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Réflexions Sur La Recrudescence Des Accidents De La Route

En lisant les journaux, ou en suivant les médias de façon générale, on ne saurait contester que le problème le plus préoccupant pour la société sénégalaise à l’heure actuelle, c’est la recrudescence des accidents de la circulation routière, dont le pourcentage très élevé dépasse toutes les estimations et s’accroit de plus en plus. Au demeurant, et c’est ce qui explique de nombreuses réactions du coté des populations et cela se comprend parce que dans le désarroi. Sous ce rapport je considère que c’est un devoir auquel je ne saurai me dérober en apportant ma modeste contribution, eu égard à la petite expérience acquise dans ce domaine, pour avoir exercé le métier de Gendarme pendant plus d’une trentaine d’années.

Naturellement il faut reconnaitre que tant qu’il y aura des morts, l’Etat est dans l’obligation d’agir avec nous (populations), en préconisant des mesures pour une route plus sûre.

Car nous sommes tous responsables de la sécurité routière. Ainsi depuis notre accession à l’indépendance, personne ne conteste les efforts louables, consentis par l’Etat pour tendre vers une adéquation allant dans le sens de sécuriser davantage les usagers de la route.

Déjà à travers les médias, beaucoup de gens, les autorités compétentes avec, s’accordent à croire que pour annihiler ce fléau, il faut mettre les voies et moyens d’instaurer le permis à points et l’exiger à tout conducteur de voiture. En quoi consiste ce document ? Il comporte une puce pour la lecture de certaines données et d’un capital de 12 points au plus si on prend l’exemple de la France. En cas d’infraction au code de la route (contravention ou délit selon la gravité) ou en cas de responsabilité dans un accident corporel, un retrait de point(s) est effectué. Comment les points sont-ils retirés ?

  • Lors du constat d’une infraction au code de la route, les forces de l’ordre vous informent du principe du retrait de points.
  • Pour plusieurs infractions commises simultanément, vous pouvez perdre au maximum huit points. Mais une seule infraction peut vous faire perdre jusqu’a six points et votre permis peut ainsi être invalidé.

Certains partisans de ce système, soutiennent que c’est le moyen le plus sûr, une solution exemplaire d’intimidation collective pouvant amener les conducteurs à respecter l’orthodoxie en la matière. Partant, infléchir la courbe des statistiques d’accidents.

Mais la mesure envisagée qui aurait obtenu dans son étude des avancées significatives pour son application, suscitent déjà une levée de boucliers du côté des adversaires. Parmi eux notamment des représentants de transports routiers menaçant de paralyser le transport si cette mesure devrait être adoptée. Pour ma part, je suis de ceux qui pensent que la démarche appelle à la prudence pour des raisons que je vais tenter de développer, en trois étapes outre les généralités:

I° Les causes d’accidents.

2°Les conséquences.

3°Les solutions préconisées.

De mon point de vue, l’instauration du permis à points si pragmatique ou dissuasive soit-elle, doit tenir compte de la suprématie tirée des mesures à prendre pour d’abord mener une lutte contre la corruption, dans l’optique d’éviter que l’archimagie tant attendue par ce système, soit illusoire « YAKKAR BOU TASS ». Tout effort pourrait en effet être vain et les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets, voire accroitre l’ampleur du mal. Une nouvelle mesure devant coûter chère au  contribuable sans préjudice d’éventuelles polémiques qu’elle risque d’engendrer et qui de mon point de vue, ne changera rien sur le comportement négatifs de certains conducteurs.

A contrario également, le gain de la corruption pourrait même passer du simple au double. Signifie que le désir immodéré de l’argent pour ne pas dire la cupidité, pourrait pousser l’agent véreux à faire la proposition suivante à un contrevenant : « Vous avez le choix entre payer au prix fort l’acte commis pour ma poche, ou perdre des points de votre permis de conduire » ?

Signifie encore en d’autres termes plus clairs, tout conducteur qui peut user de pratiques corruptibles voire influençables, pour empêcher des agents chargés de la surveillance routière de relever par procès-verbal régulier l’infraction commise, en vue de l’application des sanctions prévues à cet effet, peut faire autant,  pour empêcher tout acte de nature à lui faire perdre des points si d’aventure on devrait appliquer ce fameux permis à points.

Au demeurant, c’est exact qu’il s’agit d’une nécessité pour notre pays d’accorder une importance particulière à la recrudescence des accidents qui demeure à nos jours un fléau pouvant atteindre des proportions aux conséquences désastreuses à tout point de vue. Tant sur le plan social, économique, mais singulièrement sur la stabilité de notre jeune nation qui aspire à une émergence.

Mais ce phénomène récurrent justifie t-il l’opportunité de faire recours à d’autres moyens étrangers ? Alors que notre législation sur la discipline de la circulation routière renferme suffisamment de dispositions coercitives, pour annihiler le mal ? Je dis bien des textes de taille à mettre tous les usagers au pas. Mais hélas au Sénégal, c’est l’application des textes dans tous les domaines d’ailleurs qui pose souvent problèmes. Pour contourner la difficulté, on s’empresse de voter de nouvelles lois.

Autant de motifs qui font que, je suis en droit de me ranger du coté de ceux qui privilégient la consommation locale, au détriment de l’importation de données nouvelles en dépit des dépenses que ce système nécessite et qui seront peut-être indigestes à la consommation, du moins pour le moment.  En effet je peux me tromper mais je pense sous toutes réserves qu’il serait utopique de croire que l’instauration du permis à points, pourrait apporter des changements notoires sur le comportement de certains usagers, pour la simple raison que ce choix  ne saurait être plus efficace que les dispositions contenues dans le présent code de la route pour arriver à bout des nombreux manquements sur la route. Jugez-en vous-même avec quelques extraits suivants du code de la route. Ils prouvent à souhait que tout ce que l’on cherche dans le système du permis à points existe bel et bien dans notre propre législation et revêt même un caractère plus coercitif:

« La discipline de la circulation routière est contenue dans le code de la route qui est constitué par le décret N° 2004-13 du 19 janvier 2004 fixant les règles d’application de la Loi N° 2002-30 du 24 décembre 2002 (Partie législative), abrogeant et remplaçant la Loi N° 62-31 du 06 mars 1962.

Le Chapitre II, fixe sans équivoque dans son article 99, les conditions de suspension et d’annulation du permis de conduire. Ce même article stipule que la suspension du permis peut être prononcée pour une durée allant de quinze jours à un an par la commission technique de retrait et de restitution de ce document (cf. article 17).

De même l’article 100 de cette même loi prévoit, lorsqu’une mesure de suspension pour les cas prévus par l’article 99 parait insuffisante, ou en cas d’infraction à un arrêté de suspension,l’annulation pure et simple du permis de conduire par le Ministre chargé des transports terrestres, sur proposition de la commission technique. Sans préjudice des cas d’immobilisation et de mise en fourrière ou retrait de la circulation (cf. art. 130) prévus par les dispositions de l’article 109.

Ces mesures ne font pas obstacles aux saisies ordonnées par l’autorité judiciaire, et d’autres sanctions encourues, amendes (cf. art. 131), frais de justice criminelle, correctionnelle et de police prévus par la législation en vigueur en cas de blessures ou d’homicide involontaires ».

I° Les causes d’accidents.

Ce constat horrible de dommages causés par les accidents et l’expérience vécue révèlent que le fléau découle entre autres en sus des images illustrées en annexe I°, de :

  •  L’usage d’alcool ou de drogue en conduisant.
  • La vitesse.
  •  La fatigue ou le sommeil.
  • L’usage du téléphone en conduisant.
  • L’inobservation des règles de conduite de façon générale.
  • Mais aussi de la léthargie de l’agent de police ou du gendarme témoin d’un comportement d’un usager sur la route mettant en danger sa vie ou celle des autres sans prendre la mesure qui s’impose pour faire cesser l’acte.

Qu’est-ce qui justifie donc le recours à de nouvelles mesures au lieu de passer à l’application pour lutter énergiquement contre certaines pratiques négatives, identifiées comme pouvant être à l’origine des accidents ? Pour faire l’économie de commentaires du présent chapitre, j’invite à voir quelques images jointes en annexe I° et II°.

II° Les conséquences

L’accident survenu sur l’autoroute (sens Patte-d’oie  Dakar) au cours de la première quinzaine du mois de février dernier , dont l’origine serait un car qui faisait demi tour sur cet axe sensible, ayant couté la vie à deux dames d’une même famille, venues de l’étranger aux fins d’assister aux obsèques de leur père, les images que vous allez découvrir sur ce présent document et les statistiques fournies par les différents services compétents, illustrent parfaitement, la primauté de prendre de nouvelles mesures pour freiner cette véritable tragédie. C’est horrible et il est clair que des circonstances vont en créer d’autres analogues sinon plus graves. Pour s’en convaincre par ailleurs sous d’autres rapports, et limiter les commentaires, merci de jeter un coup d’œil sur les quelques images jointes en annexe II°, réalisées également à partir de différents blogs (âmes sensibles s’abstenir de les voir).

III° Solutions préconisées

Quelles solutions faut-il donc envisager ? Toutes les méthodes en place depuis des années entre autres, présence du Gendarme ou du policier sur la route etc.… ont montré leurs limites pour lutter contre l’incurie de certains usagers. Sous ce rapport, ne devrait-on pas envisager de mettre en place une autre alternative ? Pour ma part je le préconise. Un organe que l’on pourrait appeler par exemple, un Observatoire National pour la Sécurité Routière (O.N.S.R). Qui pourrait être placé directement  au niveau de la Primature, à défaut auprès d’une juridiction. Avec comme composantes, des représentants des services suivants :

  • Le parquet (Magistrat).
  • Un représentant du ministère des Transports.
  • Un représentant de la gendarmerie et de la police.
  • Un représentant de CETUD et de la prévention routière.
  • Un mandataire du syndicat le plus représentatif des transports.
  • Un représentant de la société civile et la presse

Mais cet observatoire aura des démembrements sur le plan régional et départemental. En somme une forme de structure interministérielle, dotée de suffisamment de moyens même des aéronefs pour sa mobilité, pourquoi pas ? Sauvegarder une vie humaine n’a pas de prix, sa compétence devra être étendue sur tous les axes routiers du territoire, avec comme mission principale patrouiller même par voie aérienne, en vue de s’impliquer directement dans la surveillance continue du trafic routier.

De contrôler au besoin et de réprimer sans possibilité de recours, certaines infractions génératrices d’accident. Une forme d’épée de Damoclès qui va peser sur la tête des conducteurs qui vont désormais avoir le souci permanent, de rencontrer de jour comme de nuit dans n’importe quel endroit du territoire, l’O.N.S.R. Mais cet organe devra pour mieux mener son action, travailler en synergie avec les services de gendarmerie et de Police sur les routes. Subsidiairement, il aura un droit de regard et de contrôle sur les actions menées par ces services. Au besoin, proposer des sanctions à leur hiérarchie.

Pour être efficace et répondre aux préoccupations des populations, l’O.N.S.R devrait mettre à contribution des numéros verts, pour être joignable à tout moment, par n’importe quel témoin d’une infraction génératrice d’accidents (excès de vitesse, conduite dangereuse, surnombre de personnes, surcharge de poids etc..). Ceci dans l’optique d’intervenir ou de mettre immédiatement en mouvement, la Brigade ou le commissariat le plus proche, pour faire cesser l’infraction et être informé des mesures conservatoires. A titre d’exemple, un passager à bord d’un véhicule dont le conducteur fait fi des règles de bonne conduite, devrait pouvoir appeler un numéro vert pour signaler que sa vie est en danger. L’opportunité me permet d’ailleurs de révéler avoir personnellement suggéré une fois cette solution à de hauts niveaux de responsabilités des départements concernés. Mais grande a été ma déception de voir ma proposition être balayée du revers de la main, au motif  qu’une contravention ne se dénonce pas. J’ai naturellement appelé l’attention de mes interlocuteurs, qu’une infraction fut-elle une contravention, si elle peut engendrer des pertes en vie humaine, met la collectivité dans l’obligation d’agir, encore moins ceux qui ont en charge la sécurité des personnes et des biens.

Que les lecteurs veuillent bien excuser ce qu’il peut y avoir d’inopportun dans  cette démarche. Elle participe de la volonté d’un citoyen avisé d’apporter sa contribution, j’allais dire des pistes de réflexions sur cette récurrente question. On peut réfléchir sur d’autres formules pour mieux lutter contre ce fléau, car il existe dans ce pays d’autres qui ont plus que moi, des idées plus pertinentes. Je pense qu’il n’est pas superflu de recueillir leur avis dans des domaines de leurs compétences, avant certaines prises de décisions, au lieu de donner l’impression qu’on a plus besoin de leur expérience, alors qu’ils ne souhaitent qu’à être utiles encore pour la patrie. Ce pays nous appartient et chacun doit considérer comme reposant sur ses seules épaules son émergence.

 

El Hadj Papa Cissé GUEYE

Adjudant Major Gendarmerie en retraite

Chevalier dans l’ordre du Lion

Médaillé Militaire du Sénégal

Officier dans l’ordre du Mérite

Médaillé d’Honneur ONU

Contribution : Réflexions sur la recrudescence des accidents de la route ( El Hadj Papa Cissé Guèye )

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Contribution : Réflexions sur la recrudescence des accidents de la route ( El Hadj Papa Cissé Guèye )

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