ayant fait de la corruption tous-azimuts sa principale arme politique, Wade a fait prendre à beaucoup de Sénégalais, et pas des moindres, des habitudes et des plis nocifs à la société qui a été sérieusement ébranlée dans ses fondements moraux: vivre sans scrupule sur le dos du peuple qu’on est censé défendre, faire chanter l’Etat, bafouer l’autorité de l’Etat, se constituer des micro-Etats dans l’Etat, s’enrichir de façon illicite sans se soucier du « qu’en dira-t-on ? », ente autres.

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Ce qui importe pour le peuple sénégalais encore martyrisé, c’est que le nouveau président pose des actes qui rassurent ; des actes de rupture nette par rapport aux pratiques antirépublicaines et inconstitutionnelles qui étaient érigées en règles de gouvernance par Wade et son régime. Et force est de reconnaitre que, même si le peuple a le droit d’être plus exigeant sous ce rapport, des avancées significatives ont été notées, dont le retour progressif de l’Etat de droit et le recul de l’impunité !

Sous Wade la République n’existait que de nom ! Comme ses pairs monarques du Golfe, il distribuait à qui il voulait l’argent et les biens de l’Etat comme la Terre !. N’a-t-il pas dit récemment dans une interview que l’argent que détient son fils provient de lui-même, comme il en a donné à d’autres enfants gâtés de son régime ? Dans quelle république digne de ce nom le président ose-t-il se permettre de donner de l’argent du contribuable à ses propres enfants et à son entourage ? Le budget légal que s’octroie le président, c’est pour régler des questions sérieuses liées à la vie de l’Etat et non pour remplir les poches de ses enfants et de ses amis !

C’est cette République construite dans la douleur par les pères-fondateurs comme Senghor, Mamadou Dia, Ousmane Camara, Assane Seck, Abdou Diouf, Majmouth Diop, Amath Dansokho, Cheikh Hamidou Kane, entre autres patriotes, et qui a été dangereusement bafouée, piétinée, malmenée, dévaluée par Wade et son régime, que le nouveau président a le devoir historique de ressusciter. Sans état d’âme ! Sans ce préalable, toutes les autres quêtes légitimes du peuple – baisse du prix des denrées de première nécessité, emploi et éducation des jeunes, bonne gouvernance – resteront vaines !

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Mais le chemin qui mène à la République et à l’Etat de droit est sinueux et pavé de nombreux obstacles, dont certains sont tout simplement insoupçonnés ! Il y a dans ce pays des gens qu’une vraie République n’arrange pas ! Leurs « affaires » ne peuvent prospérer que dans une république-bananière ! Et ce sont ces gens-là qui, pour récupérer leur ‘bien’ spolié ou convoité, ou pour ne pas rendre compte de leur gestion calamiteuse, tirent à boulets rouges sur le nouveau régime et sur la Justice de notre pays. Pour ces derniers, le peuple qu’ils cherchent à manipuler pour l’entraîner dans un combat qui n’est pas le sien ne compte pas ; ce qui compte pour eux, c’est la préservation de leurs intérêts et de leurs biens mal acquis ! De petites gens qui ont détourné des centaines de milliards et hypothéqué l’avenir de notre jeunesse.

Le président, qui tient du peuple l’usage exclusif de la violence légitime (cautionnée par le peuple parce qu’utilisée pour défendre l’intérêt supérieur de la Nation) a le devoir républicain d’utiliser celle-ci pour barrer la route à tous ceux qui veulent bloquer le chemin qui nous (r)emmène à la République ! Quelle que soit leur catégorie sociale ou politique !

Après avoir clairement exprimé le retour à la République comme demande sociale numéro un, le peuple a bien rangé son mignon petit gourdin plat dans son fourreau et attend sagement les prochaines échéances électorales ! Si la voie royale est obstruée, il saura à qui demander des comptes !

Gorgui DIENG

Docteur d’Etat

Université Cheikh Anta DIOP de Dakar

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Pr Gorgui DIENG

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