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Accord De « Défense » Ou Accord D’occupation ?

L’Accord de défense signé le 2 mai 2016 entre le Sénégal et les Etas- Unis me paraît suspect à plusieurs égards. Selon le quotidien français « Le Monde » Cet accord permet « la présence permanente de militaires américains au Sénégal » et vise à « faire face à des difficultés communes en matière de sécurité dans la sous-région … Il est à durée indéterminée… ». Cela n’explique-t-il pas tout le boucan qui a été entretenu depuis plus d’un an autour de la lancinante question du terrorisme, éventuel ou virtuel, au Sénégal ?

En dépit du fait que de proches  voisins, tels le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire  soient durement touchés par des actes barbares et inhumains, le Sénégal a souvent fait exception à la règle. Nous avons été le seul pays de l’Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais subi de coups d’Etat militaires ! Comme ce fut le cas hier lors du ballet des coups d’Etat militaire post indépendance, notre pays peut encore échapper, par la grâce d’Allah, au phénomène si répandu du terrorisme, à condition que nous n’allions pas le chercher là où il se trouve. Nous ne pouvons pas ne pas évoquer une telle réflexion quand on sait que les Yankees ont usé ailleurs, de la même méthode d’apeurement, pour imposer leur présence militaire- quasi permanente-à des pays pétroliers du monde arabe. Depuis la découverte récente de quantités importantes du pétrole au Sénégal, l’on se demandait si cette « manne » n’allait pas nous exposer davantage  au danger de la convoitise des gros requins?

Permettre à des forces étrangères de rester « en permanence sur le sol sénégalais », me paraît une démarche inappropriée qui risquerait de remettre en cause ce que nous avons de plus cher, c’est-à-dire : notre souveraineté nationale. L’adoption récente des nouveaux droits des citoyens, consacrés par notre Constitution, via le référendum du 20 mai 2016, ne nous laisse plus le loisir d’hypothéquer notre environnement géopolitique, pour quelle que raison que ce soit. Les inquiétudes qui m’habitent depuis la signature de cet « accord militaire » viennent de ces constats dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont troublants :

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1-    Le tintamarre sur la lutte contre le terrorisme, éventuel ou virtuel, avait fini de créer une sorte de psychose dans l’esprit de nos concitoyens. Certains hommes avertis y voyaient déjà, une préparation psychologique de masse, pour de futures décisions majeures. Dès lors, ils guettaient l’avènement de ce qui pourrait justifier un tel matraquage médiatique.

Ce qui vient de se produire le 2 mai 2016, ressemble, à tout point de vue, à la tempête qui annonce  l’orage …

2-    L’arrivée récente et inopinée des deux ex-détenus de Guantanamo dans notre pays, amenait certains observateurs à dire que, compte tenu du fait que  les Américains soient obligés à surveiller eux-mêmes les ex-détenus de Guantanamo, partout où ils se trouvent dans le monde, risquerait de nécessiter la présence permanente de forces américaines sur notre territoire…

3-    La procédure d’urgence qui s’attache à la ratification de cet accord de « défense » n’est pas pour nous rassurer, non plus. N’est-ce pas le journal de Madiambal « Le Quotidien » qui constate avec nous, dans son édition du 6 mai 2012 en ces termes : « Macky accélère l’arrivées des Forces américaines : 48 heures après la signature de l’accord de défense entre Dakar et Washington, le Conseil des ministres a adopté le projet de loi qui autorise le chef de l’Etat à le ratifier. Cette accélération de la procédure montre les enjeux liés à l’installation des Forces américaines au Sénégal ».

4-    Le caractère « indéterminé » de la durée de l’Accord, pose le  problème de sa non conformité avec notre constitution, révisée via le référendum du 20 mars 2016. J’espère, une fois n’est pas coutume, que nos chers députés, seront armés –cette fois-ci- d’une forte dose de vigilance et de  patriotisme, pour amender convenablement le dit projet de loi, à défaut de le rejeter purement et simplement.  Avec un Barack Obama, en fin de mandat et un Donald Trump qui pointe à l’horizon, tout accord avec les Etats-Unis devrait se faire, en tenant compte des éventuels et prochains changements à la tête du pays.

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De telles questions reposent  naturellement, et par anticipation, toute l’importance qu’il faudrait accorder à l’élection d’un nouveau type de députés en 2017.

Si les chefs d’Etat africains  ne comprennent pas encore, que seule une Force d’une Afrique unie est susceptible de  défendre l’intégrité territoriale de nos minuscules Etats, nous risquons malheureusement d’hypothéquer notre souveraineté dans les bazars mondialisés des marchands d’illusion.

Le politologue Babacar Justin Ndiaye a décliné avec pertinence, la jurisprudence des fameux accords de défense entre la France et la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny, qui n’ont guère sauvé le pays des Baoulés  ni des coups d’Etat militaires, encore moins de la rébellion des Forces nouvelles.

Renforcer la CDEAO  et l’Union africaine vaut bien mieux que de se réfugier derrière les Forces G.I. qui n’ont pu rien faire face à la frappe terroriste qui, tel un tremblement de terre, a réduit en ruines le World Trade Center, un certain 11 septembre 2001 !

Je reste convaincu que les vraies réformes constitutionnelles qui interpellent nos petits Etats, sont celles-là même, qui permettront à nos populations, de réduire les pouvoirs tentaculaires de nos gouvernants, en  exerçant sur eux, un contrôle rigoureux, à travers des représentants dignes de ce nom, afin que les intérêts supérieurs de la nation ne soient bradés…

A mon Général, le respectable Amadou Niang, je dis : mon général, permettez au profane que je suis, de dire que les Accords de défense, signés le 2 mai 2016 ne me paraissent pas utiles, ni pour le Sénégal, notre pays, ni pour l’Afrique, notre continent !

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Mamadou Bamba Ndiaye

Ancien Ministre des Affaires Religieuses

Tel : 77 545 85 59

Email : ndiabamba1949@gmail.com

 

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