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Instinct De Survie Contre Ordre De Survie : Le Plan De Match De La Politique à La Sénégalaise

Tout le débat articulé autour de la doctrine juridique sur l’avis ou la décision du Conseil constitutionnel ne rend pas compte de la seule règle qui vaille en politique sénégalaise: la « faim » justifie les moyens. Macky Sall s’est arrangé pour que son choix réunisse critères et allure de sentence. L’opposition insiste sur le caractère immoral du non respect de la parole donnée pour en appeler à l’émotion publique. En définitive, ni le droit ni la morale n’y est pour quelque chose; il n’est question que de politique fardée, c’est-à-dire tentative d’idéaliser le réel.

Certains opposants avaient trouvé dans la promesse de réduction du mandat une opportunité de manger et de boire plutôt que prévu. La brutalité des réactions est à la hauteur de leur déconvenue. Quant à lui, le chef de l’État a pris la peine de considérer froidement la faible probabilité de succès du maillage entre le respect de la parole donnée et la garantie de victoire. Il ne lui restait plus qu’à peindre le tableau éblouissant de l’enfant éprouvé pour les beaux yeux de l’opinion. D’un bord comme de l’autre, il ne s’agit que de mode d’affirmation et d’élévation politique.

La décision du président de la république n’a rien à voir avec le droit. Non seulement, il aurait pu s’investir dans la réforme dès le début de son mandat, mais rien ne l’obligeait à recourir aux services du conseil constitutionnel parce que l’assemblée nationale aurait bien pu voter les retouches prescrites. De leur côté, des opposants au pouvoir nous disent : voyez-vous, il n’est pas digne de confiance, c’est honteux … C’est quand même étrange que pour tous les autres engagements non tenus, comme celui du cabinet ministériel à 25 membres, il n’a jamais été question de déshonneur.

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Il y a lieu de dire : « niaw! ». Tout compte fait, des deux bords et dans le discours de chaque camp, l’intérêt national nous est présenté comme intimement lié à celui d’une personne ou d’un groupe. Les élus opposent à leurs détracteurs l’argument de la facilité des critiques politiciennes. L’opposition parle d’incompétence sans jamais décliner des options significatives, alternatives et viables. 2017 ou 2019, ça ne change quelque chose que pour ceux qui veulent encore profiter des honneurs et des privilèges au sommet de l’État d’une part, et ceux qui s’agitent hâtivement pour y accéder d’autre part.

Que ce soit Macky Sall ou quelqu’un d’autre après lui, le gage de respect des engagements ne doit pas se confondre au personnage ou à la posture de celui qui les tient. En politique, c’est davantage la menace de sanction par le vote et celle du déploiement des moyens de pression légitimes qui calment les ardeurs du chef. Les abus et outrages manifestes ne constituent plus aucune menace dès lors que l’État de droit a pris forme et fermeté. Macky Sall le sait, l’opposition peut bien le constater, la grande majorité des sénégalais n’approuvent pas ce revirement, mais n’en font pas condition suspensive de survie et de sauvegarde. Allez savoir pourquoi? Parce qu’à bien des égards, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@hotmail.com

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