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Démocratie Et République

La République, c’est à vrai dire, la grande question politique d’aujourd’hui. On la croyait régler depuis longtemps, comme si au Sénégal, la République allait de soi. On nous disait que le Président Senghor a construit un Etat et le Président Diouf, la République. A vrai dire, cela fait longtemps que les principes s’effritent, mais on pensait que c’était marginal.

Hier, le principal clivage, c’était la démocratie. Il y avait les démocrates et les révolutionnaires, ceux qui croyaient aux élections et ceux qui ne croyaient qu’aux luttes sociales. Ce fut la vraie ligne de partage tout au long du 20ème siècle. Depuis l’alternance de 2000, et l’élection du Président Wade après 26 ans d’opposition, tout le monde, de gré ou de force, a fini par devenir démocrate.

La démocratie, c’est le multipartisme, les élections libres, la liberté d’expression, sans doute les droits de l’homme. C’est fondamental, mais la République, c’est autre chose. Je vais m’en expliquer ! La République, c’est une morale de l’homme et du citoyen parce que la République ne reconnait que des citoyens égaux en droits et en devoirs.

La démocratie est divisible, la République est indivisible ! Dans la République, il y a un équilibre des pouvoirs, il n’y a pas de concurrence des pouvoirs car ils sont tous tendus vers le même but, poursuivent le même idéal, partagent les mêmes vertus civiques. C’est peu dire que nous en sommes loin aujourd’hui !

La démocratie peut accepter de donner beaucoup de pouvoir aux corps intermédiaires. Pour la République, le peuple est l’arbitre ultime. L’emprise de certains corps intermédiaires qui préfèrent la défense de leurs intérêts corporatistes à la modernisation du pays est déplorable car contraire à l’idéal républicain. L’immobilisme sénégalais n’est pas celui du peuple. Il est celui de ces corps intermédiaires et de certaines de nos élites. La République, c’est la souveraineté du peuple. Dans la République, le peuple garde le droit de parler pour lui-même, de décider par lui-même, sans intermédiaires.

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La République se méfie de la transparence absolue parce que la transparence absolue efface la frontière entre l’espace public et la vie privée, parce que la transparence absolue détruit l’intimité, incite à la délation, flatte les plus bas instincts de l’envie, de la jalousie, dresse les citoyens les uns contre les autres. La transparence absolue est totalitaire. Elle emportera la démocratie avec la République.

La démocratie n’est pas concernée par l’effort et le mérite. La République, si ! Parce que la République veut que l’effort et le mérite soient au cœur de toute récompense. La République est incompatible avec l’assistanat parce que dans la République, chacun doit participer à l’effort de tous, parce que dans la République, chacun doit donner quelque chose de lui-même. Un citoyen reçoit mais un citoyen donne, sinon il n’est pas tout-à-fait un citoyen !

La démocratie ne s’occupe pas de la manière dont les gens sont soignés, la République, si ! Parce que la République, c’est l’égalité d’accès aux soins. Dans la République, on ne refuse pas de soigner quelqu’un parce qu’il est pauvre. On l’opère, on le soigne parce que la vie n’a pas de prix, lorsqu’on est un républicain. Quelle que soit cette vie !

La République défend l’autorité de l’Etat. Sans autorité, il n’y a plus de République. La République est un régime d’exigence. L’école de la république est une école de l’exigence. L’égalitarisme, le nivellement, le refus de la reconnaissance du mérite, c’est le contraire absolu de l’idéal républicain. La République, c’est l’égalité des droits, garantie par les devoirs de chacun.

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La République, c’est le respect de la propriété parce que la propriété, c’est la liberté. La propriété, ce n’est pas du vol, ce n’est pas de l’enrichissement illicite, ce n’est pas du détournement de denier public, ce n’est pas de la délinquance ! C’est la reconnaissance d’une vie de labeur et la possibilité de s’élever par son travail au-dessus de sa condition initiale. La propriété est une valeur profondément républicaine. Le Sénégal a besoin de la République et de la démocratie parce qu’elles sont complémentaires et indissociables. Voilà notre Sénégal! Le vrai Sénégal, celui que nous ne voulons pas laisser mourir.

 

Baba DIAKHATE

Juriste, Point Focal PLS/Sénégal

Ingénieur en Management de Développement

Chercheur en environnement et Développement durable

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