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Crise Au Parti Socialiste : Les Non-dits D’un Combat à Mort

Après une lecture plus ou moins aiguë de la situation politique actuelle du pays, surtout la crise qui prévaut au sein du Ps, on se rend compte que c’est un scenario dont la mise en scène a commencé depuis très longtemps et bizarrement continue de faire son bonhomme de chemin. Ce qui rend incertaine l’issue du combat entre différents protagonistes connus ou incon­nus.

Le jeu politique sénégalais, nonobstant ses soubresauts, s’éclaircit en un temps record. Ce qui se passe actuellement au Ps est le résultat de manœuvres souterraines entreprises depuis très longtemps pour anéantir les efforts consentis pour un sursaut de notre parti. Il se trouve que les adversaires qui se sont signalés depuis que le Président Abdou Diouf a porté son choix sur la personne de Ousmane Tanor Dieng sont toujours là pour tenter de saborder toutes les bonnes actions entreprises. Pour comprendre le comportement ignoble de certains camarades, il faut donc faire un retour en arrière et revisiter le cours des événements qui ont suivi  son installation à la tête du parti en 1996.

Des hommes politiques comme Djibo L. Kä, Moustapha Niasse, pour ne citer que ceux-là, ont créé de manière formelle ou informelle ce qu’on peut appeler un Gip (Groupement d’intérêt politique). Ils sont toujours prompts à soutenir les actions de toute personne qui se dresserait contre l’actuel Secrétaire général du Ps. Même si leur entreprise reste vaine jusque-là, il convient de prendre au sérieux cette donne pour ne pas se faire surprendre. Un peu d’histoire pour mieux comprendre :

En 2006, le courant animé par Robert Sagna, Souty Touré, Mamadou Diop, Moustapha Kâ… a connu un échec, mais force est de reconnaître que c’était une initiative savamment mûrie à un niveau insoupçonné, avec des ramifications au plus haut sommet et surtout à l’intérieur du Ps. A l’époque, nos informations faisaient état d’une sombre implication de Khalifa Sall à cette initiative. Même s’il s’est rebiffé après, il a participé à toutes les réunions discrètement tenues à Saly ou à Paris par ce groupe avant la publication de l’initiative. Pis, Khalifa Sall était très lié au Président Wade pour qui il jouait le rôle de consultant politique.

N’empêche, Ousmane Tanor Dieng a continué son chemin. Même si, il faut le dire, cette déconvenue à la veille de l’élection présidentielle de 2007 avait complètement ralenti son élan pour la reconquête du pouvoir. Abdoulaye Wade n’avait finalement pas réussi son plan d’anéantissement du Ps, mais il avait quand même réussi, par le biais de ses soutiers nichés au sein du Ps, à divertir les responsables restés fidèles au parti. Ousmane Tanor Dieng et ses camarades ont eu du mal à faire cicatriser cette autre plaie et à se préparer convenablement pour l’échéance de 2007.

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A cette élection présidentielle de 2007, le même Khalifa Sall, directeur de campagne du candidat Ousmane Tanor Dieng, s’est honteusement illustré dans l’immobilisme et le sabordage du candidat socialiste. Pourtant, à chaque fois qu’il a besoin de l’aide du Secrétaire général du Ps Ousmane Tanor, il fait profil bas pour obtenir ce qu’il veut. C’est le cas lors des élections locales de 2009 où il était confronté à la résistance de Doudou Issa Niass, à qui il revenait la légitimité d’être candidat du Ps au poste de maire de Dakar. Il a fallu l’intervention de Ousmane Tanor Dieng pour qu’il accepte de se ranger derrière Khalifa Sall. Cependant, on constate pour le regretter que c’est son accession au poste de maire de Dakar qui constitue le point de départ de son attitude démesurée. C’est à partir de là que Khalifa Sall s’est créé un nouveau clan à l’intérieur du Ps avec des ramifications dans d’autres partis politiques ou milieux hostiles à Ousmane Tanor Dieng. Petit à petit, il a avancé, le plus souvent, masqué pour mieux cerner le Secrétaire général du Ps.

L’élection présidentielle de 2012 constitue le plus illustre point de rupture qui échappe à bon nombre d’observateurs. Personne ne pouvait imaginer ce qui s’est passé. Khalifa Sall, non content de refuser d’être le directeur de campagne du candidat Ousmane Tanor Dieng, s’est illustré dans des actions de sabotage et de contusions basses. Sa complicité avec Moustapha Niasse l’a poussé à le soutenir discrètement lorsqu’il s’agissait de choisir entre ce dernier et Tanor pour la «candidature de l’unité et du rassemblement» de Benno siggil Senegaal à la veille de l’élection de 2012. En atteste cette réunion tenue nuitamment quelque part dans Dakar par la plupart des leaders de Benno siggil Senegaal, à l’époque, en l’absence de Tanor, parti en Espagne et, bizarrement, en présence de Khalifa Sall. Et plus tard, à deux jours de l’élection, un fait inédit a surpris tout le monde. Des personnes très proches de lui ont envoyé des messages pour demander à voter pour Niasse au détriment du candidat du Ps. Qu’est-ce qui explique cette attitude mesquine de Khalifa Sall ? A vrai dire, l’actuel maire de Dakar reste convaincu qu’une éventuelle accession de Ousmane Tanor Dieng à la magistrature suprême hypothéquerait ses ambitions personnelles. Mais il ne se rend peut-être pas compte qu’avec cette attitude, il hypothèque aussi les ambitions du Ps.

Autre intrigue : A la veille de l’élection présidentielle de 2012, Wade (toujours lui) avait encore cherché, par tous les moyens, à rééditer le même coup de 2007. Il a tenté le même traquenard à Khalifa Ababacar Sall, secrétaire national à la Vie politique du Ps et maire de Dakar et à Maître Aïssata Tall Sall, maire de Podor, à l’époque, porte-parole du Ps. Et la stratégie qui semblait également trouver l’adhésion d’autres forces enfouies dans les sinuosités politiciennes d’adversaires connus ou pas était accompagnée d’une campagne médiatique qui ne visait qu’à déstabiliser Ousmane Tanor Dieng et à embrouiller l’opinion publique afin de la préparer à un autre coup fourré. Malgré les démentis formels de Maître Aïssata Tall Sall et Khalifa Ababacar Sall qui s’étaient clairement inscrits en faux contre toute velléité visant à affaiblir le Ps, le plan a continué et continue encore son bonhomme de chemin. Il ne connaîtra point d’issue qu’à l’anéantissement complet de Tanor. Ce qui ne sera jamais facile, car il y a une chose qui joue contre les détracteurs connus ou non du Secrétaire général du Ps. C’est que contrairement aux «frondeurs» qui agissent par intérêt, il existe des militants sincères et sérieux qui ne sont mus, si je ne me trompe, que par la victoire du Ps. Voilà qui explique, sans doute, la sérénité du Secrétaire général du Ps.

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A chaque fois qu’il est interpellé sur une éventuelle implosion du Ps, telle que souhaitée par ses adversaires, il accuse des forces occultes d’être à l’origine de ces combines et minimise l’ampleur du problème. Il reste convaincu que la symétrie des turpitudes et querelles byzantines qui sont généralement observées dans d’autres organisations politiques sénégalaises où «il y a une seule constante, tout le reste étant des variables», n’existe pas au Ps qui n’est pas un parti blindé. C’est une formation démocratique où on débat de tout sans tabou. Il dispose de procédures démocratiques qui permettent de faire un choix démocratique lorsque des échéances se présentent, que ce soit pour le renouvellement de ses instances ou pour la désignation des responsables comme pour l’investiture de ses candidats aux élections. Il en a toujours été ainsi, notamment en 2007 et en 2012 tant pour le choix du candidat du Ps à l’élection présidentielle dans le cadre de primaires démocratiques que pour l’élection du Secrétaire général dans le cadre d’un appel à candidatures suivi du vote des militants dans toutes les coordinations que le parti compte à travers le pays. Tout Sénégalais de bonne foi ne saurait alors comprendre pourquoi certains oiseaux de mauvais augure se gargarisent chaque fois que quelqu’un rappelle cet acquis du parti. Ils sont prompts à y voir des divisions alors que c’est cela qui est normal dans le fonctionnement d’un parti qui, comme le Ps, est démocratique. Ousmane Tanor Dieng, lui-même, rassure : «Pour la bonne gouverne des adversaires du Ps qui croient y déceler une brèche par où s’engouffrer, il n’y a pas le moindre nuage dans mes relations avec tous les membres du Bureau politique et entre ces membre eux-mêmes. J’ai les meilleures relations avec chacun des responsables du parti. Et en tant que Secrétaire général, je suis évidemment satisfait de compter le maximum de ressources humaines de qualité dont aucune ne sera de trop lorsque viendra le moment d’appliquer les politiques de rupture que les Sénégalais attendent de nous. Ceux qui répandent ces rumeurs sont sans doute mus par des intentions de destruction, mais ils n’y parviendront pas et le moment venu tout le monde verra que tout se passera au mieux, de manière démocratique, dans l’unité et la cohésion.»

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La résistance continue alors. Ousmane Tanor Dieng a su tenir tête, tant bien que mal, à ses détracteurs. Et à d’autres personnes tapies dans l’ombre dont le seul souci reste d’anéantir celui qu’il prend en coulisse, malgré les apparences et autres duplicités pour leur adversaire politique le plus redoutable. Mais ce qui est désappointant dans leur manière de faire, c’est qu’ils utilisent des camarades socialistes, auparavant soutiens de Tanor (Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall, Bamba Fall, Barthélemy Dias, Idrissa Diallo…), pour le déstabiliser ; par conséquent, déstabiliser le Parti socialiste. Tout le monde sait que l’arrogance subite de Khalifa Sall est encouragée par des personnes tapies dans l’ombre, dont Abdoulaye Wade qui, depuis Paris, continue de tirer les ficelles. Son «joker» pour tirer son fils Karim Wade de l’eau n’est personne d’autre que Khalifa Sall qui, à son tour, pense qu’en s’appuyant sur le Pds, il peut se passer du Parti socialiste qui lui a tout donné sur un «plateau d’or». Quelle «myopie politique» !

On connaît leur plan. C’est de faire une liste commune aux prochaines Législatives pour se faire une locomotive les uns les autres. Le Pds s’appuiera sur le tapage médiatique que Khalifa Sall a entretenu autour de lui pour se refaire une santé et Khalifa Sall voudra bénéficier du soutien du Pds pour mieux se faire connaître à l’intérieur du pays, mais surtout pour gagner Dakar et remporter ses sièges aux prochaines Législatives. Si c’est le cas, il serait très difficile de lui refuser sa candidature à la magistrature suprême. Par contre, si Khalifa Sall perd Dakar aux élections législatives prochaines, lui et ses compagnons risquent irrémédiablement une retraite politique anticipée. C’est dire donc que, contrairement à ce que pensent certains caciques de l’Apr, la «bataille du Ps» a une importance capitale. Et surtout, elle n’est pas seulement celle de Tanor et ses partisans socialistes, mais c’est un combat qui interpelle directement ou indirectement le Président Macky Sall et Benno bokk yaakaar.

   Babou Birame FAYE

Cellule de la Communication du Ps

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