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Réponse Au Dialogue Et Aux Retrouvailles Libérales : L’unité De L’opposition Aux Législatives De 2017

En réunissant le 28 mai 2016, à son Palais de l’avenue Roume, quelques centaines de citoyens sénégalais, des délégués de formations politiques, de syndicats, de mouvements citoyens et d’organisations de la société civile, le Président de la République est parvenu à faire tenir le fameux dialogue national dont il a eu beaucoup de peine à vendre le projet. Et ce fut l’occasion de noter, une fois de plus, à quel point ceux qui nous gouvernent manquent de respecter leur peuple en ne lui prêtant d’être suffisamment discernant pour voir, dès le départ, se profiler à l’horizon le spectre des manigances tant redoutées par les observateurs. Des manigances qui commencent à déranger à force d’être perpétuellement répétées depuis plus d’un demi-siècle déjà. Un complot grotesque de plus donc, que cachent mal les simulacres d’assises auxquelles toutes les forces vives de la nation auraient été conviées.

En effet, il est apparu très tôt que pour l’initiateur de la manifestation, peu importait la qualité de la représentation de l’opposition, le seul parti dont la participation était souhaitée et programmée étant le Parti démocratique sénégalais. Et évidemment, «Oumar Sarr sauva le dialogue» en traînant derrière lui, pour les besoins de la mise en scène, une délégation formée avec ce qui resta de l’élite de ce parti, après les déflagrations qui ont marqué la réunion d’instance de la veille.

Ainsi, il vient clairement d’être étalé à la face du monde que le véritable but de la manœuvre était plutôt de déboucher sur les retrouvailles de la famille libérale que certains n’ont jamais arrêté de réclamer. Aujourd’hui, ces retrouvailles sont bien là. Avec des nuées d’accolades, de congratulations et de remerciements. Mais aussi, avec des paquets de revendications et de doléances que promptement le maître de cérémonie s’est mis à ranger dans son calepin éventuellement, pour provisionner des termes de référence qui n’avaient pas été servis aux convives.  Ainsi donc, il n’y a pas de doute qu’en procédant de la sorte pour faire aboutir leur projet, ceux qui ont ourdi ces plans apportent la preuve de leur entêtement à ne pas changer de religion malgré tous les drames qui se déroulent quotidiennement sous leurs yeux. Ils doivent pourtant savoir que tromper tout un peuple ne peut être réussi que pendant une partie seulement du temps.

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Et ils le savent bien. Ce qui se passe est que,  simplement, ces gens font tous partie de cette «éternelle» catégorie de dirigeants dont le seul projet a toujours été de jouir du pouvoir sans jamais se soucier de ce qui peut arriver de mal aux autres. Pourvu seulement que leur irresponsabilité ne conduise pas le pays au chaos. Alors, pour conjurer le mauvais sort et en attendant de savoir ce que les assises en cours apporteront au peuple sénégalais, croisons les doigts et prions ensemble. Voilà ce qu’au stade actuel de l’évolution des choses, il est raisonnablement possible de dire au sujet du dialogue national. Et il ne saurait en être autrement pour tous les commentateurs engagés dont le souci restera de ne pas verser dans des lamentations inutiles ou dans d’autres expressions de mécontentement ou de colère.

Justement, voilà qu’en dépit des applaudissements et de la médiatisation tous azimuts des pas menant aux rapprochements entre l’ancien Président de la République Abdoulaye Wade et son successeur, les dénonciations du caractère grossier des manœuvres continuent de fuser de partout. Et pendant que des rafales de propos venimeux sont balancées dans toutes les directions pour contrer les pluies de critiques et de désapprobations, ceux qui ont décidé de ne pas prendre part aux simulacres d’assises nationales campent sur leurs positions et se défendent. Ils ne se rendent malheureusement pas compte des erreurs qu’ils sont en train de commettre en passant le temps à répondre aux attaques de cette nouvelle alliance libérale qui cherche à les neutraliser en les confinant dans des rôles de perturbateurs irresponsables. Au-delà, en se laissant ainsi piéger, ils deviendraient les plus grands complices des auteurs de la mascarade, en contribuant de fait, à l’amplification de sa publicité et conséquemment, à l’aggravation de la confusion que lesdits auteurs cherchent à installer dans les esprits. Dès lors, tous ces hommes politiques gagneraient à comprendre une bonne fois pour toutes que leur devoir est de s’opposer plutôt que de se compromettre en allant se faire servir de quelques postes. Ils doivent le refuser.

Il se trouve heureusement, que contrairement à ce qui pourrait en être pensé, la situation actuelle présente l’avantage d’être claire, le Président Macky Sall ayant réussi à regrouper autour de lui tous ceux qui ont choisi le camp du pouvoir. Pendant que dans le camp d’en face, s’étaient retrouvés tous les leaders qui n’ont pas répondu à sa convocation. Une telle situation est d’autant plus claire que l’argument principal du motif de rejet du projet de dialogue national se trouve être  le refus de cautionner des complots de politiciens sur le dos du peuple. En même temps, cet argument a aussi consisté à s’exiger de ne pas participer à des concertations qui ne porteraient pas sur des questions d’intérêt national. Ainsi donc, en prenant ces positions, des leaders comme Malick Gackou, Idrissa Seck, Abdoul Mbaye et d’autres encore, ont gagné d’avoir compris qu’il fallait désormais se ranger du côté du peuple. Et pour se réconcilier avec lui, manifester une volonté farouche de tout mettre en œuvre pour sortir le pays de la pauvreté et améliorer les conditions de vie des populations.

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Bien évidemment, l’autre avantage de cette situation est qu’à partir de cet instant, chaque acteur politique est obligé de s’exprimer dans le rôle du camp qu’il a choisi. Etant entendu que celui du pouvoir devrait assumer ses responsabilités et gouverner. Tandis qu’à l’inverse, le camp de l’opposition se mettrait à s’opposer en critiquant les  politiques et les projets annoncés ou en cours d’exécution et en proposant des projets alternatifs crédibles.  Et c’est ainsi que pour être normales, les choses devaient se passer depuis longtemps. De telle sorte qu’une opposition saine ne pourrait pas s’accommoder sans aucun risque, de pratiques telles que les alliances et les transhumances qui ne tiennent que sur des calculs d’intérêts personnels et bassement matériels.

Autrement dit, le moment est plus que propice à l’avènement d’une autre manière de faire la politique. Et donc de s’opposer dans l’intérêt exclusif du peuple et de la nation, en s’obligeant à plus de rigueur, chaque acteur politique devant s’exiger de respecter tous les principes d’éthique et de morale qui ont toujours fait les grands hommes d’Etat. Pour se mettre véritablement au service du peuple et de la nation, il faut accepter de renoncer à ses intérêts personnels, respecter les autres acteurs politiques et aller à leur rencontre. Plus exactement, il faut se résoudre à consentir tous les sacrifices que nécessite son rôle et à travailler avec acharnement pour changer le destin du pays. Voilà ce qu’aujourd’hui le Sénégal attend des leaders de son opposition politique.

Cette opposition est d’ailleurs tenue de réagir, à présent que le camp du pouvoir s’est dévoilé en tentant de se reconstituer à partir des retrouvailles de la famille libérale, avec en ligne de mire les élections législatives de 2017 et la présidentielle de 2019 particulièrement. Et la meilleure façon pour elle de le faire est d’œuvrer à unir ses forces. Cela est d’autant plus nécessaire aujourd’hui qu’elle doit opposer au camp adverse le projet de remporter les prochaines élections législatives et ainsi, de lui imposer la cohabitation au sommet de l’Etat. D’ailleurs, ne pas le faire ne saurait être moins qu’une trahison pour le peuple qui ne sait plus à quel saint se vouer, et surtout, pour cette partie de l’électorat qui a averti toute la classe politique en s’abstenant à 62% lors du dernier référendum, tout en gardant l’espoir de se voir proposer par l’opposition, un projet audacieux et capable d’influencer positivement la manière dont les affaires du pays sont actuellement conduites. Et d’ailleurs, pour l’heure, il n’y a aucun autre projet meilleur et plus justifié que celui de se donner les moyens de remporter les élections législatives de 2017.

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Le Sénégal doit se développer et personne ne viendra changer son destin à la place de ses citoyens. Il doit se développer et ceux qui le dirigent ne font que perpétuer des pratiques malsaines parce que faites des pillages et des rapines que rien n’a jamais arrêtés. Et pendant que le temps passe, les leaders de l’opposition qui continuent de s’éloigner les uns des autres, s’éparpillent dangereusement dans toutes les directions. Chacun d’eux semblant attendre d’être assuré qu’il sera le prochain Président de la République du Sénégal, notre cher pays. Ils peuvent bien sûr, tour à tour, le devenir un jour. Mais, si ce n’est que pour répéter les comportements qui poussent à la conquête du pouvoir tous les politiciens affairistes, il y’a de quoi prier pour que leur rêve ne se réalise jamais. Car, si c’est ne changer que pour livrer le pays à d’autres bandes de prédateurs, il vaudra toujours mieux ne pas le faire. A bon entendeur, salut.

 

Cheikhna Cheikh Saadbou KEITA

Commissaire de Police à la retraite

saadou02@gmail.com

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