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«pas Un Président Qui Travaillera Sa Feuille Pour Une Réélection»

Abd Al Malik, le slameur, disait dans une de ses chansons que lorsqu’on fait quelque chose, il s’agit d’y rester et d’en sortir. J’ai le même sentiment quand on me demande quel serait le Président idéal pour le Sénégal. Comment dessiner le portrait robot du Président idéal sans tomber dans une forme de chimère ?

Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte tant au niveau interne qu’externe, le contexte international, régional, la situation nationale politique, économique et sociale. Mais avant cela que retenir des 4 premiers présidents qui ont gouverné ce pays ?

De Senghor à Sall, nous sommes entre continuité et rupture, à la fois permanence dans le système et scission dans le style de gouvernance si bien que ces deux réalités se neutralisent, donnant l’impression que rien ne bouge vraiment sinon que la situation empire d’année en année.

Si les deux premiers ont travaillé à consolider, bon an mal an, les institutions républicaines, les deux derniers ont accentué leurs efforts à doper la croissance. Il reste à vérifier que leur bilan économique est meilleur que sous la longue période socialiste. Car si le Sénégal s’est enrichi, est-il certain que les Sénégalais ont suivi cette courbe ?

Les Sénégalais sont en droit de bénéficier de la prime de la stabilité et de la démocratie. Certes, le poids économique de nos pays tient en l’état l’action des gouvernements. Wade et Sall ont bénéficié d’une situation conjoncturelle économique favorable à l’Afrique à un moment où le continent tenait lieu de train de la croissance mondiale.

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Les pays d’Afrique subsaharienne, stables et perçus comme démocratiques, ont bénéficié de larges prêts qui ont permis de stimuler le développement de projets sociaux et d’infrastructures. La diversification des partenaires bilatéraux, notamment des pays émergents avec la Chine en tête, a également permis de donner un nouveau souffle à l’économie nationale.

De manière plus immédiate, les découvertes de gisements de pétrole et de gaz permettent d’être optimiste quant à l’accroissement du budget public du Sénégal si, bien entendu, ces ressources sont gérées de manière transparente, optimale et dans le sens de l’intérêt général.

Le portrait robot du Président idéal quelque soit son âge serait celui d’un individu qui apporterait alors les ruptures épistémologiques nécessaires pour refonder l’action publique d’une part, et renégocier le contrat social sénégalais d’autre part.

«Capable de renégocier le contrat social sénégalais»

Déjà en 1984, Abdou Diouf fustigeait les “vieilles pratiques que nous appelons pudiquement politiciennes” en affichant sa détermination à lutter contre “les féodalités de toutes sortes qui sont des forces d’inertie, de conservatisme et de régression”. Ce constat de Diouf perdure, malheureusement.

Or, entretenir la clientèle politique et maraboutique sur les deniers de l’Etat – c’est une forme de corruption – sera moins soutenable en raison d’une nécessité d’une meilleure ventilation des finances publiques.

Le Président idéal sera un président qui saura créer des opportunités économiques pour tous les Sénégalais en développant des pôles économiques au moins sur 4 régions importantes du pays pour fixer les populations et aérer la capitale.

Les estimations de la population sénégalaise en 2020 par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) sont de 16 millions 662 mille 161 habitants avec plus de 51% de cette population qui auront entre 0 et 25 ans.

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Il faudra nourrir, soigner et éduquer cette portion de la population. L’école est effondrée. Le système éducatif montre ses limites bien que 6 % du PIB, entre 35 et 40% du budget général de l’Etat, y sont injectés. Pour quel résultat ?

Le Président idéal sera celui qui pourra réformer le secteur éducatif pour qu’il réponde aux besoins du secteur primaire qui doit être le pivot du développement et de la croissance du pays. Un président courageux, paré de vertus, qui ne se mire pas dans la coterie politicienne. Un président qui travaillera pour un second mandat sur la base d’une feuille de route claire et concise et non pas un président qui travaillera sa feuille pour une réélection.

Charles Vieira Sanches (juriste, enseignant en sciences politiques)

Avec Impact.sn

 

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