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Cette «première Dame» Doit Arrêter De Nous Prendre Pour Des Demeurés

Cette «première Dame» Doit Arrêter De Nous Prendre Pour Des Demeurés

Elle fait du cinéma, cette «Première dame». Elle nous prend manifestement pour ce que nous ne sommes pas : des demeurés, des gens qui ne comprennent rien. Ces derniers jours, elle a occupé la «Une» de nombreux médias, y compris des médias privés qui annonçaient sa visite à Grand Yoff. Elle a atterri finalement à Yoff et, semble-t-il, à Ouakam. Ses déplacements annoncés ont le même objectif déclaré : «Voler au secours des sinistrés, les soulager, etc.» Comme de coutume, elle a été à Yoff hier, flanquée de ses hommes et dames de compagnie ainsi que des médias et, en particulier, de la télévision «nationale», plutôt «républicaine». A l’occasion, des personnes du troisième âge ont eu droit à des consultations grâce à son «hôpital mobile». Beaucoup de médicaments ont été distribués dans la localité.

Ses «œuvres sociales» ont été alors largement chantées. Des médias ont poussé l’outrecuidance jusqu’à l’appeler «Sœur Teresa». Quelle énormité ! Celle qui a été récemment canonisée se retourne certainement dans sa tombe. La nouvelle promue sainte travaillait pour la seule face de Dieu, avec humilité et discrétion. Quant à notre «Mère Teresa», elle fait manifestement du cinéma, de la comédie, de la politique politicienne. Avant elle, des gens prétendaient faire du «social» avec l’argent du contribuable. On sait comment cela s’est terminé : des trous énormes de plusieurs milliards de francs Cfa dans les sociétés qu’ils dirigeaient.

Aujourd’hui, le directeur général du Port autonome de Dakar s’essaie au même exercice. Sous le prétexte fallacieux d’«œuvres sociales», il distribue des dizaines et des dizaines de millions de francs Cfa à travers tout le pays. En vérité, il vise un bien autre objectif avec l’argent du contribuable. Il se fait appeler sans gêne le «baay faal» de Macky Sall et se fixe publiquement deux objectifs : «Massifier le parti présidentiel et faire réélire son mentor en février ou mars 2019.»

Comme ce directeur général, ladite Première dame ne fait pas du social, elle fait de la politique, de la politique politicienne. Qu’a-t-elle besoin de se faire accompagner d’une meute de courtisans et de courtisanes, ainsi que de nombreuses télévisions quand elle effectue ses déplacements ? Dieu lit jusque dans nos intentions les plus profondes. Si vraiment elle ne se préoccupe que de «voler au secours» des populations sinistrées et de les «soulager», elle n’a pas besoin de cette large couverture médiatique de ses actions. Et puis, croit-elle que c’est avec du riz, du sucre, des nattes, etc. qu’elle soulage les populations sinistrées des banlieues de Dakar et de nombre d’autres villes du Sénégal ? Non, leurs principales préoccupations, c’est qu’on les débarrasse des ordures, des eaux usées et des eaux de pluie qui ne trouvent pas où s’écouler. A sa place, les populations attendent les ministres Diène Farba Sarr et Mansour Faye. Au début de l’hivernage, quand les premières inondations ont commencé de s’installer, ils avaient fait le tour du pays avec, en bandoulière, des engagements fermes à trouver des solutions à ces problèmes. Le premier criait d’ailleurs sur tous les toits que depuis l’avènement de Macky Sall à la présidence de la République, 111 milliards de francs Cfa ont été investis dans la lutte contre les inondations. Quand on se promène aujourd’hui à Dakar, à Kaolack, à Thiès, à Saint-Louis, etc., on se demande légitimement où sont passés ces 111 milliards déclarés. D’ailleurs, depuis que les pluies ont redoublé d’intensité avec leur lot d’inondations, nos deux ministres se sont faits très discrets. D’engagements à venir à bout des inondations, il n’en est plus question de leur part.

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Sans doute, les «vuvuzela» de ladite Première dame vont-ils me tomber copieusement dessus, en me traitant de tous les noms d’oiseaux. Auparavant, je souhaiterais quand même leur poser un certain nombre de questions : où est-ce qu’elle puise l’argent qui alimente sa «générosité» ? Des fonds politiques peut-être ! Ce serait un moindre mal. Des dons substantiels de certains «hommes d’affaires» qui attendent sûrement le retour de l’ascenseur ? On en a vu qui faisaient don à sa Fondation des ambulances médicalisées, de médicaments, de denrées alimentaires en grande quantité, etc. Que ne les donnaient-ils pas directement aux populations bénéficiaires ? Pourquoi ce détour par la Fondation de ladite Première dame ?

Qui peut lever la main droite et jurer que notre «Mère Teresa» lui a donné 5 000, 20 mille, 50 mille francs avant le 25 mars 2012 ? Ni son époux ni elle-même n’étaient connus pour leur générosité avant cette date. Plus exactement, avant que le premier ne devînt Premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale. On se rappelle que deux à trois mois après l’installation officielle de son distingué époux, elle a fait (déjà) un tour au marché de poissons de Pikine et a distribué 5 millions de francs Cfa aux femmes trouvées sur place. Elle est donc particulièrement «généreuse» aujourd’hui. Le sera-t-elle demain, après février-mars 2019 ou 2024, quand son distingué époux aura quitté le pouvoir ?

Où est la Fondation de Elizabeth Diouf «Solidarité-Partage» ? Où est «Education-Santé» de Mme Viviane Wade ? Où est passée leur «générosité» à l’époque légendaire ? Pourquoi n’a-t-elle pas continué après que leurs époux respectifs ont quitté le pouvoir ? Comme les deux précédentes dames, notre «Mère Teresa» s’effacera avec le départ de son époux du pouvoir et tous les deux iront certainement s’installer à Paris ou à Houston, et se la couleront douce, sans se soucier le moins du monde de leurs compatriotes alors sinistrés. Qu’on cesse donc de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas ! La «générosité» de notre actuelle Première dame est comme celle de ses prédécesseurs : factice, intéressée, politicienne. Elle ne trompe personne. La Fondation Danielle-Mitterrand, «France-Libertés» en était, elle, vraiment une. Créée en 1986, elle a même survécu à sa fondatrice, décédée le 22 novembre 2011. Elle ne fonctionnait sûrement pas avec l’argent du contribuable français et d’hommes d’affaires obscurs qui attendaient un retour d’ascenseur.

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Notre «Mère Teresa» est humble, nous dit-on. On nous vend même sa foi vigoureuse en l’islam. Elle ne dormirait que vers 1 heure ou 2 heures du matin et se réveillerait vers 3 ou 4 heures. Elle ne dormirait donc que 2 à 3 heures par nuit. Vrai ou faux ? Ce n’est vraiment pas notre problème. Qu’elle passe le plus clair de son temps à prier ou à égrener son chapelet la nuit durant, c’est une affaire strictement privée, qui ne regarde qu’elle et son Créateur. Cela nous laisse totalement indifférents, ce n’est d’ailleurs pas une information. La télévision «républicaine» qui la suit comme son ombre a aussi la fâcheuse habitude de nous la montrer aux Lieux saints de l’islam, accomplissant à côté de son distingué époux les différents rites du pèlerinage. En quoi cela nous concerne-t-il ? En quoi est-ce pour nous une information ? C’en n’est pas non plus une, quand la même télévision de l’Apr nous impose plusieurs minutes pour nous faire voir le président de la République lire le Coran dans la mosquée de Médine ou prier ponctuellement (de très rares fois d’ailleurs) un vendredi dans une mosquée de la ville de Dakar. Qu’a-t-il vraiment besoin d’être flanqué de la télévision pour prier un vendredi dans une mosquée de Dakar ?

Il est quand même temps que le président de la République et sa distinguée épouse nous prennent au sérieux ! Il est temps que nos médias, et principalement nos médias dits de service public – en réalité de service «républicain» – nous respectent et nous proposent des informations qui nous font avancer. Nous sommes quand même indépendants depuis 56 ans et avons connu trois alternances : une, politique et deux par les urnes saluées par toute la communauté internationale, même si elles n’ont pas encore changé fondamentalement la qualité de la gouvernance de notre pays. Cinquante six ans, c’est plus d’un demi-siècle. Nous sommes donc devenus majeurs et le président de la République, son gouvernement, sa distinguée épouse et les médias (privés comme de service public) devraient nous traiter comme tels.

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Mody NIANG

Mody NIANG

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