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Karim Wade Nous Soule, Macky Sall Nous Gave, La Crei Racole

Il est question de la judiciarisation de la vie politique sénégalaise faite de tromperies des juges et des clercs à la merci des maîtres de céans depuis le fourré coup d’État de 1962 jusqu’à la traque récente des biens mal acquis. Bavards sur l’accessoire et muets sur l’essentiel, Macky Sall et ses compagnons peuvent mieux faire. Nous les espérons susceptibles de renverser la tendance à l’enrichissement illicite vers du concret, pas celui des Karim Wade promus prodigieux sans technique ni talent. Et nous voilà, à peine remis des désillusions du « Sopi » de Wade-père, en bute à la Cour de répression de l’enrichissement illicite(CREI), titubante de la faille des gouvernances ternies des fonds politiques traumatisants et témoins des trahisons hautes d’atteintes.

Karim Wade n’est pas exception, il est révélation, témoignage et conception patrimoniale socialement ancrée du pouvoir au Sénégal. Du coup, il peut s’abriter sous des noms prêtés pour la circonstance et peut s’emparer de preuves formelles dans le jeu de dupes. Dès lors, Macky Sall gagnerait à s’investir davantage pour un Sénégal nouveau. Au prix de l’absolution des forfaits du passé, seul un nouveau départ viendra à bout des traditions triviales dont nous sommes en même temps responsables et victimes. Pendant que le pouvoir coutumier se recroqueville derrière les principes raides de séparation des pouvoirs, Wade-fils s’élance tout railleur dans les rouages des justices habituelles, ferventes et dévouées.

La CREI, instance procédurière d’inquisition au pire et de dissuasion au mieux, ne viendra pas à bout des manquements et écarts dans la gestion des deniers publics. Nous devons solidairement répondre de la propension généralisée à nous servir des biens communs avec l’avidité des fameux chefs de canton. Les tensions nées de l’identification et de la poursuite de nos semblables en mauvaise posture ne relèveront pas les défis de transparence et d’intégrité.

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Karim Wade symbolise ce que nous voulons combattre intrinsèquement, il croupit et se prélasse en nous tous. Il  représente probablement notre penchant à profiter des biens communs sans aucun saisissement civique ni même pudeur décourageante à nuire au patrimoine national. À la seule condition de secourir notre entourage immédiat, l’enrichissement interdit mais admise est bénédiction et grâce. Les sénégalais y adhèrent allègrement au déplaisir des décalés prêcheurs et paqueteurs de principes et de pouvoirs à palisser sans paramètre préalable.

Notre honneur craint le reproche beaucoup plus que le vice. Nous usons et abusons des manquements, des prête-noms et autres subterfuges pour nous dédouaner, n’en déplaise à l’esprit et à la morale des maîtres-penseurs. Sinon, comment envisager et accepter le patrimoine des décideurs assidus si ce n’est par la table rase et par la volonté d’aller de l’avant ? À l’état cent fois pire du dégoût et de la haine, misons sur  le dépassement et sur l’édification d’un niveau éminent d’organisation sociale. Macky Sall et son administration, investis de la charge à tout rompre, doivent se tourner vers l’avenir.

Monsieur le président ! Endossez la responsabilité du renouveau, car votre grandeur et votre legs, aux yeux de la postérité, dépendront de votre capacité à anticiper lucidement sur la nécessité de gérer autrement et mieux nos maigres ressources. Un vulgaire chef, habité d’une froide raison, suit la susceptibilité des masses alors qu’un leader, âme de feux, provoque et impulse ampleur et mouvement vers l’émergence.

En jetant notre dévolu sur vous, nous n’avons pas seulement négligé et ignoré votre pedigree dans la marche antérieure du pays. Par l’effet même, nous avons absous l’entière responsabilité de la classe politique et administrative. Lorsque la démarche et la peine sont sans commune mesure, donc sans équité, nous sommes portés, contre toute attente, à leur préférer l’impunité des présumés fautifs.

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Le contribuable sénégalais gagne davantage de la mobilisation des efforts et ressources en vue d’une nouvelle architecture bureaucratique, à l’abri des éventuels abus et excès. Sans une moindre remise en cause de l’intendance des fonds politiques, le combat contre l’enrichissement illicite n’est qu’artifice, supercherie et coup d’épée dans l’eau. D’ailleurs, jusque-là non étendues aux transhumants et autres corvéables, les accusations sont vidées de toute représentation symbolique.

 

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

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