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La Lonase : Une Menace Ménagée !

Nous sommes pauvres. L’action publique l’assume et n’entend pas inverser la tendance. Une communauté qui entend évoluer laisse transparaître, dans ses actions, une ferme volonté de changement. Elle donne de la valeur aux actions les plus simples, non pas seulement parce tout y est priorité, mais parce qu’elle comprend leur portée.

Ainsi, le symbolisme de l’action publique est considéré dans sa plus vaste définition. Tout ce qui se réclame de l’Etat, bien plus que l’action privée, doit inspirer. Les institutions publiques et ceux qui les incarnent sont les obligés de cet impérieux devoir d’exemplarité qu’ils doivent observer autant pour justifier leurs places que pour insuffler la bonne dynamique au peuple.

Dans une telle démarche, la Lonase n’a pas de place. Il est regrettable de constater l’inconscience avec laquelle elle dévie la jeunesse sénégalaise et ôte à une certaine catégorie du troisième âge tout soupçon de sagesse.

En effet, il n’y a rien de pire dans une économie à construire que de faire croire à la jeunesse, force motrice du nécessaire dynamisme, que l’on gagne sa vie dans la facilité. La Lonase institutionnalise le déni de l’effort et du mérite. Elle fait croire à la jeunesse sénégalaise qu’elle peut avoir ce qu’elle veut sans faire ce qu’il faut. Elle lui souffle à l’oreille «que l’on peut gagner plus en travaillant moins».

Pourquoi se focaliser sur une quête de compétences alors que l’on peut gagner son pain dans le hasard des kiosques et autres salles? Pourquoi suer alors que l’on peut, dans une apparente tranquillité, subvenir à ses besoins. A ces différentes questions, l’Etat, à travers sa perverse société, réussit à donner une réponse aux Sénégalais.

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Aujourd’hui les jeunes ont abandonné les salles de cours et les ateliers pour s’adonner aux jeux de hasard promus par la République. L’alternance qui entendait faire de l’éthique sa marque encourage, avec beaucoup de moyens, la jeunesse à hypothéquer son avenir. Pourriez-vous imaginer une économie sans ouvriers, sans artisans..? Cette économie morte, qui aura perdu son essence, est une conjecture que l’on peut valablement se faire du Sénégal parce que les jeunes se tournent vers l’offre de la Lonase au détriment de la paie journalière des ateliers et chantiers.

Si cette irresponsabilité manifeste de l’Etat est une panacée pour tempérer l’humeur de ces milliers de jeunes qui peinent à trouver du travail dans un système qui les exclut, l’aveu d’incapacité est de taille.

Cette démarche, qui justifie l’injection de 32 milliards dans une arène de lutte alors que Ngaye Mekhé n’en demande pas autant pour dynamiser un savoir-faire sénégalais (cordonnerie) qui peut approvisionner un marché international (à l’image du Maroc et de la Tunisie), ne semble pas s’estomper de sitôt.

Au Président Macky Sall, premier responsable, je voudrais adresser ces quelques mots de Cicéron qui siéent à l’occasion:

«Si nous ne permettons pas aux enfants toute sorte de jeux, mais seulement ceux qui peuvent s’accorder avec l’honnêteté, à plus forte raison devons-nous avoir soin qu’il paraisse jusque dans nos plaisanteries un certain air de noblesse.»

 

Mouhamadou Lamine Bara LO

Convergence du Baol

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