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Dérives Islamistes Au Sénégal: Attention Danger !

Les Fatwas et autres menaces lancées contre le Pr Sankharé constituent un indicateur de la montée en régime d’un islamisme intégriste et fondamentaliste qui nous éloigne de l’héritage de tolérance légué par nos illustres précurseurs de la religion musulmane.

La pratique de l’islam au Sénégal, ce n’est pas une gageure que de le dire sereinement sans esprit polémique, est singulière, excentrique et très souvent éloignée de l’orthodoxie musulmane. Les enseignements coraniques découlant de la tradition prophétique, y ont subi inéluctablement et insidieusement les influences de nos valeurs ou contre valeurs socio-culturelles. La particularité de la pratique de l’islam au Sénégal et qui consacre sa spécificité, réside dans sa partition confrérique et dans sa multiplication des foyers religieux. Cette singularité sénégalaise a pour conséquence la segmentation de la population musulmane autour des confréries sous l’égide de certaines familles (Mbacké, Sy, Thiaw, Kounta, Niasse, Sall , Ba, Seck…) qui par leur émiettement diluent la sacralisation de l’autorité spirituelle et par voie de conséquence entrainent à une certaine compétition dans la ferveur pour plus d’affluence de Talibés et d’influences sur les sphères socio-politiques. C’est cette caractéristique originale de l’islam sénégalais dans le monde musulman qui préfigure le nid dans lequel se couvent les œufs qui vont générer les monstres de la division et de l’intolérance.

Le fanatisme religieux pour oser le mot n’est pas l’apanage de l’étranger ni le propre des incrédules terroristes islamistes, il se fermente lancinement et subrepticement dans toute société où les dogmes religieux sont érigés en forteresse imprenable et où les valeurs républicaines de laïcité sont bafouées et réduites à néant. Le Sénégal n’est pas à l’abri du terrorisme intégriste dès lors que les autorités religieuses cessent de jouer les rôles de paravents et de modérateurs des ardeurs inconsidérées de la foi. Tout au contraire, la tendance au Sénégal est à l’escalade dans les professions de foi, dans les excès des cultes de personnalités voués aux vénérés ancêtres dont les héritages spirituels sont pour le moins galvaudés et au plus dévalorisés.

Les élites religieuses se sont constituées en « Milieux autorisés » pour exercer la censure, pour téléguider les ouailles vers ce qui est bien ou mauvais pour la société et pour, semble- t-il, « protéger » le Saint Coran. Mais la sélectivité de leurs interventions pour réprouver ou condamner les fauteurs d’ordre religieux parmi les innombrables agressions faites à la morale et à l’orthodoxie islamique dans la vie sociale et culturelle, est notable et patente. L’abstentionnisme de l’autorité confrérique sur beaucoup de faits de société ou pratiques culturelles en fort déphasage des principes islamiques d’une part et leur interventionnisme très ostentatoire par des sollicitations intempestives envers les politiques d’autre part, laissent perplexes les observateurs et les analystes de la société sénégalaise, quant aux motivations réelles et profondes de ces organisations religieuses.

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Le professeur O. Sankharé a peut-être tort de chercher à démontrer l’influence de la culture grecque dans le Saint Coran mais il a le droit de donner sa lecture et sa compréhension sans esprit blasphématoire. Le Saint Coran se suffit à lui-même pour se protéger. Rappelons aux censeurs que : Coran 15-9 : « Absolument, nous avons révélé le Rappel(Coran) et absolument nous le préserverons ». Coran 56-77-80 : « Ceci est un honorable Qoran. Dans un livre protégé. Nul ne peut le comprendre excepté les sincères. Une révélation du Seigneur de l’univers. ». Coran 85-21-22 : « En vérité, c’est un glorieux Qoran. En une tablette maitresse préservée ». Ne soyons donc pas plus royaliste que le Roi. Le Saint Coran est une Œuvre révélée d’inspiration divine et à portée universelle. Comme il y est dit à plusieurs reprises, c’est un « Rappel » et un parachèvement de tant de faits historiques d’inspiration divine prodigués à des savants ou prophètes des civilisations égyptiennes, grecques, romaines ou arabo-africaines. Sous cette perspective, le Pr Sankharé a voulu enrichir la compréhension du Coran et non le dévaloriser.

Cependant les « Milieux autorisés » se sont déguisés en boucliers, sans lire le livre du pauvre professeur incriminé injustement, pour défendre certainement leur obédience et leur plate- bande. Parce que mieux que nul autre ils savent l’inviolabilité sacrée et éternelle du Saint Coran. Pourquoi donc ces Fatwas et ces injures insensées ? Le frisson m’a parcouru le corps à l’idée de se demander ce qui se serait passé si le professeur Sankharé était prénommé Jean Pierre ?

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Et pourtant il y a tant à dire sur les incongruités des pratiques islamiques ou faites au nom de l’islam. La mendicité telle que pratiquée au Sénégal pose un problème de conscience. Parce que nombreux sont les hadiths où le prophète(SAW) exhorte le musulman à manger les produits du travail de ses mains et à éviter par fierté de tendre la main et de solliciter l’assistance des autres. Dans nombre de cas, des maîtres coraniques obligent les enfants à mendier et les soumettent à de graves sévices corporels afin qu’ils rapportent une obole consistante. La mendicité se développe de façon exponentielle et dégradante dans un silence lourd d’hypocrisie.

La prolifération des shows radio- télévisés de certains oustaz qui ont outrepassé les limites de la décence jusqu’à se donner en spectacle théâtral pour livrer des récits rocambolesques sur la vie du prophète(SAW), n’attire les foudres d’aucune autorité religieuse. Il en est de même de la mode des conférences religieuses organisées en « Tannebër » où les femmes rivalisent d’accessoires de beauté et de folklore sous les yeux comblés des participants. Le récital et la vivification du Coran dans le cœur des fidèles qui en est le but, semblent souvent relégués au second plan par rapport aux louanges chantées en l’honneur des pères précurseurs des Tarîqa. Les réprobations sont là encore inaudibles.

Au Sénégal les moralisateurs clament souvent que le pays est fait « d’une tête » et nul ne saurait le diviser en deux. C’est pourtant le pays où l’on prie en deux jours différents les fêtes de l’Aïd el-fitr et de l’Aïd el-Kebir. Un des deux est forcément forclos sous le silence bavard des « Milieux autorisés » qui ne se prononcent pas ne serait- ce que pour s’indigner. Par ailleurs la lutte sénégalaise est le lieu où l’on profane le plus les écritures saintes du Coran, souillées et associées à des pratiques fétichistes les plus bannies. La vénalité de certains religieux qui ne se gênent aucunement de faire commerce en utilisant Dieu et la religion pour s’enrichir en abusant les incrédules et les fanatiques, ne rebute pas non plus les censeurs ni ne tire un seul chef religieux de sa retraite spirituelle.

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Il n’est pas nécessaire de décliner encore la litanie des particularités socio-culturelles sénégalaises qui dénaturent l’islam sans qu’aucune fatwa ne soit pointée sur elles. Pourquoi donc subitement les foudres s’abattent-elles sur un professeur-chercheur qui fait juste un travail universitaire ? Peut-être parce que ce n’est pas un Imam ni un Cheikh. Faut-il avoir ces titres et attributs pour être digne et apte à parler du Coran ? Nous avons pourtant au Sénégal des Cheikh, Imam ou oustaz qui n’honorent pas notre religion. Mais ceux-là sont-ils pardonnables parce que faisant partie du sérail ?

Il faut tirer la sonnette d’alarme ! L’obscurantisme et la servilité tendent à se développer dans une atmosphère de ferveur religieuse alimentée par une prolifération concurrentielle de marabouts et de guides religieux fils de…Nous pensons que si la volonté de s’opposer aux dérives islamiques était prégnante chez nos chefs religieux, rien ne pourrait amoindrir leur détermination à « excommunier » les faux serviteurs de Dieu mais vrais profiteurs de la misère humaine, en dénonçant vigoureusement leurs disciples coupables de turpitudes. Il est apparu manifestement dans l’affaire Sankharé que certains chefs religieux ont été abusés pour décréter des fatwas sans jugement approfondi sur les tenants et aboutissants de cette histoire à dormir debout. Nous regrettons beaucoup l’absence de concertation et de conciliabules entre leaders confrériques sur des sujets d’importance capitale en Islam, pour des actions d’envergure nationale dans le but d’assainir, de pacifier et de revigorer les authentiques et saines pratiques religieuses dans le pays. Mais là encore les motivations, les intérêts et les enjeux confrériques sont comme un labyrinthe où ma petite science religieuse se perd assurément. De la sinuosité et de la complexité autour de la stratification largement ramifiée et le développement concurrentiel des confréries, naîtront les périls explosifs qui guettent l’islam au Sénégal. Là encore nos illusionnistes moralisateurs nous disent que nos illustres et vénérés ancêtres ont laissé des prières vivaces pour protéger le pays. Mais enfin… Cela n’a pas empêché que la plus grande catastrophe maritime de l’histoire de l’humanité se produise au Sénégal : Le Diola !

 

CHERIF BEN AMAR NDIAYE

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