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Analyse Symptômale Du Texte D’adama Gaye

Au hasard de mes promenades à travers le WEB, j’ai découvert le manque d’éthique d’un article qui m’a beaucoup révulsé. Je ne pouvais dormir sans partager avec vous cette petite analyse qui, je le souhaite, vous fera plaisir tout en rencontrant votre agrément. Voici le texte :

« MACKY SALL, dis à ton petit frère de rembourser TOUT. Je vous ai connu TOUS les 2 PAUVRES. Souviens TOI du jour où tu es venu me voir au Novotel Dakar ou du premier Contrat de pétrole que je t’ai fait obtenir (pour le Sénégal) grâce à mon ami, Dr. Rilwanu Lukman, ex. Président-Secrétaire Général de l’Opep. Ou de notre virée a Rotterdam.

J’ai aussi le dossier Frank Timis.

Et le reste.

Les gens qui parlent ne savent pas. Si Je parle, tu tombes, un point, un trait. »

Adama Gaye… ladepechedujour.com

Comme on le voit, le texte commence par l’apostrophe « Macky SALL ». Le ton est condescendant. L’’omission volontaire des marques de respect (ou tout simplement de civilité) montre d’emblée la volonté de l’auteur de toiser son interlocuteur. L’auteur du texte ne prend aucune précaution oratoire, pas même le petit mot Monsieur, pour interpeller celui qui se trouve être le Chef de l’Etat du Sénégal, le Président élu par la majorité des Sénégalais pour incarner et symboliser les valeurs les plus sacrées de la République. Cette inélégance verbale que réprouve le monde des bonnes manières ne peut être que l’expression d’un sentiment de haine ou de vengeance mal contenu. Ou alors,   d’un manque de culture ou d’éducation !

L’emploi de l’impératif singulier « dis », à la place du pluriel de respect « dites » est à interpréter sur le même registre. C’est une marque de familiarité par laquelle l’auteur veut montrer qu’il s’adresse à une personne dont il est au moins l’égal. Qu’un journaliste consultant, fut-il de renom, s’adresse d’un ton aussi jussif au Chef de l’Etat du Sénégal dénote, pour notre part, d’une suffisance née d’un complexe ou d’une maladive paranoïa. Toute la haine de ce monsieur reste contenue dans la répétition anaphorique des consonnes occlusives dentales sourdes et bilabiales  « dis à ton petit frère de rembourser TOUT ». En déversant sa haine, l’auteur allitère rageusement la vibrante « r », une consonne liquide qui simule toute la bave qui éclabousse son interlocuteur. Le mot « tout » écrit en majuscule et placé à la fin de la phrase est volontairement mis en évidence pour suggérer l’immensité, l’intégralité, l’entièreté des sommes à verser.

Le texte est allusif, volontairement accusateur, extrêmement subjectif. Le verdict est tombé avant même le procès du jeune frère présenté ici comme un coupable. Il ne cherche pas à démontrer, il accuse de façon péremptoire et condamne d’autorité. Et là, l’auteur se prend carrément pour le tribunal.

Nous avons affaire ici à un illuminé qui se raille volontiers de ses deux anciens amis pour les avoir connus pauvres pendant que lui, ne l’était pas. C’est à croire que la pauvreté est une malédiction dont on ne doit jamais se séparer. Dans sa logique,  ils étaient pauvres et ils devaient le rester. S’ils ne sont plus pauvres c’est qu’ils « ont pris » et doivent, en conséquence, « tout rembourser » pour redevenir des individus tels qu’ils aimaient les voir du haut de son orgueil et de son hôtel cinq étoiles.

Le dérèglement mental de ce Monsieur devient plus flagrant dans l’atypisme du segment qui suit : « Souviens TOI du jour où tu es venu me voir au Novotel Dakar ou du premier Contrat de pétrole que je t’ai fait obtenir… » C’est proprement du « jazz textuel ».

On ne note, en logique, aucune relation de causalités directes entre les deux morceaux coordonnés par la conjonction « ou ».

Du fond de son  égo surdimensionné, il veut montrer premièrement qu’il est un grand-monsieur habitué depuis très longtemps aux hôtels huppés de Dakar, ensuite que c’est son ami devenu président qui est venu à lui ce jour-là et non l’inverse.

Mais, l’aveu fatal qui déstabilise toute sa stratégie de nuisance, c’est quand il dit que ces « amis pauvres»  cherchaient déjà, à cette époque-là, des contrats de pétrole dont le premier, parce qu’il y en a eu d’autres (c’est lui qui le dit !), a été obtenu grâce à son secours et celui de son ami de l’OPEP. Que reproche-t-il alors à ses amis d’hier au point de leur demander de « rembourser TOUT » ? S’ils des pionniers dans la recherche du pétrole comme il semble le dire, l’occurrence du Pouvoir les met-il en conflit d’intérêt au regard de l’antériorité des faits ?

A la lumière de cette malencontreuse révélation, on est droit de se demander si le frère, devenu Président, se devait d’empêcher ou d’encourager l’activité pionnière du jeune frère !

Les avis sont libres, les opinions partagées. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est l’immoralité de l’acte déballage que rien ne peut justifier. Même si deux amis avaient volé ensemble des chèvres au plus fort de leur amitié, cela devrait rester dans le secret de leur relation, même au plus fort de leur adversité.

Les amitiés meurent dans le silence des serments, ferments de leur fondement. Il lui est loisible de critiquer la politique du Président Macky SALL mais je lui récuse le droit de revenir sur des moments de leurs relations que seule justifiait la confiance mutuelle.

Le monde chevaleresque du XIIe siècle ou l’univers des rites initiatiques africains regorgent d’exemples d’amis ou de camarades qui forment des relations où la fraternité, la fidélité  et la loyauté sont telles que même dans l’adversité la plus haineuse jamais les serments ne seront trahis. Ils peuvent se tuer mais ils ne tomberont jamais dans les caniveaux pour faire des révélations du genre souviens-toi de notre « virée à Rotterdam ».

Pour conclure, on retiendra ces mots : la plus grande vertu dans une relation d’affaires ou d’amitié réside dans le secret des serments passés entre les parties et qui doivent survivre aux ruptures. Merci de partager.

 

Malick SONKO

Inspecteur de l’Enseignement Moyen-Secondaire, Ziguinchor.

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