Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

La Dynastie Des « Dealers » !

La récente sortie d’Idrissa SECK attaquant le président Macky SALL au sujet des conditions de la libération de Karim Wade est trop grave pour être rangée dans la rubrique des faits divers. Elle doit plutôt susciter l’indignation collective. S’il est permis de douter de l’objectivité du leader de « Rewmi », on ne peut par contre remettre en question sa connaissance profonde des rouages de l’Etat et de la galaxie « libérale » qu’il associe à un « deal » politique. Idrissa SECK porte incontestablement l’héritage politique d’Abdoulaye WADE, au même titre que Karim Wade et Macky SALL. Lorsqu’un tel individu sur qui pèsent, depuis des années, des soupçons de détournement de fonds estimés à des dizaines de milliards déclare, de manière aussi péremptoire, ne nourrir aucun doute sur la culpabilité de Karim WADE accusé du plus grand crime financier de l’histoire de notre pays, et nous apprend, par la même occasion, que ses deux « frères » et son « père » sont impliqués dans un « deal international », cela mérite une réaction qui doit aller bien au-delà des cris d’orfraie de simples laudateurs qui cherchent à entrer dans les bonnes grâces du Prince.

Dans sa sortie médiatique, Idrissa SECK nous apprend que notre pays est gouverné depuis 2000 par une dynastie de « dealers » à laquelle, il faut bien le préciser, lui-même n’est pas étranger. Hier, c’était le protocole de Rebeuss, aujourd’hui, celui de Doha. Ce sont les membres de la même famille, celle dite « libérale », qui s’accusent mutuellement de « deals » politiques sentant une odeur de milliards.

Nous pouvons à présent comprendre aisément pourquoi notre pays est aujourd’hui frappé de morosité économique et sociale. C’est que les pluies de milliards qui sont tombées au Sénégal n’ont pas eu le temps de ruisseler pour atteindre l’écrasante majorité des Sénégalais dont les efforts inlassables ont contribué pourtant à les déclencher. Elles se sont infiltrées directement dans des nappes souterraines jalousement, égoïstement et sauvagement gardées par la dynastie des « dealers ». Et dire que cette dynastie nourrit le dessein de perpétuer son règne pour une durée de cinquante années, conformément à la volonté de son fondateur ! Ce serait alors une banqueroute financière et une malédiction certaine pour notre pays.

A LIRE  LE MARTYRE D’UNE ELEVE CATHOLIQUE A YAVUZ SELIM

Au-delà même de la dynastie des « dealers », c’est toute la classe politique traditionnelle qui est éclaboussée. Celle-ci a réussi à bâtir, de manière durable et presque consensuelle, un système qui a offert l’opportunité à des générations d’acteurs politiques, malheureusement sans ambitions saines pour leur pays, de se sucrer sur le dos du peuple, et de toujours trouver des compromis pour se soustraire à l’obligation de reddition des comptes. Il n’ya qu’à voir le consensus presque parfait qui a accompagné la libération de Karim WADE pour se rendre compte que la classe politique traditionnelle n’est pas gênée par ce système vicieux. Au contraire, elle s’y complait, parce qu’elle y trouve un cadre d’épanouissement total. Combien de leaders politiques sont-ils dans ce pays à mener un train de vie dispendieux que ne justifie, ni un patrimoine familial, ni une activité professionnelle régulière ? Il suffit d’exercer une fonction politique pendant quelques années seulement pour se construire un empire financier appelé à ne jamais s’effondrer, du fait de la culture de l’impunité qui est solidement ancrée au Sénégal. C’est pourquoi d’ailleurs, la structure socioprofessionnelle de la classe politique sénégalaise est largement dominée par la consultance, une activité dont se réclament, avec fierté, la majeure partie des hommes politiques à l’expertise pourtant douteuse.

Dans un pays où le taux de pauvreté atteint presque 50%, il est inacceptable que l’on continue de pérenniser un système qui offre la possibilité à une minorité d’individus de se permettre des libéralités sur nos maigres ressources, et de se blanchir par la suite au moyen de « deals » que l’on fomente sur le dos du peuple, avec la complicité de lobbys de tous genres. A présent que la dynastie des « dealers » a « livré » Karim Wade, il appartient à nos compatriotes de délivrer le Sénégal de cette dynastie et de tous ceux qui lui sont apparentés. Une telle œuvre de salubrité publique nécessite l’engagement et la mobilisation de tous.

A LIRE  La planification participative, condition d’une bonne gouvernance des territoires : 2iéme partie

 

Serigne Assane KANE

Membre de la JDS (Jeunesse pour la Démocratie et le Socialisme )

assanekane2012@yahoo.fr

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *