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Le Nuage De La Duplicité Française Couvre Toujours Le Sénégal

… et nous devons nous départir de toutes les accusations de FRANCOPHOBIE ou de SÉNÉGALOCENTRISME  pour mieux regarder la réalité d’un autre œil afin de reconnaître que le désastre que connaît l’Afrique francophone en général, le Sénégal en particulier, met en lumière l’histoire de ses relations malheureuses et tumultueuses avec la France. Cette France dite ringarde à la politique africaine cernée de tout bord tout côté par l’hypocrisie et l’insolence vient, à l’occasion d’un simple déplacement d’une journée de son Premier ministre Manuel Valls au Sénégal, de confirmer le rajout à son palmarès du qualificatif RIDICULE. Sinon comment peut-on comprendre et expliquer à un profane que je suis les hilarants propos du chef du gouvernement français? Devant ses compatriotes vivant à Dakar avec sûrement la trouille d’un terrorisme ambiant et emporté dans les valises de la délégation, il affirme que: « la France est totalement engagée à côté du Sénégal pour garantir sa stabilité et contribuer si nécessaire à sa sécurité » En terrain conquis, à une autre rencontre, pour nous amadouer cette fois ci, Valls nous martèle, peut-être parce que pour lui les africains ont fait le travail nécessaire pendant les neuf années qui leur séparent déjà des fameuses insultes de Sarkozy, « je crois profondément que l’homme africain est plus que jamais dans l’histoire. Et que notre avenir se joue profondément ici et ensemble ». Et encore, pour bien réussir son tour de passe-passe, il ne lui reste qu’à nous saupoudrer sa France des livres d’histoire en ces termes, «la force de notre pays c’est sa diversité, son métissage, son amour pour ses valeurs qui restent profondément universelles». Oui! Ahmadou Kourouma «la politique ne réussit que par la duplicité »!

Après que le Sénégal ait confié son développement à l’ONU par le biais de son PNUD, nous voilà sénégalais face à une République néo-impérialiste qui nous authentifie la mise en berne de notre souveraineté en brandissant un engagement pris avec l’État sénégalais de mettre définitivement ses citoyens à l’abri de toutes les menaces qui les guettent. De la continuité dans le désespoir, dirait un sage! Le journaliste Adama Gaye n’a-t-il pas vu juste en parlant d’un « retour colonial de la France»? L’écrivain Boubacar Boris Diop n’a-t-il pas relaté cette continuité lorsqu’il mentionnait que sous l’ère du Président Macky Sall « le retour en force des intérêts français dans notre économie crève les yeux à chaque coin de rue, ça a des allures de retour au temps des colonies. De plus en plus de voix s’en indignent du reste, ce qui est un signe des temps»?

Je reprends mon souffle… et lance un appel urgent pour être extirpé des ténèbres de l’ignorance-la paix de la vie. Dites-moi! Notre cher Sénégal est-il en Confédération avec l’État tricolore pour être ce seul pays africain qui tient à tour de rôle des séminaires intergouvernementaux avec la France? Dites-moi! Notre Sénégal est-il un département ou un territoire d’Outre-Mer français pour que la France s’octroie la prérogative suprême d’y définir et d’y conduire des pans importants de la politique de notre Nation? Qu’est ce qu’on n’a pas encore bien saisi dans nos relations avec la France pour que des responsables politiques français foulent, les uns après les autres, le sol sénégalais pour nous servir des déclarations somme toutes surprenantes, souvent déstabilisantes, parfois embarrassantes, surtout humiliantes et non complaisantes? Pourquoi c’est notre Sénégal qui joue toujours ce rôle décrié de pivot ou de levier pour la France dont l’image profondément ternie sur le continent africain ne fait plus de doute? Citoyens sénégalais, qu’est ce qu’il nous faut de plus, après 56 bougies soufflées sur la scène internationale, pour que nos gouvernants cessent de nous cantonner dans le complexe d’infériorité et la servitude totale en refusant de couper le si tendu cordon ombilical colonial avec la France? Vraiment, je suis d’avis que si on ôtait à certains gens leur ridicule, il ne leur resterait rien!

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Pourtant, nous le savons tous parce que la politique menée par la France à l’endroit du continent africain a fait couler beaucoup d’encre. Les relations douteuses et mafieuses de la Françafrique ont largement été mises à nu par plusieurs citoyens éclairés et éclairants. François-Xavier Verschave considère cette Françafrique comme le plus long scandale de la République française avec d’innombrables dérives commises au nom de l’intérêt supérieur ou de l’honneur de l’État français. La France était en guerre, elle est en guerre et elle veut demeurer en guerre en Afrique où elle est intervenue militairement, selon Jean Descales,  plus d’une quarantaine de fois. Des actions purement impérialistes mais menées, dit-elle,  en vertu d’accords de défense, de coopération bilatérale, d’aide à ses ressortissants ou simplement de lutte internationale contre le terrorisme…

 

Pour y voir plus clair et se rendre compte de quelle France, garante de notre sécurité et de notre stabilité, le Sénégal a vraiment affaire, voici une liste chronologique et non exhaustive  de ses exactions :

1961 – Opération « Bouledogue » (ensuite appelée « Charrue longue ») pour le maintien de la base navale de Bizerte, en Tunisie.

1964 – Intervention au Gabon pour rétablir le président Léon M’ba dans ses fonctions après le putsch d’une partie de l’armée.

1968-1972 – Opérations « Limousin » et « Bison » au Tchad contre la rébellion du Tibesti.

1977 – Opération « Verveine » au Zaïre montée par le Maroc, avec le soutien de la France, pour soutenir le maréchal Mobutu contre la rébellion du Shaba.

1978 – Les légionnaires du deuxième régiment étranger de parachutistes sautent sur la ville minière de Kolwezi, au Zaïre, pour libérer quelque 3000 civils des mains des rebelles katangais du Front de libération national du Congo (FLNC).

1978-1980 – Opération « Tacaud » au Tchad contre la progression du Front national de libération du Tchad (Frolinat) de Goukouni Oueddei.

1979-1981 – Opération « Barracuda » en Centrafrique pour destituer l’empereur-président Bokassa et le remplacer par David Dacko.

1983 – Opération « Manta » au Tchad pour soutenir le président Hissène Habré face aux rebelles de Goukouni Oueddei.

1985 – Des avions de combat Jaguar bombardent la base aérienne libyenne de Ouadi-Doum dans le nord du Tchad.

1986 – Quelque 150 parachutistes français arrivent en renfort au Togo après une tentative de coup d’État contre le président Gnassingbé Eyadéma.

1986 – Opération « Épervier » au Tchad (900 soldats) contre les forces libyennes venues soutenir Goukouni Oueddei.

1989 – Opération « Oside » aux Comores après l’assassinat du président Ahmed Abdallah et la prise de contrôle de l’archipel par les mercenaires de Bob Denard.

1990 – Opération « Requin » au Gabon. Quelque 2000 soldats évacuent 1800 ressortissants étrangers et apportent leur aide au régime, confronté à des émeutes à Libreville et à Port-Gentil.

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1990-1993 – Mission « Noroit » au Rwanda pour assurer la protection du président Juvénal Habyarimana contre les rebelles du Front patriotique rwandais.

1991 – Un millier de soldats sont envoyés à Kinshasa après des manifestations anti-Mobutu.

1992-1994 – Opération « Oryx » en Somalie, placée ensuite sous le commandement américain de la mission « Restore Hope ».

1993 – Opération « Bajoyer » au Zaïre pour évacuer des ressortissants français après des émeutes lancées par les militaires à Kinshasa, au cours desquels l’ambassadeur de France, Philippe Bernard, a été tué.

1994 – Opération « Amaryllis » au Rwanda pour évacuer les ressortissants européens. Le président Habyarimana vient d’être assassiné et le génocide débute. Il fera 800 000 morts.

1994 – Opération « Turquoise », impliquant 2500 hommes, au Zaïre et dans l’ouest du Rwanda, formellement pour protéger les populations civiles.

1995 – Opération « Azalée » aux Comores pour neutraliser Bob Denard et ses mercenaires et faire échec à un coup d’État contre le président Saïd Mohamed Djohar.

1996-1997 – Opérations « Almandin » I et II, avec 2300 hommes, pour neutraliser des mutineries de militaires et rétablir l’ordre à Bangui après l’assassinat de deux militaires français.

1997 – Opération « Antilope » au Congo. Évacuation de 6500 étrangers de Brazzaville.

1996-2007 – Opération « Aramis » au Cameroun pour soutenir l’armée camerounaise en lutte contre le Nigeria pour le contrôle de la presqu’île pétrolière de Bakassi.

1998 – Opération « Malachite » en République démocratique du Congo pour évacuer 2500 étrangers de Kinshasa.

1999 – Mission « Khor Anga » à Djibouti. Protection aérienne devant l’extension du conflit armé entre l’Éthiopie et l’Érythrée.

2002 – Début de l’opération « Licorne », force de maintien de la paix en Côte d’Ivoire, après une rébellion qui menace le pouvoir du président Laurent Gbagbo. Envoi de 4000 soldats pour protéger les Européens dans la guerre civile.

2003 – Opération « Artémis » à Ituri (RDC). La France fournit l’essentiel du contingent déployé par l’ONU.

2004 – Destructions des appareils de l’armée ivoirienne après le bombardement de Bouaké dans lequel neuf soldats de la force Licorne ont été tués. Les ressortissants français sont évacués.

2008 – Protection de l’aéroport de N’Djaména et évacuation de ressortissants français au Tchad.

2011–  Opération « Harmattan » en Lybie pour la liberté et la démocratie contre la tyrannie du président Kadhafi.

2011– Opération « Licorne » en Côte d’Ivoire pour protéger les ressortissants français et faire partir Laurent Gbagbo indésirable.

2013– Opération « Serval » au Mali pour l’arrêt de l’offensive des terroristes et la protection des exploitations françaises dans la région.

2013– Opération « Sangaris » en République Centrafrique (7ème intervention militaire française depuis l’indépendance du pays en 1960) pour mettre fin à la faillite totale de l’ordre public, à l’absence de l’État de droit et aux tensions interconfessionnelles.

2014 : Opération « Barkhane » au Burkina Faso pour la lutte contre les groupes armés djihadistes salafistes dans toute la région du Sahel.

2015– Force française en Côte d’Ivoire dans le cadre des accords de partenariat de défense entre les deux pays et  la protection des ressortissants, si nécessaire. Elle remplace la force Licorne.

 

Le Sénégal, sur la base des accords de défense du 29 mars de 1974, avait autorisé le stationnement permanent d’une base militaire française dénommée bizarrement : les Forces Françaises du Cap Vert (FFCV) composée de 1 200 militaires et installée sur 300 hectares de terre. Les militaires français faisant désormais partie du décor sénégalais, étaient devenus subitement des indésirables pour le Gouvernement de la deuxième alternance politique. Agacé par cette réalité pesante, l’ex-président Abdoulaye Wade décida, pour des raisons de souveraineté nationale disait-il, de fermer en 2010 cette base de Bel-Air et de récupérer les terres pour des projets immobiliers de grande envergure. À ce titre, le Président Wade soulignait que la présence de l’Armée française au Sénégal n’était plus compréhensible et  qu’il ne pouvait pas y avoir d’agressions extérieures. Pour renforcer son alibi qui enragea les autorités françaises, il affirmait haut et fort : « j’a beau réfléchir, je ne vois pas qui peut agresser le Sénégal ». Dans la foulée, les négociations étaient entamées par les deux pays pour aboutir à un nouveau traité. Ainsi, la France répudiée, avait refusé de quitter le domicile conjugal parce qu’elle est follement amoureuse du Sénégal et aussi qu’elle ne veut pas de précédent qui aurait un impact négatif sur les autres facettes de ses actions ! Elle décida de tirer un trait sur le passé et créa le 1er août 2011 sur la base aérienne de Ouakam, communément appelée DA 160, les Éléments Français au Sénégal (EFS). C’est un pôle optionnel de coopération dont la mission comme force de présence en Afrique constitue, entre autres : d’assurer la défense des intérêts français et la protection de ses ressortissants ; d’appuyer les déploiements opérationnels dans la région ; de contribuer à la coopération opérationnelle régionale.

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Au total, face au premier et inédit sursaut de fierté nationale visant à reprendre nos affaires en main et qui aurait pu nous éviter aujourd’hui la pérennité de l’hypocrisie, de l’insolence et du ridicule des autorités françaises, la France, comme à ses habitudes, avait fini par nous imposer sa volonté en restant encore au Sénégal pour la défense exclusive de ses intérêts. Les accords de défense renégociés ont, semble-t-il, raccourci la manche du même et unique marteau qui nous frappe toujours! La France affaiblie et impuissante d’assumer et d’assurer son unité, sa stabilité ainsi que sa sécurité, regarde les coins et les recoins de son territoire prendre feu les uns après les autres. Chose évidente, le Sénégal actuel ne voulant pas être taxé d’ingrat, a légué son existence et son avenir à sa VIEILLE AMIE, la France. D’ici à ce qu’on veuille tout reprendre en main propre comme Peuple souverain et dissiper ainsi ce nuage bleu, blanc et rouge encombrant le ciel sénégalais, que la France de Manuel Valls enlève les grosses poutres dans ses yeux et réécoute ce message qu’on a déjà confié à Alpha Blondy depuis longtemps :

Armée Française allez-vous en !

Allez-vous en de chez nous

Votre présence militaire entame notre souveraineté

Confisque notre intégrité

Bafoue notre dignité

Et ça, ça ne peux plus durer

Alors allez-vous en !

 

Pathé Gueye- Montréal

Pathé GUEYE

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