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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Le Mal Sénégalais

« C’est la loi de l’amour qui gouverne l’humanité. Si la violence (…) l’avait gouvernée, elle aurait depuis longtemps disparu. » Mohandas Gandhi

Il y a eu les assises nationales de l’éducation de 1981 pour trouver des solutions aux premières crises que l’école sénégalaise a connues. Plus récemment, il y a eu, l’an dernier, les concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur, les fameuses CNAES dont une seule des 78 recommandations serait appliquée à ce jour, c’est-à-dire l’augmentation des droits d’inscription. Mais il faudrait aussi et surtout, à mon avis, de grandes remises en question du modèle de gestion politique, sociale et économique de notre pays pour déceler les causes qui empêcheraient son décollage afin de les résoudre par le biais de profondes réformes politiques et sociétales. Mais inutile de chercher loin pour en déceler quelques problèmes…

Un pays pris en otage par sa classe politique…

Et oui, le mot n’est pas fort. Ils nous prennent en otage, pillent nos ressources et s’enrichissent sur notre dos depuis plus de 50 ans sans jamais répondre convenablement à nos demandes sociales. Ça fait sourire de voir encore un homme comme Moustapha NIASS (75 ans) prétendre travailler pour l’émergence du Sénégal, lui qui fut directeur de cabinet de Senghor, ministre sous Diouf, le premier premier ministre de Wade et actuellement président de l’assemblée sous Macky Sall. Je ne lui connais pourtant ni loi ni mesure phare allant dans ce sens. Amath Dansokho (78 ans), ministre conseiller, Ousmane Tanor Dieng (67 ans) toujours au rendez-vous à tous les déplacements du président Sall sans vraiment de statut clair, Landing Savane (70 ans), Abdoulaye Bathily (66 ans), Djibo Ka (66 ans), quelques ténors du parti démocratique… et j’en passe ; ils sont toujours là et seront encore là tant qu’une place leur sera offerte pour profiter des privilèges de la République.

A tour de passe-passe du pouvoir, de coalitions et d’accords politiques, ils se protègent les uns les autres, s’embrouillent de temps en temps en temps faute d’accord sur le partage du « gâteau » mais finissent toujours par se retrouver au gré d’une élection pour encore et encore « brouter » les deniers publics et se cramponner aux délices du pouvoir.

Pour y parvenir, une jeunesse qui ne jure que par le nom de leur leader est sacrifiée, mise en avant-garde pour rendre les coups donnés à leur chef, mentir à son nom et acheter la voix et la conscience de citoyens naïfs pour la cause de leur mentor. Senghor, en son temps, avait créé le concept de la participation responsable dont il charge la vulgarisation aux jeunes Diouf, Niass, etc. Abdou Diouf, lui a créé entre autres le Comité de soutien à l’action du président Abdou Diouf COSAPAD) et le Groupe de rencontre et d’échange pour un Sénégal nouveau (GRESEN) qui ont joué un rôle important dans la construction de l’hégémonie du successeur de Senghor. Le président Wade s’en est inspiré pour donner les moyens pour le maintien de la CAP 21 avant de renforcer, financer et équiper l’UJTL chargée de porter la voix du chef du Sopi. Actuellement, à défaut de convaincre les Sénégalais – davantage exigeants – sur la sincérité de la coalition Benno Bokk Yakaar, le président Sall mise de plus en plus sur les fameux COJER de l’APR pour expliquer son projet PSE aux populations.

En plus de cela, rendant un premier mérite à Macky Sall – en attendant de voir ce que cela va donner – le monde rural n’a réellement jamais fait l’objet de prise en charge sérieuse par les régimes successifs.

Un Etat aux ressources limitées qui vit au dessus de ses moyens…

Le président Macky Sall nous avait promis 25 ministres pour son gouvernement sous l’égide d’une gouvernance sobre, mais il ne s’y est tenu qu’à peine 6 mois. Depuis Wade, on nous habitue à des gouvernements pléthoriques (32 départements actuellement pour à peine 13 millions de Sénégalais) avec des portefeuilles bidon, certains pouvant être regroupés avec les autres. Ils sont pourtant une dizaine à peine aux USA (un État-continent) une quinzaine en France pour une population de 66 millions de personnes.

Sans compter les innombrables ministres d’États sans portefeuilles, les nombreux ministres conseillers et les conseillers spéciaux du président de république, du président de l’assemblée nationale, des ministres. Imaginer ce que nous coûtent leurs traitements salariaux et indemnitaires. Se poser maintenant la pertinence du Conseil économique social et environnementale qui passe de 1,7 milliards de FCFA de budget général dans la loi de finances 2014 à 3,5 milliards en 2015. La présidence de la république qui passe de 27, 1 milliards de budget en 2014 à 32,8 milliards votés en 2015. Et une assemblée nationale plus budgétivore que représentative. On ne se préoccupe pas de ce que ces milliards – gaspillés à mon avis – auraient pu changer à l’intérieur du pays en termes d’écoles, de salle de classe, d’établissements sanitaires etc. Mais non, le plus important est de trouver un poste et un statut à des « amis » ou à des alliés, même de circonstance.

Il ne faut pas donc s’étonner que la dette publique du Sénégal passe de 523,410 milliards en 2014 à 598,010 milliards en 2015. Soit une hausse de 14,25%.

Pendant ce temps, et malgré la mise en œuvre de la réforme de l’acte 3 de la décentralisation, le compte spécial de pêt aux collectivités locales ne représente que 800 000 000 fcfa dans la loi des finances 2015 pour 44 conseils départementaux et près de 485 communes. Imaginez le gap…

 Il nous faut inventer un « rêve sénégalais »…

La fonction publique continue à être – au niveau de la jeunesse – le principal moyen de réussite sociale et d’épanouissement professionnel. C’est sans doute ce qu’avait compris le candidat Macky Sall en promettant de créer 500 000 emplois par an. Mais il en a à peine créé 3 000 depuis 2012. Déception de la jeunesse indignée ! N’est-il pas alors venu le temps de réenchanter notre propre rêve ? De transformer notre indignation en actes concrets ? Bien sûr que si, et nous le ferions à la fois pour réussir notre propre vie et pour améliorer celle de nos compatriotes.

Chose possible car nous regorgeons de talents capables d’inventer des initiatives sociales et solidaires pourvoyeuses d’emplois dans le respect des valeurs de partages et de solidarité. Cela sera plus possible si nous refusons que notre famille, notre classe sociale, notre nation ou nos fameux guides religieux décident pour nous la voix à suivre. Nous avons chacun en nous le talent et aurons sans doute le courage d’y parvenir si nous nous y mettons. Nous sommes et devons rester maître de notre destin et créateur de celui de notre pays. Ni les politiques actuels, ni certains soi-disant guides religieux ne peuvent altérer ce que nous voulons faire de note vie.

Car les hommes politiques, comme montré plus haut, ont échoué sur toute la ligne. Car, il faut le dire, de soi-disant marabouts se servent davantage da la religieux au lieu de la servir anéantissant le rêve de milliers de jeunes talents ou profitant largement de la réussite de ceux-ci.

Ainsi les Etats Unis vivent actuellement un rêve de Martin Luther King, ainsi Mandela a légué aux Sud-Africains une nation arc-en-ciel, l’une des plus fortes économies de l’Afrique, ainsi Mohandas Gandhi, le timide avocat indien, a sauvé un pays de l’abîme sur la base d’une utopie qui inspire encore aujourd’hui l’humanité.

 MD – diopthemayor@yahoo.fr

Mamadou DIOP

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