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«diogo, Poumon économique Du Sénégal Ne Respire Pas !»

Située dans le littoral, Diogo est au cœur de la zone des Niayes, bastion des produits maraîchers et halieutiques ; fief de Gco (Grande côte opération) ténor classé au troisième rang mondial des firmes qui exploitent le zircon, un produit très convoité dans l’industrie nucléaire.

En effet, Diogo est située dans la commune de Darou Khoudoss, dans le département de Tivaouane, région de Thiès. Cette commune abrite les Industries chimiques du Sénégal (Ics) et la future centrale à charbon Africa energy. La zone de Diogo s’étend de Ségal à Khonkyoye sur une distance de 40 km, polarisant plus d’une vingtaine de villages.

Malgré le rôle primordial que ladite zone joue dans l’économie du Sénégal, elle est laissée-pour-compte par les autorités, car depuis l’accession du pays à l’indépendance, la zone de Diogo n’a cessé de connaître un chapelet de doléances dans tous les secteurs. Ces doléances sont loin de connaître leur épilogue.

La zone de Diogo souffre d’un manque criard d’infrastructures dans tous les domaines et pourtant elle regorge d’importantes ressources agricoles et des potentialités minières et halieutiques. C’est une zone foncièrement agricole et produit d’importantes quantités de légumes très diversifiés : pommes de terre, ognons, carottes, choux, maniocs, courges, concombres, aubergines douces et amères, navets, salade, persils, etc., mais le drame est que faute de chambre froide qui pourrait stocker les récoltes en cas de mévente ou de surproduction, les maraîchers observent avec amertume, sans aucune puissance, des tonnes de légumes pourrir ou servir de nourriture aux animaux. Cette situation est due en partie à la mauvaise politique de commercialisation des produits qui subissent la concurrence des légumes importés : pommes de terre, carottes, ognons etc. A cet effet, ces produits cités ci-dessus subissent une mévente. Cette mévente des produits est aussi due aux prix trop bas des récoltes et elle empêche aux paysans de rembourser les crédits bancaires du Cncas. Avec certains prix trop dérisoires, les paysans vendent aussi à perte, ce qui les empêche de couvrir les dépenses effectuées durant la saison. Du coup, ils peinent à compenser les lourds investissements d’argent pour supporter l’achat de matériels et d’intrants dont la plupart ne sont pas subventionnés : motopompes, carburant, tuyaux, semences, pesticides, engrais, fumiers, tracteurs, laboureurs, etc. Pour les denrées subventionnées, c’est souvent le commerçant qui en tire profit et non le paysan qui ne dispose pas d’assez de moyens pour s’en procurer directement.

A cet égard, nous dénonçons le favoritisme de l’Etat dans le secteur agricole, car il a octroyé aux agriculteurs de la vallée une importante dotation de matériels, plus de 1 000 tracteurs.

La zone de Diogo est aussi oubliée par le directeur de l’Horticulture dans la dotation d’engrais.

Malgré la grande production de légumes, le ministre de l’Agriculture n’est jamais passé pour une visite de la zone.

Pour remédier à ces fléaux, ce que la zone de Diogo attend de sa population, c’est une unité synergique pour une meilleure organisation du secteur. Mais de l’Etat, nous attendons des mesures promptes et concrètes vu qu’il est déjà au courant de ce qui se passe dans la zone parce que le président de la République l’a confirmé lors de l’audience qu’il a accordée à Vieux Ba, responsable politique de l’Apr dans la zone. Vu que l’Etat est au courant de nos doléances et affirme n’avoir point oublié Diogo, parce que «daanou dadioul souf», dixit le président de la République, nous avons assez fait preuve de patience et Diogo réclame son dû. Par conséquent, nous exigeons :

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La construction d’une chambre froide pour la conservation des légumes en cas de surproduction ou de mévente.

La subvention du matériel agricole à l’image des moteurs de la pêche (50%) et des intrants, notamment l’engrais et les pesticides.

Eviter le favoritisme et doter les paysans de la zone des Niayes des tracteurs à l’instar des agriculteurs de la vallée du fleuve à qui l’Etat a remis plus de 1 000 tracteurs pour augmenter la productivité et les rendements.

Permettre aux paysans d’accéder aux crédits agricoles avec des taux et des échéances raisonnables.

Etre de concert avec les organisations paysannes avant d’autoriser l’importation de la carotte, la pomme de terre et l’ognon.

Fixer des prix rationnels et raisonnables pour l’écoulement de la production.

Veillez au contrôle strict de ces prix par les services compétents.

Installer des unités de transformation des fruits et légumes au profit des femmes pour absorber la production ; les aider à des financements pour fructifier leurs revenus.

Installer un laboratoire de recherches agricoles avec une équipe d’experts expérimentés pour accompagner les paysans à disposer de variétés de légumes plus adaptés aux changements climatiques.

A la commune, nous exigeons une gestion transparente des recettes fiscales générées par le secteur vu qu’on n’a pu constater aucune réalisation concrète de sa part. Il faut que la zone ait sa part des retombées qu’elle génère : un marché moderne, clés en main, soulagerait la population.

Dans le secteur de la pêche, même s’il faut saluer l’effort que l’Etat a consenti dans ce domaine, il faut noter que les attentes sont loin d’être atteintes. Dans ce secteur, toutes les infrastructures sont déjà concentrées à Fass Boye et un village comme Diogo-Sur-Mer ne devait pas être laissé en rade en raison du rôle prépondérant qu’il joue dans la production des produits agricoles et halieutiques. Diogo-Sur-Mer souffre beaucoup de son enclavement, faute d’une route qui le relierait à Diogo où se trouve la route principale, quand il y a marée haute. En effet, quand il y a marée haute, il est impossible de relier Fass Boy ; par conséquent, le pourrissement des poissons et légumes est inévitable, alors que la distance qui le sépare de Diogo fait moins de 6 kilomètres.

Pour sortir Diogo-Sur-Mer de ce gouffre, nous attendons des autorités municipales ou étatiques qu’elles inscrivent dans leurs priorités le désenclavement de Diogo-Sur-Mer : construction d’une route bitumée reliant les deux Diogo (6 km). Il faut que l’Etat participe davantage à une meilleure politique de mobilisation dynamique de ressources pour booster le secteur de la pêche qui joue un rôle clé dans l’économie du Sénégal.

Dans le secteur industriel, nous ne pouvons pas concevoir que la zone abrite les gisements de mines les plus importants de zircon, de thulium, d’ilménite, de phosphate, de tourbes, etc., et ne voir point la population jouir des retombées de ces minerais. Nous n’acceptons pas d’être à l’image du mendiant assis sur une mine de diamant. Pour éviter que ce scénario se produise, il faut que les industries déjà implantées dans la zone prennent en charge les doléances sociales :

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Recrutement massif des jeunes et des femmes

Formation des jeunes et des étudiants aux métiers des mines.

Octroi de bourses étrangères et nationales aux étudiants

Accompagner la population à tout ce qui peut contribuer à rendre ses conditions de vie meilleur : eau potable en qualité et en quantité pour tous. En effet, pour l’eau, nous attendons que des mesures promptes soient prises pour la rendre non seulement claire, mais accessible à tous. Pour ce faire, il faut l’installation d’une station de traitement de l’eau ou doter la zone d’un autre forage en dehors de cette nappe menacée qui fait que l’eau présentement utilisée par la population a l’aire d’être colorée en poudre d’oseille rouge en raison de la teneur en oxyde de fer.

Du côté de la santé, nous sommes confrontés à une insuffisance du personnel de santé et une qualité passable des soins. A cet égard, les solutions à préconiser sont d’ériger le poste de santé de Diogo en un centre de santé digne de son nom eu égard à l’importance de la population polarisée. Avec la présence de Gco déjà et l’annonce d’une nouvelle usine d’exploitation de phosphate dans le village de Ngouye Wadé, dans la zone de Diogo, on assiste à un rapide accroissement démographique.

Dans ce secteur, nous saluons l’initiative des ressortissants émigrés de la zone pour l’acte symbolique et patriotique qu’ils ont posé en dotant le poste de santé de Diogo d’un bloc sanitaire d’un coût de 50 millions de francs. Il faut rappeler qu’ils ont aussi doté le poste de santé d’un appareil d’échographie d’un montant de 8 millions avant le démarrage du bloc sanitaire qui est aujourd’hui en chantier. On ne peut pas oublier l’ambulance médicalisée offerte au poste de santé par Mamadou Ba, digne ressortissant de Diogo en Allemagne. Derechef, il faut louer la noble initiative du «Mouvement baye sa waar», créé par Bassirou Fall et qui regroupe tous les ressortissants de la zone au niveau de la diaspora, mais aussi les fils et sympathisants de toute la zone de Diogo vivant un peu partout au Sénégal. Ledit mouvement a pris l’initiative de construire une case de santé à Diogo-Sur-Mer, avec une souscription volontaire de ses membres. Si nous tenons à les remercier, c’est parce que les actes qu’ils ont posés sont très symboliques et nous les apprécions à leur juste valeur. Ces actes de grande envergure devaient être entrepris par l’Etat ou la commune, mais hélas Diogo est laissée pour compte par le nouveau régime parce que ni l’Etat ni la commune de Darou Khoudoss n’ont posé aucun acte concret qui soulagerait la population de la zone de Diogo, depuis l’installation de ce régime.

Dans le secteur de l’énergie, nombreux sont les villages qui ne sont pas encore électrifiés et pour ceux qui le sont déjà, il faut une extension pour que l’électricité soit accessible à tous : elle n’est plus un luxe, mais une nécessité à l’orée du 21e siècle. De Ségal à Diogo, plusieurs villages sont traversés par les fils de haute tension, mais ils n’ont pas été électrifiés. Nous exigeons alors l’électrification de tous les villages et l’éclairage public pour plus de sécurité pour la population.

L’expérience, c’est la somme des erreurs. Avec l’implantation de Gco, les propriétaires terriens ont vu leurs terrains occupés par l’entreprise sans être bien dédommagés. Avec la nouvelle usine de phosphate, récemment annoncée et qui présentement est en phase d’exploration, nous exigeons que les contrats soient bien négociés afin que les propriétaires qui céderont leurs terrains puissent être bien dédommagés et dans les recrutements, que la population autochtone soit privilégiée puisque ce sont leurs champs qui seront occupés. Dans ce secteur, nous jugeons trop dérisoires les actes posés par la commune et le constat est d’ailleurs le même dans tous les secteurs.

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Dans le secteur de l’éducation qui est une compétence transférée, nous attendons aussi plus d’implication de la commune, mais aussi de Gco, afin de prendre en charge de manière exhaustive les besoins des apprenants : du préscolaire au supérieur en passant par le moyen-secondaire. Nous attendons de Gco qu’elle alloue des bourses d’excellence et des bourses étrangères pour permettre aux étudiants d’avoir une formation de qualité et faire d’eux de grands cadres, au lieu de les recruter sans aucune qualification professionnelle qui les empêche d’occuper des postes stratégiques et d’avoir des promotions dans leur carrière au sein de l’entreprise.

En raison de la scolarisation qui ne cesse de monter, il faut construire davantage des salles de classe et augmenter les tables-bancs et les fournitures scolaires. Il faut accompagner les apprenants à la maîtrise de l’outil informatique, car au 21e siècle, l’analphabète est celui qui ne sait pas manipuler l’ordinateur.

Eriger le Cem de Diogo en lycée est aussi devenu une nécessité, car trouver un site d’accueil aux élèves détenteurs du Bfem est un casse-tête pour les parents et souvent, ce sont de jeunes élèves très brillants qui sont sacrifiés, faute d’avoir un tuteur qui les accueille.

Dans le secteur du sport, la zone attend toujours son stade moderne et multifonctionnel, et un soutien plus consistant aux Asc.

Enfin, dans le domaine du transport, une gare routière soulagerait beaucoup les acteurs de ce secteur. Au niveau des marchés, pour plus de sécurité, il serait bien d’aménager des parkings pour les camions qui ont en charge le transport des légumes partout dans le territoire national et même dans les pays de la sous région.

Certes ce diagnostic est loin d’être exhaustif, mais nous avons pu toucher les points saillants auxquels nous invitons l’Etat, la commune ainsi que les entreprises installées dans la zone, au premier rang Gco. La population de Diogo est sortie de son long sommeil et plus rien ne sera plus comme avant. Nous ne pouvons pas être le poumon économique du Sénégal et mourir d’asphyxie. Il est temps qu’on donne à la zone sa considération et faire de son développement une priorité, d’autant plus que le rôle qu’elle joue est essentiel à l’économie nationale. Et je ne saurais terminer mon propos sans vous faire part d’une doléance brûlant les lèvres de tout un chacun et consentie par toute la population ainsi que les dignes fils de la zone au niveau de la diaspora : Monsieur le président de la République, il est impératif que Diogo soit érigée en commune et ça ne peut pas attendre.

Serigne MBAYE

Professeur de philosophie au lycée Ababacar Sy de Tivaouane

domicilié à Darou Fall – Diogo.

erotosmbaaye@gmail.com

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