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Pour Un Large Front Républicain Face Aux Apparences Bavardes Et Trompeuses De La Gouvernance Du Président-politicien

Le 2 novembre 2016, je consacrais à «L’autre virtuose de la tortuosité qui ne pouvait plus se passer de l’oxygène du pouvoir», une contribution dont voici la conclusion :

«C’est cet homme sans autre conviction que ses intérêts, que le président Macky Sall est allé chercher pour lui confier une commission-bidon, et lui payer pour rien, à lui et à ses militants, l’argent du contribuable dont nous avons pourtant tant besoin ailleurs. Le problème, ce n’est donc pas lui, ni Ousmane Ngom, ni les nombreux autres transhumants qui passent d’une gouvernance à l’autre sans vergogne. Le problème, c’est plutôt le président-politicien Macky Sall, qui a béni sans état d’âme la détestable transhumance et l’a pratiquement érigée en méthode de gouvernement. Ses électeurs du 25 mars 2012 comme tous les autres compatriotes ont mal, très mal de retrouver dans son entourage immédiat des têtes connues, les mêmes qui ont mangé à tous les râteliers et fait leur temps. Dans toute autre démocratie qui se respecte, tout ce «beau» monde serait plongé pour de bon dans l’oubli. La politique nauséabonde que nous vivons depuis bientôt une quinzaine d’années et, en particulier, depuis le 2 avril 2012, est carrément insoutenable. Il faut beaucoup de courage pour la vivre et continuer de prendre part au débat qu’elle suscite. Cette contribution est, en tout cas, la toute dernière que j’envoie aux journaux. Ce qui ne signifie point pour moi la fin du combat.  Le reste de mes forces sera consacré à d’autres activités militantes et citoyennes, notamment en m’­emplo­yant à rapprocher toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais qui ne traînent pas de casseroles matérielles, politiques ou morales, pour faire face à la machine électorale du politicien Macky Sall en juin 2017».

J’annonçais donc que cette contribution serait la dernière que j’envoyais aux quotidiens. Un peu plus tard, trouvant lourd, très lourd, et carrément insupportable le silence que je m’imposais alors, je réactivais mes blogs à seneweb et à xalima, pour continuer de dénoncer les apparences bavardes et trompeuses de la gouvernance nébuleuse du président-politicien Macky Sall, qui nous empeste l’existence depuis le 2 avril 2012. Des quotidiens à qui je n’envoyais plus mes textes continuaient quand même de les publier. Je les en remercie solennellement ici, eux et les autres qui m’ont toujours généreusement ouvert leurs pages «Opinions et Débats».

Dans ma contribution du 2 novembre 2016 j’annonçais, en particulier, que je consacrerais le reste de mes forces «à d’autres activités militantes et citoyennes, notamment en m’employant à rapprocher toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais qui ne traînent pas de casseroles matérielles, politiques ou morales, pour faire face à la machine électorale du politicien Macky Sall en juin 2017». C’était là, évidemment, une véritable gageure, un véritable travail de titan. D’ailleurs, les premiers compatriotes à qui je me suis ouvert de mon projet ne m’ont pas du tout encouragé, allant jusqu’à m’exprimer sans ambages leur conviction que je perdais mon temps, que je n’allais jamais réussir à réunir dans une seule coalition les Sénégalaises et les Sénégalais que je ciblais. Certains d’entre eux me rappelaient, pour me convaincre et m’éviter ainsi une grosse déception, l’échec cuisant de la candidature unique pour Bennoo Siggil Senegaal à l’élection présidentielle de février 2012. D’autres encore raillaient en coulisse ma «prétention», mon «ambition démesurée».

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Les uns et les autres  n’ont peut-être pas tout à fait tort : cette mission que je me suis assignée ne sera sûrement pas de tout repos, n’est pas de tout repos. Je rassure les uns et les autres : je ne me prends pas du tout pour ce que je ne suis pas. Je connais surtout mes limites objectives et ne me fais aucune illusion. Cependant, il n’est interdit à personne, fût-il très modeste, d’avoir une ambition. La mienne trouve sa source dans les préoccupations et les activités militantes qui m’habitent depuis une quarantaine d’années : cultiver, en toutes circonstances, ma modeste part du jardin national qu’est le Sénégal. Mon ambition de travailler, avec d’autres bonnes volontés, à mobiliser dans une même coalition les hommes et les femmes que j’ai ciblés dans la conclusion de ma contribution du 2 novembre 2016, s’inscrit directement dans cette perspective. Je vais donc la poursuivre, malgré les embûches qui ne manqueront pas de se dresser sur mon chemin, qui s’y dressent déjà d’ailleurs.

J’ai déjà pris plusieurs contacts avec la Plateforme «Avenir Senegaal bi ñu bëgg», qui m’a fait l’honneur de m’associer à quelques-unes de ses activités. J’ai pris connaissance de leur projet et, sur bien des points, je partage totalement leur vision. Je considère aussi que, jusqu’à preuve du contraire, les hommes et les femmes fondateurs de cette Plateforme sont dignes de confiance, par leurs compétences avérées dans de nombreux domaines. Ils le sont aussi parce que, jusqu’à preuve du contraire, ils ne traînent pas de casseroles matérielles, politiques ou morales. J’ai constaté aussi qu’ils travaillent avec méthode et organisation.

J’ai pris également contact avec la Coalition «Samm li ñu Bokk-AS/ Alternatives solidaires». Ses responsables m’ont expliqué leur projet et permis de prendre connaissance de leurs documents. Les hommes et les femmes qui portent cette Coalition m’inspirent la même confiance, pour les mêmes raisons, que leurs homologues la Plateforme «Avenir Senegaal bi ñu bëgg».

Je verrais volontiers ces deux entités se retrouver dans une large coalition, avec d’autres qui inspireraient la même confiance, pour les mêmes raisons. Je pense déjà à celle qui serait en train de se constituer autour de Khalifa Sall. Ce dernier a une longue expérience politique, une légitimité incontestable puisqu’il a gagné, sous la bannière de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal (Bss), la Capitale nationale à l’issue des élections locales du 22 mars 2009. Il gagnera la même capitale le 29 juin 2014, avec la Coalition Taxawu Ndakaaru autour de lui. Sa coalition And taxawu Dakar a aussi remporté, le 4 septembre 2016, les trois sièges pour le Département de Dakar au Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Des hommes et des femmes de son équipe qui appartiennent à des formations politiques différentes attestent de sa gestion participative, inclusive et transparente.

Le Grand Parti de Malick Gakou pourrait aussi se joindre à cette Coalition.  Ancien numéro 2 de l’Afp, ancien ministre démissionnaire (choix rarissime dans notre pays), le jeune Gakou peut bien se prévaloir d’une bonne expérience politique et d’une certaine légitimité. Personne ne peut contester qu’il faut compter avec lui à Dakar et principalement à Pikine et à Guédiawaye. En outre, jusqu’à preuve du contraire, on ne lui connaît pas de casseroles.

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Il existe d’autres entités et fortes individualités qui auraient leur place dans cette large coalition qui fait l’objet de mes rêves (rêver n’est pas interdit). Je pense aux partis de Abdoul Mbaye, de Mamadou Lamine Diallo, de Cheikh Bamba Dièye et à bien d’autres encore. En attendant, tout rapproche les quatre premières entités nommées. Leurs projets ont pour socle commun les conclusions des Assises nationales et le Rapport de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri). Toutes ont la forte conviction que nos institutions doivent être profondément réformées dans le sens d’un équilibre des pouvoirs. Notre pays en a assez d’un Président de la République buur et bummi, d’une Assemblée nationale-croupion et d’une Justice aux ordres.

Ces quatre entités partagent une autre conviction : celle que le pays va mal, très mal, malgré des apparences bavardes et trompeuses, se manifestant par un tapage médiatique sans précédent, entretenu par une télévision bavarde et outrancièrement partisane, et des affiches géantes omniprésentes (qu’on débarrasse heureusement de notre vue). Elles sont toutes  conscientes de la nocivité de la gouvernance nébuleuse, politicienne et électoraliste du président manipulateur, manœuvrier, calculateur et, partant, de la nécessité de lui barrer la route. Elles clament aussi toutes, haut et fort, leur attachement indéfectible à l’intérêt supérieur de la Nation, qu’elles placent au-dessus de toutes autres considérations. Cet intérêt supérieur de la Nation commande qu’elles aillent ensemble aux prochaines élections législatives.

Il existe de nombreuses autres plages de convergence entre ces coalitions et d’autres auxquelles elles devront s’ouvrir. Je ne trouve surtout pas de divergences substantielles pouvant expliquer qu’elles aillent en ordre dispersé, en présentant différentes listes aux prochaines élections législatives. Sans doute, existe-t-il ça et là quelques maigres contradictions que l’intérêt général devrait pouvoir balayer rapidement, si on le place sincèrement au-dessus des autres considérations.

En tout cas, d’ores et déjà, la presse fait état de la volonté exprimée par-ci, par-là, de présenter des «listes autonomes». Ces listes sont en contradiction formelle avec les professions de foi déclarées. Elles sont irréalistes. Elles ne vont point dans le sens de l’intérêt supérieur de la Nation. Aller en ordre dispersé aux prochaines élections législatives, c’est permettre à la machine de Bennoo Bokk yaakaar de rafler l’écrasante majorité des députés et de préparer tranquillement la réélection de son candidat en 2019.

Je ne sous-estime point les entités dont je souhaite qu’elles se retrouvent dans une large coalition qui présente une liste commune. Elles comptent en leur sein des hommes et des femmes qui ont blanchi sous le harnais et n’ont pas de leçons à recevoir de ma modeste personne. Je pense, cependant, qu’avec le mode de scrutin en vigueur, aucune de ces entités n’est capable, seule, de gagner Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque, Thiès, Kaolack ou une autre ville importante du Sénégal, face aux listes de Bennoo Bokk yaakaar et de celles d’autres partis ou coalitions de partis. C’est, jusqu’à preuve du contraire, ma forte conviction.

Nous vivons, depuis quatre ans, cette image de quelques rares députés qui s’époumonent à faire entendre leurs voix sur les textes qui sont discutés à l’Assemblée nationale, sans être jamais parvenus à faire infléchir les votes, dans un sens ou dans un autre. Nous risquons de nous retrouver avec le même scénario après les prochaines législatives, si l’opposition dite patriotique y va en ordre dispersé : une assemblée nationale franchement médiocre, avec une écrasante majorité de députés à son image, qui massacrent tout sur leur passage, sans état d’âme et sans autres préoccupations, que celles d’aller dans le sens souhaité par président buur et bummi.

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Je rêve donc, peut-être naïvement, à ce large Front républicain, à cette grande Coalition qui présenterait une liste commune composée d’hommes et de femmes qui ont vraiment le profil de l’emploi, rassurent par leur passé et leur présent, leurs comportements et leurs propos de tous les jours. Des hommes et des femmes dont personne ne doute, qu’une fois à l’Assemblée nationale, ils (elles) travailleront davantage pour le peuple que pour le président de la République. Le Front élaborerait, pour appuyer sa liste, un programme profondément enraciné dans les conclusions des Assises nationales et dans le Rapport de la Cnri. Un programme original par rapport à tous les autres que nous avons connus jusqu’ici, surtout par rapport à celui du président-politicien qui gouverne le pays depuis bientôt cinq ans. Un programme comportant des mesures-phares, des mesures de ruptures profondes, que ne prendront jamais ce président et sa coalition mais aussi, qu’ils n’oseront jamais contester publiquement.

Ce programme de gouvernement et son projet de profondes réformes institutionnelles seraient présentés de façon solennelle, comme l’ont été le lancement des Assises nationales et la restitution de leurs conclusions, respectivement le 1er juin 2008 et le 24 mai 2009. Les populations y seraient invitées dans toutes leurs diversités, ainsi que les partenaires au développement et les membres du Corps diplomatique. Les responsables désignés du Front expliqueraient alors largement comment, à la tête d’un gouvernement, ils construiraient autrement le pays. Devant leurs familles et, au besoin, devant ce qu’on pourrait appeler un Jury d’honneur ou un Observatoire national de la Bonne Gouvernance, ils jureraient sur l’honneur, faute de le faire sur le Coran ou sur la Bible, qu’ils ne seront jamais comme les autres et respecteront scrupuleusement les engagements pris. La flamme et la ferveur nées du 1er juin 2008 et du 24 mai 2009 seraient alors sûrement ressuscitées, et le peuple des Assises nationales orphelin mais encore debout, se les approprierait et prendrait sa revanche légitime en sanctionnant sévèrement, aux prochaines élections législatives, les traitres à ces importantes rencontres citoyennes aujourd’hui agglomérés autour de leur compère, le président-politicien Macky Sall.

 

Mody NIANG

Mody NIANG

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