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Publicité Mensongère : Les Radios, Complices Des Arnaqueurs

J’ai lu avec intérêt une contribution parue dans « Le Soleil ». Titre : « Révolution de la médecine ou publicité mensongère ? » Signée : Cheikh Bamba Dioum.

Monsieur Dioum met le doigt sur une plaie qui commence à gangrener notre société : les annonces publicitaires sur nos ondes de radios qui parlent de tradipraticiens pouvant soigner toutes les maladies. Il se demande si ces guérisseurs sont vraiment compétents ou s’ils sont des charlatans. Dans le premier cas, il propose que l’État les mette en valeur pour que même la communauté internationale puisse en bénéficier. Et dans le second cas, il souhaiterait que l’État prennent ses responsabilités pour protéger le peuple mal informé.

Avant l’arrivée des Tubaab, nous avions une médecine aujourd’hui qualifiée de traditionnelle avec tout ce que cela sous-entend. Cette médecine a pourtant fait ses preuves tout en montrant ses limites, comme d’ailleurs toute médecine.

Monsieur Dioum nous dit : « Personnellement, j’ai vécu et assisté à des expériences dont les unes méritent une attention particulière, du fait des résultats positifs obtenus, et les autres une punition exemplaire aux fautifs. J’ai eu à souffrir pendant trois ans d’un mal aigu localisé au niveau des poumons et aucun médecin n’était parvenu à atténuer la douleur. Je dus mon salut à un tradipraticien qui me traita en trois jours à raison de trois verres par jour d’un mélange d’eau et de racines. Comme il l’avait prévu, au troisième jour, je ne sentais plus la douleur. Cela remonte à plus de 15 ans et, aujourd’hui, je touche du bois… »

Moi-même, quand je suis enrhumé ou exténué, je fais bouillir des racines ou des feuilles, et, en un temps record, me revoilà en pleine forme. Je ne doute donc pas de l’efficacité de notre médecine, mais je suis perplexe, médusé, inquiet et surtout choqué quand j’entends des publicités mensongères qui ne font que la ternir.

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Ouvrez vos transistors et écoutez. Celui qui lit la liste des maladies qu’un tel peut soigner, est essoufflé quand il finit son énumération. Et nous savons tous que dans 99% des cas, il ne s’agit que de mensonges. Les vrais guérisseurs ne s’adonnent pas à ce genre de publicité. Les médias qui nous les vendent doivent d’abord faire des investigations et nous dire ce qu’il en est réellement. On ne joue pas avec la santé d’autrui.

Il est vraiment temps pour le peuple sénégalais d’être majeur et responsable. Publicité, d’accord, mais il faut quand même des garde-fous. Ces charlatans africains, marabouts d’apparence, sont partout. En Europe, ils fourrent leurs prospectus dans les boîtes aux lettres ou les distribuent aux sorties des métros, aucune radio ne faisant de la publicité pour eux. Ils prétendent pouvoir résoudre tous les problèmes d’autrui alors qu’ils ont souvent du mal à avoir des cartes de séjour. Chez nous, par contre, les médias sont complices de leurs escroqueries. Il suffit de payer pour faire passer tout ce qu’on veut, quitte à bousiller la vie de milliers de compatriotes. On se souvient encore d’une rumeur selon laquelle, il y a des années de cela, des Sénégalais allaient accepter de grosses sommes d’argent pour laisser je ne sais plus qui jeter des déchets nucléaires chez nous. Inconscience pure et simple.

Prenons l’exemple du tabac. Dans beaucoup de pays du monde, d’Europe notamment, la publicité pour le tabac est interdite parce qu’on sait que ce produit « nuit gravement à la santé. » Chez nous, on laisse ces tueurs que sont les marchands de tabac dire à nos enfants : « Telle cigarette est plus savoureuse… » Et l’État ne bronche pas.

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Au Sénégal, il suffit de payer une petite somme pour officialiser le mensonge et l’arnaque. On entend dire à la radio : « Monsieur un tel, le grand guérisseur, le plus grand guérisseur du monde, qui soigne l’impuissance, la paralysie, l’éjaculation précoce, les hémorroïdes, les maux de têtes, maux de ventre, etc., pour seulement 1000 francs la consultation…. » Nos parents qui écoutent de telles déclarations font confiance à l’annonceur et vont chez le « guérisseur », comme des moutons allant d’eux-mêmes à l’abattoir. Ils ignorent que cet annonceur, quand il est malade, va à l’hôpital et non chez le « guérisseur » dont il vante les douteuses compétences.

Après la consultation payante, vient le traitement. La méthode est presque toujours la même. Le soi-disant guérisseur vous demande d’abord une insignifiante somme d’argent, une pièce de 100 francs, la plupart du temps, la couleur blanchâtre de la pièce symbolisant la pureté. Puis, petit à petit, il vide votre compte bancaire.

Chacun de ces charlatans est tout un hôpital à lui tout seul. Et dire que nous souffrons d’un manque d’hôpitaux au Sénégal ! Il est clair qu’il y a quelque chose qui cloche. Pourquoi nos dirigeants et les plus nantis d’entre nous vont-ils se faire soigner à l’étranger quand ils sont malades ? Ne savent-ils pas que nous avons des tradipraticiens qui guérissent tout et pour très peu d’argent ?

L’éthique d’une radio digne de ce nom, surtout dans un pays comme le nôtre, doit l’empêcher d’être complice d’une arnaque si flagrante. La publicité mensongère doit cesser.

Pendant qu’on y est, vu que j’ai les poches pratiquement vides en ce moment, je dois saisir l’occasion pour faire passer une annonce : « Bathie, le plus grand multiplicateur de billets de banque est à votre disposition. Donnez-lui un million et vous en recevez dix, une semaine plus tard. Et comme Bathie est un patriote qui veut faire entrer des sous dans le pays, il signale aux malades des pays riches qu’il a des remèdes au sida et à tous les cancers. Première consultation : seulement 500 000 francs CFA. Dépêchez-vous car ce grand guérisseur a un urgent besoin d’argent. Plus vous payez, mieux vous serez soignés…Et si les pays victimes des criquets pèlerins lui donnent dix milliards, il éradiquera le mal…» Tout me laisse croire que je pourrais faire passer une telle « publicité » à la radio, moyennant une petite somme. Mon Dieu ! Où allons-nous ?

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Et on se demande ce que le ministère de la Santé attend pour s’impliquer et donner un coup de pied dans la fourmilière. On ne peut certes pas demander à ces tradipraticiens de montrer leurs diplômes, mais il serait bien et bénéfique pour le peuple, d’interdire ces publicités mensongères.

Les annonceurs doivent prendre la chose avec des pincettes.

 

Bathie Ngoye Thiam

Bathie Ngoye THIAM

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