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Ne Pas Prendre à La Légère La Menace De Déstabilisation Du Sénégal

Depuis quelques jours, les médias locaux font des « choux gras »  sur l’arrestation de quatre Sénégalais dont deux IMAMS et deux femmes, après  avoir longtemps fait le «  buzz » avec l’arrestation  d’un commentateur islamique du «  Groupe Futurs Médias »  accusé aussi d’être lié  au «  terrorisme islamique ».

D’aucuns ont cru bon  de « faire porter la responsabilité »  de cette menace terroriste par le gouvernement du Sénégal, pour s’être impliqué dans la crise au Yemen à  côté de l’Arabie Saoudite, pendant d’autres y voient un « acharnement contre l’Islam » pour plaire aux Occidentaux, et une troisième catégorie de Sénégalais, y voit   une manière de «  divertir » l’opinion publique, de ses  problèmes quotidiens de quête insatiable de travail, d’accès  aux soins de Santé, et de ses problèmes de sécurité publique.

Le « caractère politicien »  de ces récriminations est facile à établir, puisque pour les premiers, leur critique suppose qu’ils considèrent que le mouvement insurrectionnel au Yemen, appuyé par l’Iran, est un «  mouvement terroriste islamiste », qui ferait que, tout soutien à l’Arabie Saoudite dans cette guerre, deviendrait une « cible désignée » des   jihadistes  du Moyen Orient.

Mettre ainsi l’Iran du côté des « terroristes islamistes »  est tellement grossier, que même, aujourd’hui,les USA se sont  éloignés de cette « image » qu’ils ont longtemps collée à ce pays, et que même la France, à son corps défendant,  est obligée de se détacher de cette « image ».

Il n’ y a donc qu’au Sénégal, où l’on trouve, pour des « raisons politiciennes », surtout en milieu de « gauche anti impérialiste »,  la survivance de  cette « image erronée » que les USA avait réussi à coller sur le dos de l’Iran.

De même, ceux  qui  ont vu dans les arrestations, un « clin d’œil aux Occidentaux », sont eux mêmes tombés sous la propagande des USA, et de la France,  qui veut  faire croire à leur propre opinion, et au monde, qu’ils mènent une « guerre contre le terrorisme islamiste », alors qu’il est maintenant de notoriété publique,   que ce sont ces deux puissances qui en usent pour déstabiliser le Moyen Orient et l’Afrique sahélienne, dans leur objectif géostratégique de reconfiguration des frontières des pays de ces Zones pour mieux les contrôler.

Enfin, pour ceux qui pensent que ces arrestations ne sont qu’une « diversion politique », il est évident qu’ils n’ont pas pris, d’une part, la pleine mesure de ce qu’est le « terrorisme islamique » de nos jours,  qui est essentiellement une terrible arme de déstabilisation de pays ciblés par les USA et la France,  et, d’autre part,  n’ont pas pris en considération l’enjeu géostratégique de notre pays dans le Golfe de Guinée.

Ainsi, avec la «  chasse » des présumés jihadistes au Sénégal, la question que l’on devrait se poser, et la poser à l’Etat, est de savoir, est ce que c’est autour du Sénégal d’être une nouvelle cible  dans la stratégie de déstabilisation des USA et de la France ?

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Ce questionnement semble surprenant à première vue, si l‘on considère les termes publics élogieux  avec les lesquels les Présidents OBAMA et François Hollande rivalisent pour magnifier  la politique africaine  du Président Macky Sall, pour  son « leadership » .

Surtout, si l’on tient compte que l’entrée du Sénégal  au Conseil de Sécurité des Nations Unies n’a pas pu se faire sans leur accord.

Cependant, nul ne devrait ignorer, que même si le Sénégal est le Président du « Comité intergouvernemental pour la Sûreté et la Sécurité  des riverains du Golfe de Guinée » sous la bénédiction des USA, la politique de coopération économique du Sénégal avec la Chine  n’est pas bien vue à Washingtion,  encore moins à Paris,  qui voient dans ce pays, une menace  pour leurs intérêts géostratégiques,  à combattre.

En Afrique, ce combat des USA est la raison d’être d’AFRICOM,  et de son soutien à la  mise en place  de ce « Comité inter intergouvernemental » pour le Golf de Guinée.

C’est dans cette perspective que les USA  se sont, politiquement et financièrement à travers divers ONG, largement engagés dans la crise en Casamance,  avec l’objectif  « d’occuper la base maritime d’Elenkine »,  en contre partie de son soutien pour le retour de la paix dans cette région SUD du Sénégal.

Tandis que la France, qui abrite, sur son sol, l’aile la plus belliqueuse du MFDC,   qui, depuis Paris,  torpille régulièrement toute tentative d’enclencher un processus de paix, n’affiche pas, en aucune manière, son soutien politique, économique ou militaire au gouvernement du Sénégal, pour sortir de cette « situation de ni paix   ni guerre ,  qui plombe sa croissance économique et ses finances publiques, et menace, à tout instant, la sécurité des populations au SUD du pays.

Ainsi, le Sénégal, comme «  havre de paix et de stabilité »  qui nous vaut encore le respect et l’admiration en Afrique et dans le reste du  monde, peut, par la volonté de la France et/ou  des USA,  du jour au lendemain,  à partir de la Casamance, tomber dans une sanglante instabilité pour reconfigurer ses frontières.

C’est ainsi que,  pour  acquérir la base aérienne stratégique de TESSALIT afin de  sauvegarder  ses intérêts dans l’exploitation de l’Uranium au NIGER qui contribue à 40% de  son énergie électrique, et pour contrer la Chine,  la  France n’a pas hésité un seul instant à déstabiliser le Nord Mali,  en instrumentalisant le «  Mouvement de Libération Nationale de l’AZAWAD », (MNLA) dont les principaux dirigeants  vivaient en France.

N’entretient elle pas aussi cette aile extrémiste du MFDC à des fins similaires au Sénégal ?

De même, les USA, pour contrer la Chine en Afrique de l’Ouest,  n’ont pas hésité à  transformer Boko Haram, de « mouvement religieux rigoriste  pratiquant  la Charia  dans les Etats du Nord du Nigéria», en «  mouvement jihadiste »  pour déstabiliser ce pays, avec les effets collatéraux sur le Cameroun, le Tchad et le Niger, traditionnellement attachés à la France,  mais fortement convoités par la Chine à cause du pétrole et de l’uranium.

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Boko Haram est ainsi devenu l’arme de  la reconfiguration des frontières des Etats du pourtour du Lac Tchad.

La spécificité du Sénégal comme pays musulman, consiste en ce fait historique qui a voulu que l’Islam  y a gagné les 90% de la population, pacifiquement, à partir  de «  Grandes Confréries Religieuses », et non à partir des «  mosquées » sous la houlette  « d’IMAMS,  perçus comme des érudits.

De sorte que les IMAMS du Sénégal ne peuvent tenir leur légitimité islamique que des «  Confréries religieuses » et non à partir de leur érudition acquise dans les Universités islamiques d’Egypte et /ou du Moyen Orient.

C’est cela qui explique l’intérêt que porte le Département d’Etat des USA à la Confrérie Mouride, en favorisant son « statut spécial à New York », et  toutes les « attentions » déployées en direction des dignitaires de la Confrérie.

L’on ne doit jamais perdre de vue, que plus « anti Islam » que le Département d’Etat US,  tu meurs !

Les leaders jihadistes  au Moyen Orient et en Afrique se recrutent  au sein des IMAMS, la plus part de temps parmi ceux qui sont liés aux « Frères Musulmans » d’Egypte, et /ou au «  Wahabisme extrémiste » d’Arabie Saoudite  et du Qatar.

Au Sénégal,  des IMAMS qui se sentent marginalisés par l’Etat au nom de l’hégémonie des «  Confréries », non  seulement contestent  leur «  autorité morale et islamique », mais sont souvent enclin au  « radicalisme rigoriste » dans leurs prêches » , qui font d’eux  des cibles potentiels pour le recrutement de «  jihadistes ».

Il n’est donc pas surprenant que certains d’entre eux tombent par conviction rigoriste, ou par l’appât de gains faciles,  dans les mailles des recruteurs « jihadistes », pour devenir des « cellules dormantes ».

C’est pour cela, que l’existence de ces « cellules dormantes » a été signalée depuis longtemps, et elles font l’objet de surveillance étroite par les Services de renseignements de notre pays.

Il est donc certain, que l’arrestation de présumés jihadistes, qui défrait aujourd’hui la chronique, n’a  pas pu se faire avec succès, sans la collaboration des Services de renseignements des USA et /ou de la France, et de l’aide de ceux d’Israël,  qui veillent pour que des « jihadistes » n’échappent  pas à leur contrôle pour les défier,  comme cela fut  le cas à New York, au « Twin Towwers »,  ou,  à Paris,  contre «  Charlie Hebdo »  et le « Super Cashier ».

Aujourd’hui,  la neutralisation de ces « cellules dormantes »  est donc un «  signal » pour le Sénégal, pour l’encourager à solliciter plus de soutien et de protection des USA, et/ ou de la France, en contre parie d’un recentrage de sa coopération économique qui ouvre les grandes portes à la Chine dans l’exécution des Programmes du « Plan Sénégal Emergent » (PSE).

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Ce « signal » serait aussi un « avertissement », puisqu’il est intervenu concumitamment avec la reprise des hostilités du MFDC en Casamance.

A qui profite ce « signal » ?  En tous les cas, la France, comme les USA, ont chacun, des « fers au feu » en Casamance, qu’ils peuvent agiter à tout instant. Ce n’est donc pas  « l’ Islamism radical » qui menace le Sénégal, mais bien l’utilisation  qu’en font les grandes puissances occidentales dans le sillage des USA, et/ ou de la France dans notre pays.

C’est pour cela, qu’en France,  l’arrivée  au pouvoir de la Droite ou de l’extrême Droite, et aux USA, des Républicains, est, dans le moyen terme, le danger le plus probable de  déstabilisation de notre pays à partir de la Casamance, et installer l’insécurité en Gambie et en Guinée Bissau, dans le cadre de la défense des intérêts géostratégiques de ces grandes puissances dans le Golfe de Guinée.

Dors et déjà, au lieu de sombrer dans des considérations de « politique politicienne », les Partiotes, Républicains et Démocrates de notre pays, devraient se  rassembler et se concerter, pour trouver, avec nos voisins immédiats, (Gambie, Guinée Bissau) les voies et moyens de ramener la paix en Casamance, pour assuer la paix et la sécurité à nos frontières pour protéger nos peuples.

Les intérêts géostratégiques de la France et des USA semblent,  aujourd’hui,  diverger au Moyen Orient (dossier nucléaire iranien, paix en Syrie)  et en Afrique Sahélienne,  (guerre contre Boko Haram), mais,  si on ne prend  pas garde, le Sénégal risque de faire les frais  de ce début de divergence en Casamance.

La France devrait faire quitter de son territoire  tous ceux du MFDC  qui sont opposés à une dynamique de paix qui respecte l’intégrité de notre territoire, et qui attisent le « feu », comme les USA devraient faire  sortir de Casamance tous ses ONG.

Ces deux revendications sont la voie obligée  pour frayer un chemin vers la paix en Casamance, et  préserver la stabilité légendaire de notre pays, qui est impossible sans la stabilité et  la sécurité pour nos voisins immédiats.

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL/CDS

Dakar le 5 Novembre 2015

Ibrahima SENE

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