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De Quelle République êtes-vous Le Procureur Serigne Bassirou Guèye ?

Votre honneur, votre sortie d’hier n’a nullement été des plus attendues. Est-ce vous réellement qui furent devant les micros ? Une conférence de presse, dans l’état actuel des chamailleries politiques et/ou judiciaires organisée par le procureur de la république est tout ce qu’il y a de plus normale majesté. L’exposition des faits en toute objectivité dans une logique d’information et de communication demeure une responsabilité qui vous incombe au plus haut degré.
Seulement Mr le procureur, quand l’objectivité et la neutralité cadrent une méthode, celle-ci n’aura nullement besoin de se justifier ou de proférer une quelconque menace à l’endroit de ceux ou celles qui tentent de la torpiller. Je ne vais jamais vous insulter, votre honneur, ça relèverait de l’extravagance et de la folie. J’aime ma patrie et je respecte ses institutions.
Cependant, je refuse que l’on me demande de réfléchir peu ou pas alors que mon pays est taraudé par des incohérences qui ne laissent guère l’esprit tranquille. L’hypertrophie de l’exécutif traduite par le contrôle et la mainmise du président sur l’ensemble des autres pouvoirs est un fait démontré au Sénégal. Derrière les apparences de séparation des pouvoirs, se trouve un président qui détient la commande du pouvoir parlementaire et du pouvoir judiciaire.
Ceci est un fait : reste à ce que vous ayez la volonté de le constater ou pas. Le nier simplement dans une conférence de presse et menacer ceux qui le soutiennent pour leur faire taire est un exercice vain et fallacieux qui alerte fondamentalement sur le degré de filiation du pouvoir judiciaire à l’exécutif.
Si vous voulez nous convaincre que le pouvoir judiciaire est indépendant et qu’il ne reçoit les instructions de personne dans son fonctionnement, trouvez autre chose que la menace et les tentatives de limitation de la liberté d’expression.
Les ennemis du droit et de la justice ne sont pas forcément ceux que vous ciblez. Y a des camps qui méritent mieux votre colère, mais bon c’est la séparation des pouvoirs.
Combien de fois la cour suprême a été défiée par le gouvernement de Macky Sall ?
L’arrêt de la cours suprême sur l’exclusion des 690 élèves-maîtres défié par Serigne Mbaye et la majorité mécanique de benno bokk yakkar se croyant les seuls lucides d’esprit. Antoine Felix Diome maintenu dans ses fonctions de substitut du procureur spécial de la CREI contre l’arrêt de la cours suprême qui annule sa nomination. Qui avait refusé d’appliquer l’arrêt de la CDEAO contre l’interdiction de sortie du territoire de certains anciens dignitaires du régime Wade?
L’inspection générale d’Etat n’a-t-elle pas épinglé Cheikh Oumar Anne, Mamadou Mamour Diallo etc. ?
Quelles sont les raisons du départ de Madame Nafissatou Ngom Keita de l’OFNAC ? Au nom de quoi devrait-on refuser de se soumettre à loi sous prétexte que l’on est avec Macky Sall ?
Qui a signé un décret pour la validation du contrat de Petro-Tim alors que l’IGE recommandait son annulation pure et simple ?
Votre collègue Hamidou Dème de façon noble et salutaire a su mener le combat de l’heure, ça c’est un exemple.
La liberté d’expression est une liberté sacrée Mr le procureur. Plutôt que de vouloir la réduire en se mettant en colère et en menaçant publiquement ceux qui la pratiquent et qui croient en elle, je vous invite à concentrer vos efforts dans le recouvrement de l’indépendance de la justice, dans la limitation de l’ingérence de l’exécutif dans le pouvoir judiciaire car seulement nous arrêterons de parler de ce qui vous offusque tant.
Niakasso Dianka
UGB/SAINT-LOUIS

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