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Paradoxe Sénégalais : On Crie « Crise » Mais On Fête Fort

A voir l’effervescence avec laquelle la Korité a été célébrée cette année, on se croirait ailleurs qu’au Sénégal, ce pays où à longueur de journées la crise est « serinée ». Les mots et expressions pour qualifier les difficultés sont nombreux dans notre vocabulaire mais en temps de fête, on semble les oublier tous pour une célébration sans retenue. Encore l’expression d’un de nos paradoxes…

« Deuk bi dafa Macky », « Deuk bi dafa metti », « Deuk bi dokhoul », « Mack » pour parler du billet de 500 Cfa ou de la bouteille de bière qu’on peut s’offrir avec…Ces expressions wolof et bien d’autres traduisent la façon de nombreux Sénégalais de se plaindre de la situation.

Les complaintes sont à un niveau tel d’ailleurs que l’impression reste fortement partagée aujourd’hui que rien ne marche dans ce pays. Tout est bloqué. Les gens n’ont rien. Dara. Touss. Nada. Et dans le rôle de « l’accusé » principal, tous presque mettent l’Etat incarné et conduit par Macky Sall depuis plus de trois ans maintenant. En attestent du reste quelques unes des expressions relatées plus haut.

Le grand paradoxe, c’est que malgré tout, à l’occasion d’une de nos nombreuses fêtes religieuses, la célébration est à son comble. La dernière Korité n’y a pas fait exception. Plusieurs jours avant, les grands marchés de Dakar et de la banlieue ont été pris d’assaut par les acheteurs, femmes et enfants en tête. Une affluence forte partout, au point de bloquer la circulation des véhicules et des piétons où obligeant ces derniers à trouver des voies de contournement. Les média, reflets de la société, se sont fait aussi les choux gras de ces préparatifs de la fin du Ramadan, comme à l’accoutumée.

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Vendeurs de tissus, chaussures, poulets, oignons et autres légumes, bref bien des commerçants, ont retrouvé, pour s’en réjouir, le caractère de « bonnes affaires » de cette fête. Et les éternelles interrogations de surgir, pour faire se triturer les méninges les analystes : d’où vient l’argent ainsi dépensé, est-on toujours dans se pays où « crise » est devenue une expression passe-partout, etc.

On ne peut faire avaler à qui que ce soit l’argument que les gens ont rué dans les marchés sans le sou ou pour faire des menues dépenses. La preuve par ces milliers de personnes bien sur leur 31, le jour de la fête comme durant de nombreux autres après.

Il y avait une occasion, de paraître, à ne pas rater. Et fidèles à leurs comportements, les Sénégalais s’y sont donnés à cœur joie, pour encore rendre visible un de nos grands paradoxe. Celui qui laisse béat le gap entre les paroles et les actes.

James Wolfensohn, l’Australien devenu Américain, 9e président de la Banque Mondiale (1995-2005), avait qualifié l’ex-chef Abdoulaye Wade de « président spécial ». Il aurait du ajouter « venant d’un peuple tout aussi spécial », pour dresser un tableau complet. Prions simplement qu’un dirigeant sadique ou très désinvolte ne dise face aux complaintes : « bon, c’est encore le paradoxe sénégalais, les gens trouveront toujours les moyens de satisfaire leurs besoins »

Souleymane thiam

 

 

Souleymane THIAM
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