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Sénégal, Anarchie, Silence !

Autorité quand tu nous tiens!!!!! Aurais-je envie de crier mais hélas je ne saurais le faire.

Dans un pays où tout le monde se fait autorité, ce dernier n’aura plus de valeur. Son absence est synonyme d’anarchie.

Cependant, nous sommes en droit de nous demander si c’est parce que nous ne savons pas en faire usage ou notre raison nous dévie du comportement digne d’un citoyen désireux de faire évoluer notre société vers le développement qui nous est si cher. “ Rien n’est plus dangereux que l’autorité en des mains qui ne savent pas en faire usage.” nous disait Jean Jacques Rousseau (Pensées d’un esprit droit).

L’absence d’autorité nous conduit tous les ans à deux ou trois fêtes de l’Aïd. Chacun y allant de son propre chef laissant un Sénégal amorphe sans activités pendant quelques jours au moment où d’autres pays travaillent sans relâche quotidiennement. Chacun y allant pour “SA CONFRERIE” laissant de côté le coran tout court, pour ne pas dire l’autorité divine qui devrait être au premier chef, la référence.

Finalement, chacun fait sa propre autorité dans tous les domaines faisant fi de son rôle premier.

Un imam se permet de s’immiscer dans le débat politique au lieu de se mettre devant la responsabilité qui lui incombe dans cette division qui nuit la communauté musulmane. Etonné des réponses face à cette immixtion, il est soutenu par un chef de communauté qui se prend en l’espace de quelques minutes pour un chef religieux. Il attribue la grande mosquée à la communauté des  lébous et le défend avec une arrogance indigne d’une autorité. A t- il mesuré la hauteur avec laquelle il doit défendre ses idées ? Je ne crois pas car il n’aurait pas proféré de telles  insanités. Ne nous sommes plus dans la maison de dieu construite dans le cadre d’une coopération sénégalo-marocaine ? En tout cas, en l’écoutant, la grande mosquée (cette maison de Dieu)  appartiendrait à la communauté lébou et non musulmane. Quelle autorité !

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Ne nous étonnons pas de voir des réponses politiques aux questions politiques, seraient elles posées par un imam. La nature du champ politique est différente de celle du champ religieux. Et poser une question politique conduira forcément à des réponses de tous bords. L’étonnement de la multitude des réponses n’est rien d’autre qu’une forme d’ignorance. Car nous sommes naturellement dans un champ où s’engendrent dans la concurrence les analyses et commentaires.

Mais serait-ce une surprise ce rapport de nos jours, entre le politique et le religieux? Je n’en crois pas. Car  l’autorité politique  nourrit la religieuse. Ce qui modifie les intérêts de pouvoir des deux sphères.

D’autres “petits” marabouts se cachent derrière les partis pour déverser leur bile sur l’Etat tout simplement parce qu’ils n’ont plus leur part du “Gâteau”.

L’Autorité politique se verse dans le clientélisme. Et justement, parce qu’en retour le marabout est garant de potentiels électeurs. Elle ne fera rien qui pourrait nuire aux plaisirs mondains du marabout.

Et finalement qui doit veiller aux comportements du citoyen ou du disciple? Est-ce le marabout qui n’est mû que par ses intérêts mondains ou l’autorité étatique obnubilée par ses prébendes politiques?

Notre comportement quotidien en est la résultante la plus visible.

Tout est régi par l’argent au détriment de notre honneur. L’indiscipline dirige notre comportement quotidien.

Automobiliste d’un jour est pareil à celui de tous les jours: non-respect des règles les plus élémentaires, manque de considérations entre nous, insultes et bagarres à n’en plus finir sans compter les accidents mortels urbains sans fin. Chacun fait ce qu’il veut, comme il veut dès lors qu’il n’y a pas de censeur : moral ou politique.

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Le manque d’honnêteté atteint son paroxysme. L’argent ne se gagne plus mais se négocie. Il suffit d’être futé et de connaître les rouages pour en gagner beaucoup et vite.

Où se situe notre croyance dans toutes ses manœuvres?

Nous nous surestimons trop, pensant que nous sommes meilleurs que les autres, nous avons les meilleurs guides religieux au monde. Alors, pourquoi dans notre pays nous tirons vers le bas ?

En se regardant devant le miroir, nous pouvons nous rendre compte que la réalité en est tout autre. La religion est devenue une autre forme de commerce. Nous vivons dans une société de plus en plus dégradante où les références se perdent, l’hypocrisie atteint son paroxysme, les mœurs sont on ne plus légères. L’indiscipline est au summum de sa gloire. Les autorités se couchent sous les intérêts personnels oubliant le devenir du pays.

La politique reste dans le domaine privé et non public. Elle est devenue une profession et a comme but une réussite personnelle. La réussite politique n’est rien d’autre qu’une réussite matérielle : une ou plusieurs villas, plusieurs grosses berlines, femmes, enfants….j’en passe.

Les sois disant « INTELLECTUELS », au lieu de pointer du doigt les maux du pays et montrer la direction à prendre, soit se terrent dans le silence ou vendent leur âme au diable.

La valeur de la personne se mesure au compte bancaire et non au comportement moral.

Qu’en est-il de l’intérêt général ? La situation actuelle ne nous présage pas cet avenir radieux.

L’absence d’autorité est notoire dans notre cher pays. Retournons aux valeurs traditionnelles avant qu’il ne soit trop tard. Croyons à notre force de travail. Essayons d’assimiler nos gestes quotidiens aux valeurs religieuses que nous prônons quotidiennement. Sinon, nous continuerons à assister non seulement à la fuite des jeunes  vers d’autres pays mais aussi à celle des cerveaux qui n’arrêtent de s’opérer dans le silence. Méditons cette phrase de Bonaparte qui ironisait en disant que « le souverain abdique le jour où son pouvoir est méconnu. » Nous perdons nos repères pour ne pas dire nos références.

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Nos autorités, ont-elles abdiqué ? Je ne pense pas, elles sont juste restées silencieuses face à la dégradation du pays ou du moins elles passent sous silence l’essentiel.

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,

lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,

lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,

lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux l’autorité de personne,

alors c’est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie. »

PLATON, La République, livre VIII.

 

MAYACINE DIOP

 

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