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Vous Insultez Che Guevara

Monsieur le Secrétaire d’Etat à la Communication

 

Objet : Vous insultez Che Guevara

 

Monsieur,

 

Ainsi donc, le seul diplôme que vous avez est le bac. Vous êtes le moins diplômé de tout le Gouvernement et cela doit vous rendre bien triste d’être à côté d’un ingénieur comme le président de la République, d’un professeur agrégé comme Mary Teuw Niane ou d’un docteur-académicien comme Pape Abdoulaye Seck. Vous devez être triste d’être dans une profession pour laquelle vous n’avez pas de diplôme.

 

Cette tristesse est lisible dans votre texte. Il est truffé de douze fautes (corrigées ici, en-bas). Des fautes inacceptables à ce niveau. La deuxième personne du singulier du présent simple prend toujours « s », par exemple. Pensons à montrer le chemin aux jeunes par la propreté du langage. Votre texte est tristesse par les insultes que vous avez si facile. Pensons à montrer le chemin aux jeunes par la propreté du langage.  Le langage doit d’abord être propre dans la forme (orthographe, grammaire et typographie) mais aussi dans le fond en argumentant rigoureusement et en évitant d’insulter.

 

Il y a trois niveaux d’écriture : élevé, moyen et bas. Un texte est classé au bas niveau dès que qu’il est truffé de fautes et contient des insultes. Ne jamais avoir écrit et soutenu un mémoire ou une thèse explique souvent le bas niveau de l’écriture et les insultes qui, bien-sûr, n’ont rien à faire dans le haut niveau de pensée et de réflexion. L’écriture étant votre passion, travaillez sérieusement à élever votre niveau au risque de sombrer dans le ridicule.

 

Le plus triste est que vous invoquiez Che Guevara ! El Comandante ! Celui-là qui, de Cuba au Congo, du Mexique à la Bolivie, a mis sa vie et sa mort au service de la libération des hommes de toutes les chaînes. Et quelle est la pire chaîne ? L’esclavage que vous défendez aujourd’hui ! Le Che vous aurait renié sans détour, lui le vrai révolutionnaire combattant de toutes formes d’inégalités raciales ! Quelle fraude intellectuelle que de l’invoquer en étant un apparatchik défenseur des derniers tenants de l’esclavage ! Une véritable insulte à sa mémoire.

 

Pourquoi avez-vous soigneusement évite d’évoquer le véritable fond de l’affaire, c’est-à-dire l’esclavage en Mauritanie et vos menaces puériles, illégales et illégitimes de fermer la 2STV ?

 

Aussi bien Che Guevara que Karl Marx vous crient de défendre la cause des esclaves et la liberté de conscience et d’expression. Coûte que coûte, vaille que vaille.

 

Mamadou Sy Tounkara

 

Comandante ! Je mesure et sens ta rage au cœur, depuis vendredi et cette «Edition spéciale» de 2Stv (TV) faite d’insultes dédiées à ma personne. Une rage sans doute amplifiée par le silence téléphonique volontaire que j’ai opposé à tes multiples interpellations.

 

Comandante ! J’ai aussi senti, toute la journée, à travers tes sms auxquels je n’ai pas répondu, en lisant les post des débats Facebook dans lesquels tu t’esengagé, que tu doute (doutes), tu es sur la défensive, relativement à la supposée minceur de mon Cv (CV).

Redresse-toi guévariste !

 

Le Bac ? A mes 21 ans, en 1991, si ça ne relevait que de ma volonté, je ne l’aurais pas eu. Je n’en pensais pas moins que Pierre Desproges, qui n’avait pas encore commis «Fonds de tiroir» : «Les diplômes sont faits pour les gens qui n’ont pas de talent. Vous avez du talent ? Ne vous emmerdez pas à passer le bac.»

 

Ça m’enquiquinait ! Mais, l’autorité parentale exercée par PYM, mon frère aîné, qui avait pris le relais de mon père rappelé à Dieu onze années plus tôt, avait été plus forte que ma volonté. Après ma razzia en Première ponctuée par un Prix d’Excellence remis par Djibo Kâ, alors Ministre (ministre) de l’Education nationale, pour PYM, «mon père», je devais et j’allais passer mon Bac. Mes préoccupations «anormales», c’était le cadet de ses soucis. Et il tenu (tenut) à quitter Paris, pour rallier Dakar. Me fit escorter jusqu’à l’établissement Notre Dame où je «subis» les épreuves, sous l’étroite surveillance d’une connaissance de PYM qui montait la garde à la porte de l’établissement. Je l’eus d’office. Comme «candidat normal» et non «libre».

Mais, je l’avoue, ce fut à la surprise de tous !

 

Singulièrement mes camarades de classe au lycée Lamine Guèye, qui avaient constaté ma disparition des salles de classe de Terminale, en février 1991, juste après le premier semestre, au terme duquel j’avais été pourtant classé premier. Comme à l’accoutumée.

Au Bac, en dépit d’un zéro récolté aux épreuves d’éducation physique et d’un quatre en mathématiques – ce n’était pas un hasard, car ces deux matières et l’anglais n’étaient pas ma tasse de thé –, un double quinze aux épreuves anticipées (orale et écrite) de français, un double quatorze en philo et en histo-géo me sauvèrent. Un exploit ? Non ! Le résultat d’une contrainte parentale, plutôt. Cependant, aujourd’hui, je me bats, imitant mon frère aîné, pour que Fallou, à qui je me garderai de raconter mon «anormalité», ne suive mon exemple. Le Bac, ça a du bon !

 

«Seulement, voilà», pour reprendre un terme cher à l’un de mes formateurs en journalisme à L’Info7, Mamadou Albert Sy, en ces années, les études, elles m’aimaient, moi, elles m’enquiquinaient. Et davantage durant les trois années qui ont suivi le Bac, en France, en Fac de Droit, à Reims. Cependant, en ce pays de culture, j’eus le suprême privilège de mieux vivre et cultiver mes deux passions, peut-être mes drogues, encore à ce jour : la lecture et l’écriture.

 

Ce furent des occasions heureuses, comme celle d’une remise en cause fondamentale de mes convictions marxistes (sans prétention) forgées une dizaine d’années plutôt (plus tôt) (précoce, me diras-tu) : lorsque je finis, à l’été 1993, de parcourir «Jenny Marx, ou la femme du Diable» de l’inégalable Françoise Giroud. Mais, cette apostasie ne m’a cependant pas conduit à renier «l’être humain le plus complet de son époque» pour reprendre Sartre parlant du Che.

 

Comandante ! J’ose croire que te voilà édifié. Mais, garde-toi de consumer ton énergie dans cette défense acharnée que tu déploie (déploies) à contrer ceux qui s’évertuent à me dénigrer : l’un avec une méchanceté bête et assumée ; les autres, tes co-débatteurs de Facebook, avec un humour acide et sournois, en somme lâche.

 

Comandante ! Ne crois pas une seule seconde que mon silence est celui d’un froussard désarmé. La charge de mes fonctions oblige la perte d’une part importante de la liberté de dire et de faire, favorise l’entrée à la dure école de l’humilité au sein de laquelle les matières dispensées ne sont pas toutes à la portée d’un ancien journaliste.

Guévariste, ne souffre pas des mots de ceux qui me collent l’étiquette du dénonciateur, hier, de la «Dynastie Faye-Sall», pour mieux mettre en exergue un caractère d’opportuniste qui serait mien. J’assume toutes les séquences de mon compagnonnage avec notre leader : engagement, lorsque ce fut incertain ; désengagement, aux premières heures du pouvoir ; réengagement, enfin.

Comandante ! Hier, je me serais (serai) laissé aller à répliquer à cet homme de presse qui m’avait qualifié de «male astrosus» ou malotru ou mal né, les Sénégalais auraient appris deux vérités. Ils m’auraient reproché la divulgation de la première : c’est lui le mal né d’hier. Ils auraient été choqués par la deuxième : l’implication et l’arrestation, puis la relaxe en catimini, de cette tête d’œuf dans une insoutenable affaire de mœurs. Que dis-je, un crime !

 

Comandante ! Aujourd’hui, je me laisserais (laisserai) aller à exhumer les séquences des années 90 de la vie de cet autre personnage qui me dénie le Bac, on me le reprocherait.

 

Comandante ! Aujourd’hui, à ce journaliste aux manières de lama, je melaisserais (laisserai) aller à rappeler ses six mois de prison avec sursis pour délits de destruction de biens d’autrui, fuite, conduite en état d’ébriété et blessures involontaires, on me le reprocherait.

Idem, si je me mettais à entretenir les Sénégalais de cette mouche du (de) couche, habitué à faire le mur, comme celui de l’arène de lutte pour entrer par effraction dans la presse.

Comandante ! En somme, le tableau ou le rideau qui masquent le véritable état de la presse dans notre pays, qui est louable, sont sans nul doute peu reluisants. Ivrogne sursitaire, avorteur échappé, etc. tiennent le haut du pavé, insultent et dénigrent à tout va, réinventant la vie des gens, le mensonge en bandoulière.

Alors, que faire ?

Moi, je n’ai pas le choix. Je ne peux détourner le regard. Ils n’en ont pas fini avec moi. Leurs insultes ne m’arrêteront pas. Parce qu’il en va désormais de l’impérieuse nécessité d’une veille permanente et vigilante, pour contrecarrer et combattre les menées d’une caste d’énergumènes qui se moque de la liberté de presse, veut instituer la liberté de pression jusqu’à saper la paix sociale et la sécurité nationale. On les entend beugler qu’ils nous attendent de pied ferme ! Eh bien, qu’ils récidivent !

Par contre, toi, tu as le choix. Qu’il te plaise de faire tiennes les réflexions de trois grands journalistes et intellectuels. Je me fais un plaisir de les mixer pour toi : «La télévision n’exige du spectateur qu’un acte de courage, mais il est surhumain : c’est de l’éteindre» (Pascal Bruckner), car elle «est une invention qui vous permet de faire entrer dans votre salon des gens que vous n’aimeriez pas recevoir chez vous» (David Frost) et sa «grande vertu est de donner leur chance aux imbéciles, mais, elle n’en laisse aucune à vos enfants, puisqu’elle les leur inflige» (Chritian Combaz).

Comandante ! Je vais finir par un aveu : nous sommes tous faits de chair, ressentons tous la peine que peut provoquer la méchanceté de l’humain, surtout lorsqu’elle s’exprime comme celle d’un primate. Ces derniers jours, je n’ai pas échappé à cet état amplifié par la solitude. Tu m’en as extirpé. En m’obligeant à une de mes passions : écrire. Sois en remercié.

Hasta siempre !

Mamadou sy TOUNKARA
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