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Le Silence Troublant Du Président De La République Face Au Scandale Gravissime Des Députés, Qui, Semble-t-il Ne Payent Pas L’impôt !

Ailleurs, dans un Etat de droit ou vraiment sérieux, pour un scandale, infiniment, moins grave que celui-ci, le président de la République aurait pris, immédiatement, des mesures de sauvegarde et des sanctions sévères à l’encontre de tous ceux qui sont impliqués dans une telle affaire, en attendant que les choses soient éclaircies et des têtes tombées. Et logiquement, dans un pays où la justice est indépendante, équitable, prévoyante, attentive et attentionnée, une enquête diligente y aurait été ouverte ipso facto, par le Procureur de la République, dès le bruissement sur cette affaire, afin de savoir exactement, de quoi il s’agit dans le fond. Il est, d’ailleurs, étonnant dans le cas du Sénégal, où il existe un organisme habilité, qui a été justement créé à cet effet, dans le but de lutter contre ces genres de malversations, à savoir : l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC). Dès lors, ce dernier devrait s’auto-saisir, en déclenchant, sans attendre un ordre, la procédure de vérification au niveau de l’Assemblée nationale. Mais hélas, de tout cela, il n’en a été rien, jusqu’à présent, en tout cas.

Encore une fois, nous ne cesserons de le rappeler avec persistance, que c’est de l’utopie et une farce de mauvais gout, le fait de nous parler d’émergence au Sénégal, alors que l’impunité des délinquants en col blanc, y demeure encore plus que jamais. Par ailleurs, il faut le souligner, tant que l’on n’aura pas rompu avec ces pratiques malfaisantes, qui favorisent et occasionnent toutes sortes de malversations et dont les auteurs resteront toujours impunis, le Sénégal ne décollera pas d’un iota. Comme du reste, y parler également de développement, avec ces privilèges exorbitants, accordés à une minorité d’intouchables dans notre pays, est un vain mot. La preuve, voici 56 ans que notre pays est indépendant, mais il peine encore à décoller vers le développement, malgré les alternances intervenues. Et pourtant, tous ces scandales, qui s’y produisent quotidiennement sous nos yeux, ne sont rien d’autre que les conséquences logiques d’une absence de rupture notoire avec toutes ces pratiques malfaisantes de fraude et de corruption, que les Sénégalais n’ont cessé et ne cessent de dénoncer et décrier à longueur d’années, sans aucune solution radicale encore. D’ailleurs, c’est une des raisons fondamentales pour laquelle les Sénégalais se sont, par deux fois, battus avec détermination, pour la survenue de l’alternance. Mais hélas, à l’arrivée, rien n’a changé, car ces méfaits-là, demeurent encore plus que jamais. Et pire d’ailleurs, l’horizon semble s’assombrir avec les révélations scandaleuses que nous apprenons chaque jour.

Ce silence de mort, presque à tous les niveaux de l’appareil d’Etat, est si troublant, qu’il semble être un synonyme d’un complot, ourdi ou accord tacite, décidé au plus haut niveau de l’Etat, que l’on tenterait de dissimuler au reste du peuple sénégalais. Car, personne, jusque-là en tout cas, n’a soufflé et ne souffle mot cette affaire extrêmement grave. D’ailleurs, rien ne nous certifie que ce non-paiement des impôts sur le revenu des députés est un cas isolé, loin s’en faut.  Il faudrait d’ailleurs, fortement craindre et, ne point exclure le fait que tout le sommet de l’Etat ne soit pas bénéficiaire d’un tel privilège scandaleux. Qui sait ? Car, réellement, n’eut été notre compatriote, Ousmane Sonko, Inspecteur des Impôts et Domaines de son état, donc, une voix bien autorisée, nous ne l’aurions, certainement, pas su, sinon, pas de si tôt. En effet, monsieur Sonko, en agissant de la sorte, a, surement, pris de gros risques pour son avenir. Mais, sans doute, tout cela a été fait, par devoir citoyen et par patriotisme. Pourtant, c’est une telle attitude qui devrait être celle de tous les députés, ou tout au moins, de quelques-uns d’entre eux au sein de l’Assemblée nationale. Disons même, au-delà, ce sont tous les citoyens patriotes, qui doivent dénoncer toutes les pratiques frauduleuses d’où qu’elles puissent se produire, dès lors qu’elles violeraient le cadre légal de la règlementation législative.

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Le président de la République, à présent, doit mettre fin à son silence assourdissant et inexplicable aux yeux de beaucoup de Sénégalais, sur cette affaire, scandaleuse des députés, qui défraie la chronique. La gravité du cas est telle, que le chef de l’Etat devrait impérativement sommer son premier ministre et le ministre de tutelle, pour qu’ils lui apportent, dans les meilleurs délais, les explications nettes et claires, sur le cas des députés, exemptés ou refusant de payer leurs impôts sur leurs revenus, afin qu’à son tour, qu’il explique aux Sénégalais, les tenants et aboutissants de cette nébuleuse. Au demeurant, si les députés incriminés ont la preuve matérielle de leur innocence, donc du paiement de leurs impôts, pour que nul n’en ignore, qu’ils apportent les justifications, par la production d’un bulletin où figureraient les traces du retrait. Cela vaudrait mieux, que de faire tout un tintamarre et des protestations par voie de presse ou de vouloir diaboliser monsieur Sonko, qui n’a agi qu’en bon citoyen, comme nous tous devrions le faire, à chaque fois que de besoin, pour sauvegarder l’intérêt général. Dites-vous bien, que ce scandale n’est qu’un sommaire aperçu de la réalité des faits en matière de fraude et de corruption dans les rouages de l’administration, et globalement de l’Etat.

Nous ne cessons de rappeler cette vérité toute simple, à savoir : « qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. » Autrement dit, pour faire avancer notre pays, la nécessité de rompre avec les pratiques du passé désuètes et décadentes est une voie obligée. Malheureusement, le président Macky Sall et sa coalition refusent de l’admettre, en voulant résister contre un ordre normal ou postulat, qui sous-tend immanquablement le progrès et l’évolution infaillible du développement en général. Ce qui  se vérifie tous les jours dans la vie. En effet, n’importe quel appareil, qui vieillit, et l’Etat en est bien un, tombe logiquement en panne au cours de son existence. Oui, à cause de son usure, son vieillissement ou de son inadaptation ou inadéquation par rapport à l’évolution de la technique et des progrès de la science. Ainsi, à défaut de le renouveler entièrement, certains de ses organes défectueux devront être changés et remplacés par des pièces neuves au risque d’une immobilisation de longue durée, pour ne pas dire de le voir mourir.

Si le peuple sénégalais, en un moment donné, a eu besoin, souverainement, de décider de changer de chef d’Etat, c’était bien pour le changement véritable et en mieux, et non, pour reconduire les mêmes pratiques et méthodes décriées, et les mêmes hommes au sens large, surtout lorsque ces derniers ont été condamnés pour leurs piteuses manières de gérer notre pays. A titre d’exemple, je vous invite à prendre connaissance de quelques passages de cette interview de Patrice Talon :

Voici quelques questions et réponses, dans l’interview que le nouveau chef d’Etat du Bénin, Monsieur Patrice Talon, a accordée au journal Le Monde, qui vont bien dans le sens et l’optique d’une volonté affichée de quelqu’un, qui veut changer réellement des pratiques et méthodes honnies en cours dans son pays.  A la question posée : « Quelle est depuis votre investiture la décision dont vous êtes le plus convaincu ?

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: Gagner une élection, s’asseoir et ne rien faire, cela ne veut rien dire. Le pays va très mal, sur tous les plans. Nous nous sommes attaqués aux problèmes les plus urgents. Il faut tout changer. Nous mettons en place les équipes et les personnes pour ce nouveau départ. On a des plans d’action secteur par secteur. Je vous l’ai dit, je ne suis pas dans la politique-spectacle. Je suis moulé dans la construction et obsédé par le résultat. Je vais faire maigrir les dépenses de l’Etat, réduire le nombre de fonctionnaires. Il y a aussi des domaines dans lesquels on va recruter : l’enseignement, la magistrature, la diplomatie. » 

Objectivement, une telle démarche, si elle est appliquée et suivie à la lettre sans aucun reniement, produira surement des résultats probants. Effectivement, la démarche est tout-à-fait logique et s’inscrit parfaitement dans l’ordre normal des choses, en cas de succession de régime. Car, tout nouveau pouvoir, qui s’installe, doit nécessairement faire l’état des lieux, laissé par son prédécesseur, afin de dégager les priorités et urgences de l’heure. Et éventuellement, constater s’il y a lieu, les dégâts que ce dernier aurait commis et à lui imputer, dont il devrait rendre compte.

Et à la question, de l’aide que lui propose son prédécesseur, dont la gestion a été qualifiée de catastrophique, sa réponse a été nette et sans équivoque. Ceci devrait justement, faire réfléchir le président Macky Sall, car il semble, lui, avoir les yeux plus rivés sur le rétroviseur et son prédécesseur, de mentor. Q : « Thomas Boni Yayi a promis de vous aider et de vous apporter des conseils. Est-ce vraiment utile ?

R : Je pense qu’il va plutôt se reposer. Il a été président, ses conseils peuvent être utiles, qui sait, nul n’est omniscient. Mais il a laissé le pays dans un état catastrophique. »

C’est vrai, comment logiquement, un mauvais gestionnaire peut-il prodiguer de bons conseils à son successeur ? Et, à cette dernière question, relative à la gestion des affaires de son prédécesseur, qui est dans l’ordre normal des choses en cas d’alternance, il a aussi répondu au conditionnel, sans présager de rien. Q : « S’il y a des soupçons de corruption à son encontre, allez-vous saisir la justice ou bénéficie-t-il de facto d’une amnistie ?

R : Si cela est avéré, il devra en rendre compte et la justice agira. Il n’y a pas d’amnistie. Le mot amnistie n’a été utilisé qu’une fois au Bénin, au cours de la Conférence nationale [1990]. Et a déjà été oublié. A ma connaissance, il n’y a pas de dossiers ouverts à son encontre sur des détournements ou de la corruption. Mais si la justice le décide, il devra comparaitre. »

Il est bien évident que ce scandale inadmissible, de non paiement d’impôts, en vérité, un manquement au devoir citoyen, dont nos députés ont fait montre, en s’y illustrant de manière peu honorable, est un scandale qui semblerait être un cas isolé, mais loin s’en faut. Probablement, il est généralisé à plusieurs niveaux de l’administration, mais peut être, que simplement, les autres cas ne sont pas encore décelés. Pour rappel, il existe encore chez nous des entreprises publiques et privées qui retiennent les cotisations des travailleurs, mais ne les reversent pas à l’Ipres, pénalisant ainsi ces derniers au moment de leur retraite. Ce sont aussi des fautes graves qui ne sont pas punies. Et, n’occultons pas, que cette situation a été bien rendue possible, à cause d’un environnement favorable, qui est celui de l’impunité, d’une administration brouillonne, archaïque et défectueuse, parce que ne maitrisant pas les centres décisions quelconques et multiples. En effet, l’on trouve partout dans cette administration, des chefs sans attache, qui prennent leurs propres décisions sans s’en référer à une règle ou loi générale, synonyme d’une colonne vertébrale dans une bonne administration formelle, tel, un centre névralgique de toutes les décisions à prendre. Un centre, d’où tout part et tout revient, afin d’avoir un regard net sur toute opération, et de pouvoir observer attentivement, tout ce qui se fait dans l’administration, comme dans un miroir. Naturellement, pour que cela soit possibilité, l’Etat doit se doter des nouvelles techniques d’information, précisément, du numérique de dernière génération avec un personnel compétent, intègre et doté d’éthique incontestable. Voilà les conditions minimums qui permettraient aujourd’hui, à ceux qui veulent, bien entendu, faire une gestion vertueuse et transparente, d’y parvenir.

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A vrai dire, en ne procédant pas nécessairement et dès l’entame de son magistère, aux réformes profondes des institutions pour, avant tout, montrer aux Sénégalais quelle était la situation réelle du pays à l’instant, et une refondation capitale de l’administration générale, Macky Sall a faussé son départ. Afin de pouvoir remettre les pendules à l’heure et le pays en marche sur de nouvelles bases saines, il fallait faire tout cela. Pour n’avoir pas opté en faveur d’une telle démarche dans les règles de l’art, la deuxième alternance a ainsi complètement raté son envol. Et pourtant, le président Macky Sall avait une belle opportunité très favorable à saisir pour le changement et la rupture, grâce au projet de constitution de la CNRI ainsi que ses conclusions et celles des Assises nationales. Mais hélas !

En conclusion, le président de la République s’éloigne réellement, de la véritable et idoine solution des problèmes qui assaillent les Sénégalais présentement. Et, il devrait bien comprendre et admettre, une bonne fois pour toutes, que la République ne reconnait de privilège à aucun citoyen et quel qu’il soit. Pour la République, seuls le droit et les mérites des citoyens doivent compter, comme éléments objectifs d’appréciation. D’où, la nécessité absolue pour lui, en tant que président de tous les Sénégalais, de s’abstenir absolument, pour montrer la preuve de son équité, d’être au service d’une minorité d’entre nous constituée de privilégiés, d’intouchables et d’impunis, mais plutôt, de servir au mieux la grande majorité des Sénégalais, comme ses charges l’y obligent.

En fait, Macky Sall devrait plutôt chercher, comme l’a si bien dit Patrice Talon, « Je rêve que les Béninois me portent en triomphe dans cinq ans » lui aussi, à être porter en triomphe au terme de son mandat en 2019. Mais, au vu de la politique qu’il mène depuis son installation, comme de ses méthodes et pratiques, en face des inégalités sociales qui, au lieu de se réduire se renforcent en faveur des minorités, il s’écarte ainsi, assurément, de cet objectif louable. Quel d’hommage !

 

Mandiaye Gaye

Mandiaye15@gmail.com

Dakar, le 26/05/2016

 

Mandiaye GAYE

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