Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Décision De La Justice Française Sur L’affaire Karim Wade : La Preuve Que Les Plurinationaux Ne Doivent Pas être Promus Aux Fonctions étatiques De Haute Responsabilité

Notre Constitution consacre fort justement l’exclusivité de la nationalité sénégalaise pour les candidats à l’élection présidentielle. Cette maxime tire son fondement du postulat que la conscience humaine ne peut pas admettre la possibilité pour une personne, quelle qu’elle soit, de briguer la magistrature suprême d’un pays, tout en ayant une autre patrie. A ce niveau, le dédoublement est inconcevable à cause des conflits d’intérêts manifestes que cette transnationalité pourrait générer dans plusieurs domaines stratégiques. Il en va de même de la renonciation à l’appartenance à une autre patrie, des plurinationaux s’intéressant à diriger les Sénégalais, afin d éviter que celle-ci soit circonstancielle ou formaliste, sans être véridique ou de conviction. Aussi, le délai de renonciation doit-il être le plus long possible pour ne souffrir d’aucune accommodation suspecte.

C’est pourquoi, si l’on se fonde sur les dispositions constitutionnelles actuelles, la déclaration sur l’honneur pour la renonciation à une ou plusieurs nationalités pour les candidats à l’élection présidentielle ne suffit pas pour éviter qu’elle soit entachée de manque de sincérité. C’est la raison pour laquelle le Code de la nationalité prévoit un délai de maturation ou période probatoire d’une dizaine d’années pour l’acquisition de la nationalité sénégalaise pour les étrangers qui vivent parmi nous.

Dans l’esprit de la loi sur le Code de la nationalité sénégalaise, le délai de renonciation des plurinationaux candidats à l’élection présidentielle doit être équivalent à celui observé pour l’acquisition de la nationalité sénégalaise, en vertu du parallélisme des formes, c’est-à-dire dix années, ou au moins, égal à la durée du mandat présidentiel de cinq années, pour être crédible et ne souffrir d’aucune apatridie.

A LIRE  Idrissa Seck: l'antidote du poison Macky

A la lumière de la décision rendue par les juridictions françaises sur l’affaire «Etat du Sénégal-Karim Wade», relative à l’exécution des peines pécuniaires prononcées par la Crei, le conflit d’intérêts que l’appartenance à plusieurs nationalités peut générer, lorsque des plurinationaux aux affaires sont rattrapés par la justice apparaît clairement ici. En effet, le juge français, sur la requête de l’Etat sénégalais, a refusé de dépouiller ses concitoyens, Karim Wade et Bibo Bougi, bénéficiant de la nationalité française, dont les biens se trouvent sur le territoire français, en dépit de la condamnation des juridictions sénégalaises et du respect des traités internationaux ratifiés sur la corruption et l’enrichissement sans cause.

Là où la justice française protège ses concitoyens, la justice sénégalaise condamne ces mêmes citoyens dits sénégalais. Si bien que, cet exemple de conflits d’intérêts provoqués par l’appartenance à plusieurs nationalités qui peuvent s’étendre aussi à d’autres domaines stratégiques constitue la preuve manifeste que le délai de renonciation pour être candidat à l’élection présidentielle devrait être encadré et étendu à d’autres niveaux de responsabilité pour éviter demain que les intérêts du Sénégal soient compromis.

La plurinationalité pour ceux qui désirent être aux affaires étatiques pose en réalité des problèmes de choix entre pays, lorsque des différents apparaissent. Et c’est la raison pour laquelle, en dehors de la fonction présidentielle qui doit être protégée, les hautes fonctions étatiques doivent aussi subir le même traitement afin de ne pas compromettre demain les intérêts stratégiques du Sénégal avec l’appartenance à plusieurs nationalités.

 

Kadialy GASSAMA

Economiste

Rue Faidherbe X Pierre Verger Rufisque

A LIRE  Elections en eaux troubles

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *