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Attention Sonko !

Vous êtes un homme brillant et courageux qui ne cesse de faire preuve d’engagement et de patriotisme pour une meilleure gouvernance de notre pays. Votre intelligence est telle que vous avez pris des risques calculés en vous faisant renvoyer de la fonction publique pour avoir un positionnement stratégique dans la scène politique et médiatique nationale. Depuis longtemps en effet, vous avez nourri des ambitions politiques sans trop savoir comment vous y prendre avec la presse car, comme tout novice politique, c’est un problème pour avoir la couverture médiatique souhaitée. A force de révélations sur des dossiers de la République, vous vous êtes fait une certaine notoriété, certains y verront du patriotisme, d’autres y verront des prétentions et ambitions inavouées, encore que c’est votre droit le plus absolu. Mais fondamentalement, vous aspirez à nous diriger et permettez-moi juste de vous dire quelques mots, car vous êtes un homme politique qui incarne un certain renouveau sans trop savoir ce que vous nous proposez.

Même dans les sciences humaines et sociales, il n’est pas raisonnable de s’attaquer à un Peuple. Me El Hadji Diouf l’a appris à ses dépens. Lui qui, au lendemain des dernières élections législatives, a traité le Peuple de tous les noms d’oiseau pour avoir été retenu au plus-fort-reste. Même s’il se réclame «député du Peuple, avocat du Peuple, l’homme du 23 juin». Le Peuple, il faut le convaincre et susciter son adhésion ainsi que son implication pour avoir le changement attendu, car seul lui est souverain.

Quand on a des ambitions politiques, la presse, on en fait un partenaire et pas des moindres, au risque de se mettre à dos toute une corporation qui joue un rôle de sentinelle de la démocratie. La presse est un des pieds angulaires sur lesquels repose la vitalité démocratique d’un pays. Elle a ce pouvoir magnifique d’accroître la notoriété d’un leader, mais aussi ce pouvoir diabolique de déstabiliser tout prétentieux. C’est cela même l’utilité de la bonne gestion des relations avec les médias. Et vous êtes assez intelligent pour le savoir à moins que l’obsession à sortir de l’ordinaire ne vous touche prématurément.

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On n’a pas besoin non plus d’être arrogant, hautain, imbu de soi, va-t-en-guerre sur fond d’invectives pour montrer qu’on dit la vérité. Sur ce, Idrissa Seck constitue un bel exemple à ne pas suivre dans la vulgarité du langage, quoi que puisse être la pertinence des débats soulevés. Certains de vos propos me font bizarrement penser à Me El Hadji Diouf, Idrissa Seck, Moustapha Cissé Lô, Farba Senghor, et cela ne me semble pas être la bonne démarche si vous souhaitez vraiment incarner la rupture ou le changement dont s’enorgueillit toute la classe politique sénégalaise. C’est pour dire que la forme agit sur le fond et le contenant sur le contenu, et négliger ces paramètres peut tuer le message.

Pour finir, je dirai que nul n’a le monopole du patriotisme M. Sonko. Je ne sais pas si vous faisiez allusion au journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly qui d’ailleurs ne l’est plus, et qui très certainement sert bien le pays comme secrétaire général du gouvernement. Lui aussi a du mérite. Malgré tous ses défauts, c’est un intellectuel de pointe. Malgré tout ce qu’on pourrait lui reprocher, il ne parle jamais à la légère et sait très bien se défendre. Il s’est attaqué plusieurs fois à la gestion du Président Wade. Il s’est attaqué à la gestion de Karim Wade, fils de l’ancien Président. Il s’est attaqué à Thierno Ousmane Sy dans la vente de la licence 3 de télécoms. Quand il fut cambriolé, il a démenti publiquement le colonel de la police qui rendait compte des suites de l’enquête. Il a pris beaucoup de risques en le faisant et il a fait beaucoup de sacrifices pour cela. Alors, quand on veut faire allusion à ce journaliste de carrière, on le cite nommément, on en passe pas par toute une corporation pour le dénigrer.

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Alors, M. Sonko, ne venez pas à nous en messie sauveur, car le temps des messies est révolu ! Je le dis haut et fort, ce pays regorge de talents, intellectuels et leaders, et nous n’avons donc pas un problème de président de la République. Notre souci, c’est d’avoir un leadership qui balise les voies de l’émergence et du développement, en refondant le système qui nous gouverne depuis les indépendances, car il a assez fait ses preuves, est désuet et ne marche pas.

Cheikhou SOW

Journaliste-Consultant

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