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Incurie Du Président Macky Sall : Et Si Souleymane Jules Diop Avait Raison ?

Vu la manière dont le Sénégal est gouverné, un pilotage à vue, on peut, sans crainte d’être contredit, dire que la montagne «23 juin» a accouché d’une fourmi. Macky rétropédale et fait des virages mortels à 180 degrés. Il se dédit et se renie à tout bout de chemin, sans sourciller. De la gouvernance sobre et vertueuse du début de la deuxième alternance, on retombe dans la gouvernance sombre et verbeuse à cause de la realpolitik. Et cette façon de faire de la politique est contraire et contradictoire à ce qu’on nous avait promis dans l’euphorie de la victoire. Une pratique de la politique aux antipodes de celle du Président Mamadou Dia, dont on dit qu’il est le maître à penser, l’inspirateur du programme yoonu yakkute, que dis-je, yoonu yokkute basé sur la décentralisation. Cependant dans ses mémoires, le Maodo déclinait ainsi sa conception de la politique : «Nous faisons de la politique en tant que intégration de la cité, de la communauté humaine, mais non de la politique en tant que conquête et conservation du pouvoir.»

Macky Sall est devenu méconnaissable si on en croit son premier Premier ministre, Abdoul Mbaye. Mais comme l’a dit l’adage : «Méfie-toi de l’eau qui dort.» L’horreur, l’affront, la déception, l’humiliation, la honte avec Macky Sall, c’est qu’il ne parle que pour se contredire. Ses actions ne sont jamais en harmonie avec sa parole. Du yoonu yokkute à la réduction de son mandat en passant par la reddition des comptes, il a tout foulé au pied pour des raisons crypto-personnelles : second mandat. Pourtant les Peulhs disent souvent que : dimo ko konggol, babba ko mboggol. (Le noble redoute la parole ; mais aux ânes réticents gros bâton ferré.) D’où cette pertinente interrogation de l’inspecteur Mody Niang, dans sa récente et instructive contribution : «Monsieur le président de la République où trouvez-vous le courage de regarder vos compatriotes les yeux dans les yeux ?»

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Au vu de tout ce tâtonnement, cette tergiversation et de toutes ces combines et combinaisons, on est tenté de donner raison à Souleymane Jules Diop, le trublion, le croque-mitaine du régime de Wade, qui avait fait une mémorable sortie au vitriol pour clouer au pilori Macky Sall, ancien sphinx actuel phénix. Hélas, les politicards sénégalais changent automatiquement d’avis quand ils changent de vie. Ils desserrent leur ceinture, quittent leur posture pour verser dans l’imposture. Suivez mon regard !

Cette fameuse audio en dit long, non seulement, sur la personnalité du Président mais également sur celle de ses collaborateurs. Qui se ressemble, s’assemble. Voici en substance le contenu de cette audio :

Je parlais avec un ami et je lui disais : si on arrive à un point où Macky Sall peut créer un parti politique, c’est parce qu’il y a problème au Sénégal. C’est Abdoulaye Wade qui fabrique une personne et c’est lui qui la détruit également. Jamais dans sa vie, Macky Sall n’a pensé, ou s’est psychologiquement préparé à être un leader de parti. Jamais ! Jamais ! S’il lui arrivait de songer, c’est au moins d’être un chef de service à Petrosen. Seul Abdoulaye Wade est capable de prendre une personne en l’espace de cinq ans et faire de lui un directeur général, un ministre, un Premier ministre, un président de l’Assemblée nationale… Il fait naître de l’ambition dans une tête qui n’est ni bien faite ni bien pleine, tout en soutenant que cette dernière est la plus instruite, la plus diplômée, la plus compétente…

L’incurie du Président Macky Sall se manifeste aussi bien dans son parti politique ; l’Apr qui n’est en réalité qu’une armée mexicaine, que dans sa gestion de l’Etat. Pour preuve le scandale qu’il est convenu d’appeler «l’affaire Bictogo» du nom de ce sulfureux homme d’affaires ivoirien. En effet, au perron de l’Elysée, Macky Sall pourfendait la démarche de son prédécesseur, qui consistait à revoir la coopération militaire avec la France, en la qualifiant de «fierté mal placée». Que dire de l’instauration des visas biométriques pour une destination sénégalaise qui laisse à désirer ?

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La mise en œuvre de cette politique irréfléchie, aussi désastreuse pour le tourisme sénégalais, aussi compromettante pour l’insuffisant budget sénégalais, a fini par faire un effet boomerang : avec 13 milliards de F Cfa qui sont passés par pertes et profits au préjudice du contribuable sénégalais. Preuve, comme l’a dit Souleymane Jules Diop, que le Président Macky n’est pas apte à diriger un pays ; il a été parachuté par Wade. Que dans ses rêves les plus fous, il n’a jamais pensé devenir leader politique, a fortiori président de la République ! C’est d’autant plus vrai que Macky Sall a eu du mal à se mettre dans la peau d’un président de la République durant presque plus d’un an de magistère. Ce qui est à l’origine du manque de considération que lui signifient ses plus proches collaborateurs, en l’occurrence Moustapha Cissé Lô, Jean-Paul Dias,…

En se basant sur la caractérologie, Léopold Sédar Senghor expliquait dans son essai « Ce que je sais » les différents éléments qui interviennent dans la formation du caractère de l’individu : la culture, l’environnement et le groupe sanguin. En effet, le Président Macky Sall est issu d’une culture gérontocratique et formaliste : d’où ses génuflexions devant des pairs comme François Hollande ; il a grandi dans un environnement pauvre et rustique, d’où sa faiblesse devant des jet-setters comme Youssou Ndour, El Hadji Diouf, Fadiga. Il appartiendrait au groupe sanguin O, d’où son caractère indécis, dubitatif et influençable à souhait. Une tare congénitale que la Première dame arrive à peine à masquer malgré ses interminables chansons panégyriques comme en témoigne Alioune Badara Fall dans son œuvre Macky Sall, contre vents et marées.

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Toutefois, il nous faudrait des remparts contre les tares socioculturelles ; et l’instruction, c’est-à-dire l’éveil de conscience, s’impose comme la seule alternative crédible pour désoccidentaliser la jeunesse, l’espoir de cette Nation, comme les aînés sont irrécupérablement corrompus. Ce qui pousse Marx Twain à dire : «L’hygiène et l’éducation ne sont pas aussi brutales que l’accident, mais elles en sont plus mortelles à la longue.»

 

Elimane BARRY – Militant du Grand parti Professeur d’Anglais,eltonbarry@homail.fr

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