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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

L’éducation A La Citoyenneté

« Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c’est le citoyen qui fait la république »Georges Bernanos.-La France contre les Robots

C’est avec beaucoup de regret et de tristesse que nous faisons le constat si désolant de la dégradation inquiétante de l’état de la civilité et du civisme, 50 ans après la souveraineté nationale de notre pays. Si seulement, nous reconnaissions et prenions conscience de cet état de fait combien déplorable, comme un frein sérieux qui plomberait le développement à tout point de vue, de notre pays, nous aurions fait un pas décisif vers les solutions. Mais il faudrait que l’Etat assume pleinement et sans faiblesse coupable ses responsabilités, en tant qu’autorité au-dessus de tout le monde. Ceci est la première condition, et ensuite, il revient aux citoyens de respecter scrupuleusement les règles du jeu établies pour tous.

Les manquements et les violations des règles de conduite sont avérés au vu et au su de tous, et à tous les niveaux de notre pays. L’état de l’éducation, en général, et de la citoyenneté en particulier, est absolument désespérant. Et, il mériterait bien qu’on lui accordât un traitement de choc sans complaisance, pour le rehausser et le ramener à la juste place qui lui sied dans une société moderne civilisée, fonctionnant avec des normes comme les règles non écrites, mais de bon sens et d’utilité publique, en sus des lois de la République. Aujourd’hui, la valeur et le respect de l’hymne et du drapeau national sont presque méconnus de tous les citoyens sénégalais, en commençant par ceux qui nous gouvernent. Nous notons aussi et déplorons entre autres :

L’absence de sanctions sévères par manque d’autorité ou par complaisance de l’Etat, contre les comportements vandales de certains citoyens à l’égard des biens publics, ainsi que, contre les attitudes irresponsables et inconscientes de certaines autorités qui se croient au-dessus des lois et dont le manque de civisme frôle quasiment l’animalité. La conduite incivique rarement impunie de tous ces individus, engendre très souvent des conséquences catastrophiques et tragiques, comme le naufrage du bateau Le Joola, les déraillements de trains tels que celui du Magal de Touba ou du Gamou de Tivaouane, et les autres accidents graves, dus principalement à l’inobservation des règles les plus élémentaires du code de la route, de la sécurité routière, ou de la prévoyance tout court.

Au niveau des transports en commun, nous avons un parc automobiles si vétuste que certains véhicules sont vieux de près de 100 ans, mais roulent toujours sur un réseau routier extrêmement détérioré, ce qui provoque évidemment les nombreux accidents mortels auxquels nous assistons impuissants, tous les jours. Tout ceci, ne traduit rien d’autre que de l’incivisme caractérisé qui dépasse les limites tolérables, pour un Etat sérieux et des citoyens conscients, ou considérés comme tels, de leurs responsabilités.

L’incivisme et l’absence d’une attitude citoyenne confirmée se manifestent aussi dans la circulation routière partout au Sénégal, par l’anarchie et l’indiscipline. Le code de la route n’est que de pure forme ; il n’est respecté par personne, aussi bien conducteurs que piétons. Les agents chargés de la circulation sont dépassés par l’ampleur du trafic et l’indiscipline des usagers de la route. En fin de compte, c’est eux-mêmes qui perturbent et créent de l’embouteillage, au lieu de décongestionner et de rendre fluide la circulation. Certains d’entre eux d’ailleurs, s’adonnent tout bonnement à la corruption, en rackettant les conducteurs, dont la plupart ne sont pas en règle, ce qui constitue pour le policier, une belle occasion pour ramasser de l’argent mal acquis.

Le défaut de feux de signalisation fonctionnels dans la capitale, Dakar, depuis près de vingt ans, qui est finalement considéré comme une chose normale par les autorités étatiques, est incompréhensible. Il est anachronique qu’une capitale comme Dakar soit dépourvue totalement de feux fonctionnels de signalisation adaptés à l’ère du numérique.

Là aussi, l’incivisme et le manque de culture citoyenne se manifestent par la destruction des feux de signalisation, dès leur installation, par des individus et de manière délibérée, en toute impunité. C’est scandaleux de voir, combien certains citoyens manquent de respect, totalement alors, aux édifices, places, jardins et voies publics, matériels et autres installations, en les saccageant sans aucune raison, et s’en sortent après comme si de rien n’était.

On entend dire parfois : « Casse tout, c’est l’Etat qui paye », comme si l’Etat était en dehors de nous, les contribuables. Ce genre de comportement est à sanctionner avec la dernière rigueur dans les premiers moments d’un Sénégal nouveau. La tâche sera rude, c’est sûr. C’est pourquoi il nous faudra solliciter les efforts de tous, pour arriver à surmonter tous les obstacles afin d’éradiquer le mal à sa source. Ceci passe nécessairement par une attitude citoyenne de haute portée, qui met toujours en avant l’intérêt général, et la sauvegarde par tous des biens publics. Il faudra aussi, une législation appropriée qui sanctionnera sévèrement les comportements inciviques de certains concitoyens de quelque bord qu’ils puissent appartenir socialement.

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Toujours dans le transport public, il existe un anachronisme relatif aux taxis de ville, qui ramène notre capitale au rang de gros village. En effet, nous constatons que depuis bientôt 30 ans, nos taxis sont dépourvus de compteur tarifaire pour déterminer la valeur de la course, et cette anomalie est presque légalisée. C’est un signe manifeste, d’absence de modernisme ou d’un archaïsme avéré, combinés. Il en est de même des taxis clandestins, dits : « clandos », mais qui sont en fait, bien officiels car circulant en toute liberté. La question des compteurs des taxis de ville, est un provisoire qui se pérennise parce qu’aucune disposition n’est prise ou envisagée pour remédier à une situation qui est source de conflit permanent entre les clients et les conducteurs, un casse-tête pour les étrangers qui débarquent à Dakar. Ce n’est pourtant, de la faute d’aucun des deux en réalité. C’est une exigence que l’Etat doit satisfaire en pourvoyant le marché de compteurs suffisants à la disposition des propriétaires de taxi. Et le marchandage entre client et taximan qui est instauré aujourd’hui, ne serait plus qu’une exception rare.

Le Dakar Dem Dikk, une entreprise bâtarde de transport public dont personne ne connait véritablement la paternité et le statut juridique, n’est pas doté de suffisamment de véhicules en parfait état de marche pour combler l’immense besoin de Dakar et sa banlieue en matière de transport. Et le déficit criard de transport en commun au niveau national est une évidence même. Alors, on voit mal, un Etat qui est déjà incapable de couvrir la région de Dakar, puisse, malgré tout son bavardage et sa vantardise à travers les média, combler ce déficit béant, surtout avec la liquidation de la régie des chemins de fer du Sénégal (RCFS), une autre erreur monumentale en matière de gestion économique, au-delà du transport. Il est clair aux yeux de tous, que nos gouvernants ignorent totalement le rôle des chemins de fer dans l’économie nationale globalement et tout particulièrement dans le transport des voyageurs et des marchandises. En vérité, le parti PDS devrait se traduire comme suit : Parti de la Destruction du Sénégal, car c’est à cela qu’il s’attèle effectivement et porterait parfaitement bien ce nom.

L’occupation anarchique et irrégulière de la voie publique par des privés, qui pour un mariage, qui pour un baptême, qui pour des chants religieux, qui pour une conférence, qui pour un meeting, et j’en passe, est aussi une plaie qui est à soigner par notre société. Elle démontre d’une part, le comportement incivique ou non citoyen de certains Sénégalais se considérant comme au-dessus de la loi, et d’autre part, l’impuissance notoire de l’Etat à faire régner l’ordre et la discipline sur l’étendue du territoire national. Autrement dit, à appliquer simplement la loi sans discrimination. Il s’y ajoute, les tapages de toutes sortes, nuit et jour, dans les quartiers, lieux de travail, établissements scolaires et hospitaliers… Tout cela sous l’œil bienveillant ou complice de la police. Cela confirme que notre pays baigne dans l’anarchie d’un Etat de non droit où la loi semble être faite uniquement pour les faibles citoyens sans défense.

L’utilisation abusive des biens de l’Etat à des fins personnelles, par les tenants du pouvoir, constitue un détournement d’objectif, qui n’a rien à voir avec les services propres de l’Etat, donc un vol tout à fait qualifié. Il en est de même du patrimoine de l’Etat, qui est aussi parfois tout bonnement annexé par les tenants du pouvoir, sans aucune raison ou règle valable pouvant justifier cela. Nous assistons à la déprédation de nos biens communs par des individus cupides, portés par erreur à la tête de notre pays, et ceci est malgré tout supporté par le contribuable sénégalais. On note également que certaines autorités laissent exprès des biens de la nation (bâtiments, véhicules, mobiliers, matériels de bureau… se dégrader, en ne les entretenant pas, alors qu’ils en ont la charge, dans l’intention inavouée de les annexer ensuite ou de les brader à leurs compères.

Comme on peut le constater, nous ne sommes pas loin d’une république faite de privilèges pour ceux qui nous gouvernent et leur clan. C’est quand même trop et inadmissible, que nous, citoyens, les véritables détenteurs du suffrage universel, continuons à observer passivement une telle situation perdurer, sans rien faire. J’estime que si nous avions à l’esprit un seul instant, que nous serions jugés demain par l’histoire et nos enfants, il devrait revenir à chacun de nous, d’assumer pleinement ses propres responsabilités en faisant simplement un bon usage de ses droits et devoirs.

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L’incivisme et l’absence de sauvegarde des biens et intérêts publics sont illustrés par le fait que les services de l’Etat laissent lumières et climatiseurs des bureaux allumés en dehors des heures de travail, à l’exemple du Building administratif. Il en est de même du gaspillage de l’eau constaté dans les services administratifs ainsi que de l’utilisation abusive du téléphone. Tout ceci grève de façon exponentielle les charges de l’Etat, notamment les factures d’eau, d’électricité et de téléphone, sans aucun rapport avec le service public réel.

L’absence notoire ou l’abandon d’un programme d’éducation civique à partir de l’école primaire voire la maternelle, est une grave et regrettable lacune, un fait préjudiciable à la formation du futur bon citoyen.

La vérité, la droiture, la probité morale, le courage de ses opinions, l’abnégation, le patriotisme, le respect du bien d’autrui et du bien commun, le sens de l’honneur, ainsi que de la parole donnée, l’amour du travail bien accompli, tout ce volet constitue des valeurs indéniables, jadis transmises par l’éducation familiale traditionnelle, qui nous servaient de repères dans nos actions permanentes et notre vécu quotidien. Aujourd’hui, elles manquent cruellement dans l’éducation de nos enfants et ne se retrouvent plus chez bon nombre d’adultes.

L’absence de consultation des citoyens et de concertation avec eux, autour et sur les questions essentielles qui les concernent directement, à savoir économiques, sociales et culturelles, par les pouvoirs publics, avant de prendre les décisions qui engagent l’avenir de la nation, est une démarche solitaire et fourbe ou gestion unijambiste, pour ne pas dire erronée, qui engendre les échecs notés dans l’application de la politique du gouvernement libéral. Quand on exclut les citoyens de la réflexion et de la mise en œuvre de la gestion quotidienne de leur cité, cela veut dire que la gestion participative des collectivités locales est faussée.

C’est une perte énorme pour l’Etat qui pourrait bénéficier bénévolement des ressources humaines disponibles dans le périmètre de la collectivité locale. C’est aussi un manque à gagner qui empêche la collectivité de prendre en ligne de compte les préoccupations majeures des citoyens et de tirer le maximum de profit de leurs suggestions et apports en expérience.

L’enrichissement illicite par l’argent sale ou de provenance douteuse, la corruption, l’impunité et les larges privilèges accordés à certains individus au pouvoir ou au service du pouvoir, tout cela est devenu monnaie courante au Sénégal, sans parler de certains marabouts plus au service du pouvoir que de Dieu, qui bénéficient de la gratuité totale et en tout.

La protection d’individus, délinquants parfois, par des personnalités religieuses entremetteuses qui font tout pour les soustraire des mains de la justice, sur un simple ordre (ndigël), donné à l’autorité compétente, est un scandale et un acte immoral tout à fait contraire aux recommandations religieuses. Les transhumants et vendeurs d’âmes sont de ceux qui bénéficient souvent de cette protection.

La rareté de citoyens conscients des droits et de la force que leur confère la Constitution, pour veiller au fonctionnement normal de l’Etat et de se dresser contre les abus des autorités publiques, encourage le pouvoir à agir comme bon lui semble.

Un Etat, qui est lui-même délinquant, par sa pratique illicite dans quasiment tous les domaines, et qui est le premier à enfreindre la loi, constitue un danger permanent pour le peuple tout entier. L’autorisation accordée à certains individus privilégiés, d’occuper le domaine maritime et même quasiment tout le littoral, est une des preuves de violation de la loi par le gouvernement lui-même.

Par ailleurs, c’est un Etat absentéiste dont les principaux dirigeants ne travaillent presque pas. Le peu d’entre eux qui le font, ne se présentent jamais à l’heure au lieu de travail et en partent toujours avant l’heure. Si on mesurait le temps de travail effectif de nos gouvernants, on s’apercevrait qu’il est, pour chacun d’eux, bien en-dessous du temps réglementaire qui est de 40 heures par semaine. On note toutefois, que ce mal est général ou tend à se généraliser dans le service public. En effet, le non-respect des horaires ou plus précisément de la ponctualité au Sénégal se constate à tous les niveaux de notre société. Et le plus grave, c’est que le président de la République, Me Wade, en est malheureusement la parfaite illustration. Il bat tous les records de manque de respect aux dates et heures retenues pour l’organisation d’évènements, qu’il s’agisse de petite comme de grande envergure.

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A chaque fois qu’il doit présider certaines conférences comme celle des intellectuels d’Afrique et de la Diaspora à Dakar en 2004 (7-9/10/2004), les Conseils des ministres, les réunions de son Parti, les visites à rendre, il se fait souvent attendre longtemps pour cause de retard, ou parfois ces évènements sont renvoyés sine die pour raison d’indisponibilité. Les nombreux reports de la conférence de l’OCI, de l’inauguration du monument de la Renaissance et ceux du FESMAN et tant d’autres cérémonies rentrent dans le cadre du caractère informel de la gestion de Me Wade, du pays. Ce mal, caractéristique de Me Wade, provient en général de l’absence d’études et de réflexion préalables avant de déterminer les dates et heures de n’importe quel évènement. Par conséquent, le retard ou report d’une cérémonie ou d’un évènement sont aujourd’hui banalisés par les autorités sénégalaises. En général, quand l’improvisation est jumelée avec la précipitation, elles enfantent immanquablement des erreurs graves de conséquences.

Il se trouve que ces deux catégories sont effectivement les jeux favoris de Me Wade, dans ses actions de tous les jours et dans tous les domaines. Ce qui fait, qu’il constitue pour notre pays et le peuple sénégalais, un malheur personnifié. Ce mal est devenu une plaie qui, à force de s’aggraver, va devenir une gangrène qui freinera à coup sûr la marche de notre pays vers le développement, si rien n’est fait pour l’éradiquer. Il est presque admis ou toléré par la majorité des Sénégalais, à telle enseigne que ni le retard ni l’absence ne sont plus sanctionnés. C’est si ancré dans l’esprit et les habitudes de beaucoup d’entre nous, que dans les convocations de réunions, l’heure du début de celles-ci, est souvent fixée en tenant compte du retard qui sera accusé. Généralement, c’est une heure après celle qui figure sur la convocation. En somme, sachant que le quorum ne sera atteint qu’avec du retard, les responsables passent hypocritement sous silence l’heure précise à laquelle la séance devra effectivement démarrer, pour soi-disant, avoir la chance d’enregistrer le plus nombre de présents possibles, avant de débuter la réunion. Au lieu de combattre le mal, ils le cautionnent tacitement. Une raison de plus qui montre avec force la nécessité absolue de l’éducation citoyenne de la jeunesse et l’urgence de procéder aussi à la rééducation des adultes qui dérivent.

La sécurité publique est quasi nulle ou mal assurée pour les populations, ce qui fait prospérer la délinquance et les agressions. Les voyous sévissent de jour comme de nuit, les forces de sécurité, déjà notoirement insuffisantes, étant cantonnées en surnombre chez les tenants du pouvoir pour assurer leur protection ou consignées dans les casernes en vue de mater les populations à la moindre manifestation de protestation. Ceci pousse certains Sénégalais à créer ou à utiliser des milices privées incontrôlées et de morale douteuse, ce qui est tout à fait contraire aux lois en vigueur dans notre pays.

Notre armée qui fut un cadre approprié pour former des citoyens dans différents corps de métier et d’armée, les rendant aptes à affronter demain, les difficultés et les réalités de la vie civile, est soupçonnée de subir en ce moment des transformations négatives. Elle a été contaminée, elle aussi, par le virus du laisser-aller, de l’anarchie, de l’indiscipline voire de l’incivisme du libéralisme qui domine en ce moment la société sénégalaise dans quasiment tous les secteurs d’activité. Il s’y ajoute que le fait de ne pas rendre le service militaire obligatoire pour tous les jeunes, garçons et filles, laisse une bonne partie d’entre eux dans un désœuvrement total qui peut pousser hasardeusement à toutes sortes de folies regrettables et pratiques répréhensibles.

 

Mandiaye GAYE

 

Mandiaye GAYE

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