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2019 : Ter…minus, Tout Le Monde Descend !

«There’s a natural mystic blowing through the air / If you listen carefully now you will hear» Bob Marley

Il est de notoriété publique qu’une armada de marabouts toucouleurs et de saltigués sérè­res veillent jalousement sur «l’immunité mystique» du régime de l’Apr yaa­kaar. L’inauguration du Ter, le 14 janvier 2019, pourrait cependant constituer le Ter…minus pour ce régime de mages et de charlatans.

Si Me Wade était accusé de jouer avec l’imaginaire des Sénégalais, il semble bien que son successeur et non moins fils spirituel est passé, lui aussi, maître dans l’art d’envoûter de larges secteurs du Peuple sénégalais.

Déjà, son accession à la magistrature suprême relevait presque du miracle. Ses rivaux de Benno siggil Senegaal n’y ont vu que du feu. Incapables de s’entendre sur une candidature commune au premier tour, ils avaient ensuite mené une campagne électorale chaotique, entre des courses poursuites avec les hommes du commissaire Harouna Sy à la Place de l’Indépendance et des accidents spectaculaires, alors que Macky Sall avait eu tout le temps de dérouler tranquillement sa campagne et de se qualifier pour la prochaine étape. En perspective du deuxième tour, les dinosaures du Benno déchiré sont ensuite venus se ranger, sans conditions, dans la coalition Benno bokk yaakaar.

Depuis lors, tous les reniements du patron de la coalition ont été entérinés et la totalité de ses désirs – dont le simulacre de référendum – se sont réalisés au grand dam des tenants de la refondation institutionnelle.

Il faut reconnaître que depuis le début, la chance continue de sourire au successeur de Me Wade.

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De fait, outre une embellie quasi-surnaturelle de l’environnement économique, surtout sur les questions énergétiques (baisse du prix du baril de pétrole, découverte de gisements de pétrole et de gaz dans notre pays), le pouvoir en place bénéficie de l’adhésion sans faille d’une large coalition où l’unanimisme grégaire règne en maître. Ajoutez-y le torrent de prières et de bénédictions – pas tout à fait désintéressées – d’une classe maraboutique séduite par le programme de modernisation des cités religieuses.

Les choses semblent d’ailleurs se dérouler de manière tellement favorable que certains accusent même les autorités d’ajouter, à l’eau courante provenant de Keur Momar Sarr, des substances magiques avec le secret dessein de rendre leurs concitoyens encore plus dociles.

Cet environnement mystique propice est complété par un volontarisme et un activisme impressionnants faits d’une multitude de poses de première pierre et de quelques inaugurations montées en épingle par une communication redoutablement efficace qui se complaît dans la manipulation et l’intoxication. On note, en effet, toujours des écarts considérables entre la propagande officielle et la réalité des faits.

Plus grave, on note une forte prégnance électoraliste des politiques publiques au niveau desquelles des critères pertinents de priorisation sont complètement occultés. Cela vaut pour le centre de conférences Abdou Diouf, l’autoroute Ila Touba et le Train express régional qui ressemblent, à s’y méprendre, à des infrastructures de prestige et/ou à visée électoraliste.

Dans le même temps, on refuse de faire droit aux légitimes revendications des travailleurs ; d’où les multiples mouvements d’humeur des syndicats. Des centaines de milliers de jeunes sont sans emploi, au moment où des milliards sont injectés dans des politiques sociales «assistancielles» onéreuses, telles qu’on peut les observer dans le programme de bourses de sécurité familiale et des politiques de gratuité de la Cmu insuffisamment élaborées.

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L’opposition politique semble, elle, frappée de malédiction. Elle refuse, en effet, de tirer les leçons adéquates de notre récente histoire politique et de proposer un programme alternatif crédible. En réalité, on a du mal à cerner ce que l’opposition – hormis la coalition Samm li nu bokk, qui prône l’application des conclusions des Assises nationales – reproche au Président Macky Sall.

Certains d’entre eux, comme Khalifa Sall, qui ont fait la preuve de leur efficacité électorale à Dakar tout au moins, ont du mal à rompre les amarres avec leur formation politique instrumentalisée au profit du pouvoir en place comme l’ont prouvé les incidents du 5 mars 2016 à la maison du Parti socialiste et la persécution des Socialistes mal-pensants.

L’ancienne majorité libérale ne rassure pas, parce qu’elle semble s’inscrire dans la continuité de l’héritage «wadiste», au point de vouloir endosser une hypothétique et controversée candidature de l’ancien prince héritier encore empêtré dans les conséquences de ses démêlés judiciaires.

Last but not least, la presse nationale fait semblant, à quel­ques exceptions près, d’être objective, alors que plusieurs de ses éminents membres sont dorénavant intégrés dans le dispositif communicationnel de la présidence de la République.

Malgré toutes ces contraintes qui pèsent sur l’avènement de véritables politiques de rupture, l’espoir d’un réveil populaire inéluctable demeure. Il suffit que de nouvelles forces issues de la Gauche véritable et de la Société civile vertueuse présentent à l’électorat sénégalais une offre politique alternative et progressiste.

Nioxor TINE

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