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Pour Une Administration Plus Performante, L’appel à Candidature Transparente, Inclusive Et égalitaire Est Nécessaire

Dans son diagnostic des problèmes liés aux reformes pour l’efficacité des services publics, McCourt (2013) a identifiée six questions fondamentales dont les réponses ont toutes convergé sans équivoque vers la question de la performance des agents de l’Etat et de l’administration publique : une administration publique « wébérienne » et le renforcement des capacités, la décentralisation, la réforme de l’emploi publique et des salaires, le nouveau management dans le public, les reformes pour l’intégrité et l’anti-corruption, les reformes « bottom-up ».

La prolifération des « Nominations en conseil des Ministres » dans notre pays, le Sénégal, depuis quelques années, suscite un débat sur la capacité réelle de l’administration publique à nous mener dans le droit chemin de l’émergence tant désirée. Sans aucune forme de consultation rationnelle et effective dans la plupart des cas, même des chefs de programmes et projets de développement sont maintenant nommées dans cette instance hebdomadaire. Même si ces agents nommés ont la plupart du temps les compétences escomptées, il n’en demeure pas moins que des relents politiciens pourraient sous-tendre les choix que les Ministres s’empressent à proposer au Président pour signature. Dès que le « décret » est signé par le Président, le Ministre initiateur s’empresse à jubiler et appeler le « gagnant », et agrandissant ainsi le champ de ses militants, d’autant que la plupart des Ministres eux-mêmes sont des chefs de bastions politiques du parti au pouvoir ou partis alliés.

Le Sénégal d’aujourd’hui, résolument tourné vers l’émergence économique et sociale, un pays stable, modèle de démocratie en Afrique, qui a toujours servi de laboratoire aux idées de développement dans le continent ; un pays à la croisée des chemins avec ses gisements immenses en ressources naturelles y compris le gaz et le pétrole, avec un Président né après l’indépendance, moderne et visionnaire (à mon avis) ; ce Sénégal donc, je dis bien, mériterait bien une autre approche de management pour plus d’inclusion et de performance dans la gestion des ressources publiques.

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Il faut qu’on sorte des sentiers battus de la politique politicienne mère des violences meurtrières bâties sur des appétits insatiables de gains faciles. Ce régime ne doit pas faillir, il doit être la solution, on a plus de temps à perdre ! Un Ministre, faudrait-il encore le répéter, n’est sans nul doute pas un homme à tout faire, il initie, gère, coordonne et impulse. Dans leurs termes de référence que définissent le Président et le Premier ministre, y en a des ministres qui font vraiment dans l’excès de zèle et la publicité plutôt que dans l’efficacité.

Un Ministre de la jeunesse ne doit pas mobiliser plus de 100 voitures 4×4, occuper tous les hôtels dans les régions durant trois mois pendant la période hivernale à faire des concerts et des discours bidons qui ne font qu’attirer plus d’adversité au régime que de gangrener des points sur le chemin de l’émergence. Alors qu’au même moment, il y a une agence en charge de la promotion de la jeunesse qui devraient jouer plus le rôle d’éducation civique de la jeunesse et de la promotion de l’emploi des jeunes.

Un Ministre de l’agriculture, ne va pas acheter des tracteurs inadaptés à nos pratiques culturales et distribuer à une clientèle politique, alors qu’au même moment nous avons un secteur privé très performant dans ce domaine (Mboup et Amar) et le gouvernement pouvait simplement jouer un rôle de facilitateur dans un esprit de partenariat public-privé intelligent et porteur plutôt qu’un rôle chevronné d’acteur impliqué jusqu’au cou et qui gêne le business dans l’agriculture.

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Un Ministre de l’élevage n’est pas un promoteur de moutons de Tabaski, il coordonne la politique nationale de l’élevage, il facilite l’accès aux services pour les entrepreneurs dans leur business de commerce, il ne les concurrence pas. Un Ministre de l’intérieur, mastermind de la sécurité des personnes et des biens, ne doit pas être mêlé à une piètre signature de contrat numérique qui a valu des pertes incommensurables à l’Etat, alors qu’au même moment, il y a une excellente ADIE qui peut gérer l’affaire avec plus de professionnalisme (« borom kuddu du lakk »). Il y a une foison d’exemples dans ce domaine de l’excès de zèle des ministres au Sénégal. Excès de zèle des fois innocent, lié au manque d’expertise, de qualification ou d’expérience, mais dans de nombreux cas, hélas, sous-tendu par des intérêts bassement matériels.

Il y a certes encore besoin de nommer sans compétition à des postes de souveraineté comme les Affaires étrangères, la Défense ou la Sécurité publique des biens et des personnes. Mais pour les Directions techniques, des Agences, les Sociétés parapubliques, les programmes de développement, etc., il y a besoin de chercher des alternatives plus efficaces pour mobiliser les ressources et qualifications, compétences et expertises nécessaires. L’Etat pourrait mettre en place non pas de nouvelles structures, mais de mécanismes avec l’implication d’institutions clés comme l’Assemblée nationale, le secteur privé et les collectivités locales, les syndicats, pour organiser le recrutement à certains postes clés qui ont une valeur ajoutée certaine au Plan Sénégal Emergent, afin de sortir ce Plan des sentiers puériles de la politique politicienne. Une discussion sereine pour l’opérationnalisation de tels mécanismes pourrait se tenir dans l’hémicycle pour aider l’Exécutif à trouver le chemin de la performance.

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Abdourahmane BA

Expert en Evaluation de Politiques

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