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Cannibalisme Politique Et Financier: On Les Tue Plusieurs Fois Et On Les Déshonore Devant La Nation

Trente-six mille francs (36.000 FCFA) : c’est le montant de la bourse entière que le gouvernement (qui prétend avoir fait pour les étudiants ce qu’aucun autre régime n’a fait !) verse aux étudiants boursiers. Quelle imposture ! C’est avéré que le mensonge requiert un minimum d’intelligence. Mais à défaut d’intelligence les hommes doivent au moins avoir un peu d’éthique. Un mensonge si grossier ne dravait pas sortir de la bouche d’un homme politique nanti d’un minimum d’éthique.

Un Président qui est revenu sur des acquis sociaux des étudiants peut-il prétendre avoir dépassé ses prédécesseurs ? Au Sénégal on a accordé des augmentations à tout le monde (on a même sournoisement institué une bourse dite de sécurité familiale) mais la bourse des étudiants est restée telle quelle depuis des décennies. L’avenir de la nation ne mérite donc aucune attention !

On les tue et on cherche à se justifier en engageant leur responsabilité dans leur propre mort. On les tue d’abord parce qu’on les a affamés. On les tue ensuite parce que, par la magie d’une presse aux ordres, on disculpe un État criminel pour incriminer des institutions financières. Quelle indécence ! On les tue et on mobilise toute la république pour aller présenter ses condoléances avec des mallettes d’argent et des discours empreints de compassion cynique. Quelle indécence !

C’est toujours le même mode opératoire : on a tué des supporters par la négligence et on cherche à monnayer leur vie contre quelques millions. Quelle indécence ! On utilise la misère des étudiants et des Sénégalais en général pour faire de la communication politique. Quelle indécence ! C’est un trait de cruauté extrême que de salir la mémoire de ses victimes.

Ce régime ne recule devant aucune ignominie ; rien ne répugne à sa moralité. La mort et les funérailles sont devenues des instruments politiques de premier ordre pour ce régime. L’impudicité est devenue le décor institutionnel des actes politiques masqués par une parodie d’humanisme. Un régime qui n’est même pas capable d’assurer la sécurité alimentaire de ses citoyens peut-il valablement se vanter de bourses de sécurité familiale ? Un régime qui n’est même pas capable d’assurer une commercialisation de l’arachide des paysans a-t-il le droit de parader et de se gargariser de bourses de sécurité familiale ? Macky Sall divise les Sénégalais et instrumentalise leur misère et leur propension à se complaire dans la facilité pour se maintenir au pouvoir.

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Un État constamment hanté par des tensions de trésorerie ne peut pas supporter une politique de bourses familiales, c’est un mensonge et nous serions tous des complices si, par pudeur, nous nous abstenions de critiquer cette politique. Il faut que les candidats à la présidentielle de 2019 se résolvent à poser ce problème et à déconstruire dans les consciences cette politique fumiste et calamiteuse. La différence entre le démagogue et l’homme d’État, c’est que le premier a peur de déplaire (par populisme, il peut promettre la lune ou taire les pires crimes) alors que le second a une vision claire qu’il n’hésite pas à appliquer quitte à devenir impopulaire.

Macky Sall n’a aucune vision pour l’éducation, il ne sait même pas la place de l’éducation dans la pyramide des besoins d’une société. De toute façon, associer le nom de Macky Sall à la notion de vision est une antinomie au regard de son tâtonnement et de son amateurisme dans la gestion de la cité.

J’aurais été Président de la république, je supprimerais même certains emplois artificiels (certaines sociétés publiques sont devenues des instruments pour caser de la clientèle politique) pour mettre les étudiants dans de meilleures conditions, car nous n’avons pas le choix : il nous faut booster l’enseignement pour impulser un développement économique et social.

J’aurais été Président, je supprimerais le CESE, le HCCT, le HCDT etc. ; et par ces économies, j’augmenterais la bourse de 9.000f (soit 45.000f et 22500f par étudiant) ou je doublerais le nombre de boursiers. Un étudiant (dans un pays comme le Sénégal) doit être affranchi de la tyrannie des nécessités vitales pour se consacrer exclusivement à ses études.

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J’aurais été à la place Macky Sall, j’instituerais des crédits-bourses aux étudiants orientés dans des domaines stratégiques pour relever le défi de la créativité et de la culture de l’inventivité. Les étudiants porteurs de projets viables et créatifs devraient être prioritairement financés sous forme de prêt à rembourser quand ils monteront leurs propres entreprises. Des secteurs d’activité prometteurs pourraient ainsi être identifiés et les études y afférentes financées par l’État et les entreprises privées concernées. Les entreprises publiques auraient une obligation à investir dans la recherche dans le domaine où elles opèrent.

Un partenariat entre l’État et la Sonatel (pour le financement de la recherche dans les technologies de l’information et de la communication, notamment dans l’ingénierie en informatique et dans la robotique) ; entre l’État, les universités et la SENELEC (dans la recherche des énergies non renouvelables) ; entre l’État, la SONES, et les universités polytechniques (dans le financement de la recherche dans les stratégies de la maîtrise de l’eau) ; etc. Obligation serait faite à toutes les firmes internationales qui exploitent les ressources naturelles du Sénégal à verser une prime spéciale destinée à financer les études et la recherche dans le domaine où elles interviennent.

J’aurais été Président de la république, je remplacerais le DMC par un crédit habitat d’une valeur de dix millions de francs que je confierais à des entrepreneurs partenaires et à la direction des HLM pour livraison de maisons clé en main aux enseignants intégrés dans la fonction publique. Les coopératives d’habitat des syndicats pourraient être associées à la réalisation d’une telle vision. Cette mesure déchargerait définitivement les enseignants de l’angoisse du toit qui inhibe très souvent leurs potentialités.

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Il faut arrêter ce cannibalisme éhonté et ambiant ; il faut refaire de la politique un art noble. Il faut mettre fin à ce leadership mafieux qui s’est emparé de notre pays et qui a fini de faire de la politique un gagne-pain.

 

Alassane K. Kitane

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

Alassane K. KITANE

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