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Lettre Ouverte Au Président De La République à Propos De L’assemblée Nationale

Recevez son Excellence mes salutations les plus chaleureuses et la déférence, due à votre rang, re­nouvelée. Je viens par cette lettre interposée vous entretenir de notre Assemblée nationale qui, au lieu de faire notre fierté, demeure une source d’ignominie à l’endroit de tout le Peuple sénégalais, sauf bien sûr les députés qui s’en servent.

Le constat, après quatre années d’exercice, est que cette législature qui est caractérisée par la parité est l’une des plus décevantes de notre jeune Nation. Comme vous nous l’aviez promis lors de la quête du pouvoir, nous nous attendions à de vraies ruptures de la part de nos représentants, mais hélas, en lieu et place des propositions de lois pertinentes, nous avons droit à des empoignades, des invectives et des insultes des plus grossières. Les représentants du Peuple – nous doutons même de ce principe de représentation de par leurs comportements déloyaux – se sont mê­me permis de transformer l’Hémi­cy­cle en une arène, se donnant des coups pour ensuite s’en glorifier par voie de presse.

Au demeurant, dans le sillage des ruptures tant chantées, nous vous demandons avec insistance de revoir l’Assemblée nationale dans tout son ensemble. Nous devons travailler sur un profil du député pour que ces «p… politiques», com­me ils l’ont affirmé lors de leurs pugilats, ne puissent plus siéger à l’Assemblée nationale au nom du Peuple. La parité qui est à l’encontre de l’excellence doit être revue. En effet, quand dix femmes ont le meilleur profil dans un parti politique ou dans une coalition pour occuper les dix premières places de la liste des candidats, cette loi de propagande nous oblige à choisir cinq hommes moins méritants au détriment des cinq femmes qui, de loin, sont plus aptes à jouer le rôle de député.

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En plus, vous ne cessez d’invoquer l’insuffisance de nos ressources financières, cela doit nous pousser à adopter le régime des indemnités de cession au lieu d’entretenir des députés qui n’ont pour travail que de, je cite un parmi eux, «lever et baisser la main.»

Cet état de fait doit également nous amener à revoir notre copie, un pays qui n’est pas riche, comme vous le dites, ne doit pas se permettre pour chaque législature d’acheter des véhicules qu’il offre gratuitement aux députés sortants qui, soit dit en passant, sont grassement rémunérés. Rien qu’avec l’Assemblée nationale, vous avez la possibilité de matérialiser avec force les ruptures qui constituaient l’épine dorsale de votre projet de société, en tout cas celui pour lequel nous avons porté notre choix sur votre personne.

Le constat est presque le même dans les autres secteurs. Prenons celui de l’éducation, vous ne devez pas avoir l’attitude d’un spectateur, mais agir dans le bon sens. Vous êtes conscient des dysfonctionnements dans la rémunération des agents de l’Etat, l’équité voudrait qu’une correction soit apportée à ces dysfonctionnements avant même que ceux qui les subissent en fassent leur cheval de bataille. Vous êtes un pur produit de l’école publique sénégalaise qui est à la base de ce que vous êtes aujourd’hui, donc ni elle, ni les enseignants ne vous doivent plus rien.

Par contre vous, vous avez le devoir de donner aux Sénégalais qui sont dans les mêmes conditions qui caractérisaient votre vécu quotidien les mêmes chances qui vous ont permis d’accéder à la magistrature suprême et aux enseignants d’être à même de former d’autres chefs d’Etat, sinon plus du moins aussi compétents que l’actuel locataire du Palais présidentiel que vous êtes.

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En résumé, il faut dire qu’une Na­tion ne peut se développer sans un bon système éducatif adossé à une bonne politique de santé. Mais nous commençons à comprendre pourquoi vous peinez à apporter les ruptures attendues surtout dans le domaine de l’éducation, quand nous avons entendu un de vos mi­nistres conseillers qui, pour toute solution de la crise scolaire, préconise la fermeture pure et simple des écoles pour deux ans. Ce monsieur en question se targue d’être un éminent professeur d’université, mais je doute profondément de son esprit de libre examen et du profil des étudiants qu’il a eu à former. Son silence est de loin plus éloquent que son propos et c’est dommage pour un ministre-conseiller.

Je reviendrai certainement vous entretenir d’autres sujets, car tout ou presque est à refaire. Les accidents de la route constituent un flé­au.

Je vous prie Monsieur le président de la République de croire à ma plus haute considération.

 

Moustapha GUEYE – tatafuu@yahoo.fr

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