Site icon Senexalaat

Le Policier, Le Gendarme Et Le Citoyen

Le Policier, Le Gendarme Et Le Citoyen

Riot police sit with two people they arrested during clashes with anti-government protests in Dakar, Senegal, February 17, 2012. Senegalese police sealed off a main square in the capital Dakar and fired tear gas to disperse demonstrators who gathered on Friday in protest against incumbent President Abdoulaye Wade's bid to seek a third term in a Feb. 26 poll. The police fought running battles with protesters who hurled stones, burned trash and set up barricades along avenues in the city centre, forcing businesses to close for the afternoon. REUTERS/Joe Penney (SENEGAL - Tags: POLITICS CIVIL UNREST CRIME LAW)

Lorsque Marx Weber définissait l’état comme le seul instrument qui a « le monopole de la violence légitime », cette pensée était profonde tellement elle exprimait un des aspects les plus descriptifs de la fonction de l’état. Cette fonction suspecte et ingrate de l’état, lorsqu’elle est mal comprise par des autorités dont le niveau de culture étatique est sujet à caution, alors, c’est la voie ouverte à l’anarchie.

Il n’y a pas plus laid qu’une autorité qui répète des formules qu’il ne comprend pas. Quand la culture gouvernementale se résume au ressassement puéril de citations du genre « je ne regrette rien », « force doit rester à la loi » comme nous venons de l’entendre de la bouche de deux ministres de la république réagissant à l’affaire de Sangalkam, il y a lieu de penser que les sénégalais sont « exposés ».

Il ya un niveau d’illettrisme inquiétant chez nos autorités. Lorsque les notions de violence et de force sont confondues par ignorance, les gendarmes et les policiers qui reçoivent des ordres sont dans un état d’esprit tel que les citoyens deviennent des cibles à abattre. Quand des ministres sont incapables d’aller au -delà d’une compréhension au premier degré des missions régaliennes de l’Etat, ils se transforment tout bonnement en brutes qui n’hésitent pas à tenir des propos aussi cyniques que l’on vient d’entendre.

Ils oublient, ils ignorent plutôt, que la vie ce n’est pas seulement LA LOI, c’est aussi LA FOI d’où la formule « UN HOMME SANS FOI NI LOI ». Un homme qui obéit aveuglément n’est pas un homme ; c’est une bête sauvage qui n’hésite pas à tuer sans comprendre. L’on ne dit jamais assez que les criminels nazis n’étaient pas des psychopathes, ils obéissaient à la loi. L’esclavage transatlantique était parfaitement légal. Tous les types d’Etat, même les Etats totalitaires sont des états de « droit » en ceci qu’ils représentent tous un ORDRE JURIDIQUE.

Attention ! L’insuffisance de philosophie qui existe chez beaucoup de juristes peut emmener à une obéissance aveugle à la loi. Lorsqu’une loi est injuste personne n’est tenu de la respecter. Une loi inique produit toujours des criminels. Au reste, le comportement violent de la police et de la gendarmerie dans notre pays révèle des survivances de pratiques coloniales. L’administration en générale est restée « coloniale » sur certains aspects. Il y a lieu d’affranchir la police et la gendarmerie de cette idée « coloniale » qui veut que l’ordre repose essentiellement sur la peur.

« Tant que le citoyen a peur, l’ordre est sauf » pensent nos autorités. L’on oublie que nous sommes en démocratie, un système qui repose sur la liberté. « En Grande Bretagne, lorsqu’on sonne à votre porte à cinq heure du matin, c’est la laitière et non le policier » affirmait sir Winston Churchill, illustre homme d’état. Autrement dit, la différence entre l’ordre colonial et l’esprit républicain c’est la forme, la manière. En démocratie même si les forces de l’ordre ont des griefs à l’encontre d’un citoyen, ils y mettent la forme pour que « force reste à la loi ». Lorsque des autorités ne sont pas suffisamment hautes pour agir intelligemment, il y a lieu de s’interroger. Aux USA les marines n’interviennent jamais sur le sol américain face aux citoyens sauf dans les cas de force majeure où l’autorisation très procédurière de l’exécutif est requise.

C’est à la garde nationale de maintenir l’ordre. Ici l’idée fondamentale est que l’armée appartient à la nation. Il serait contradictoire que l’armée agisse contre le peuple qu’elle est sensée défendre contre une invasion étrangère. Voilà toute la gravité des événements de Kédougou il ya quelques années. En république, la résistance comme l’obéissance sont des vertus cardinales.

Des gouvernants qui pensent que seule l’obéissance est la vertu mère et qu’il faut l’appliquer à sens unique sur les citoyens, ne sont pas dignes de confiance. Au dessus des autorités il ya la loi, au dessus de la loi il ya Dieu, l’être suprême. C’est Platon qui pensait justement qu’ « il ya mieux que la loi, c’est l’homme noble, plein de vertu. » Il ya lieu de rendre meilleures les hommes qui nous dirigent. Lorsque la loi est entre des mains sales ou inexpertes, alors c’est le règne de la barbarie.

 

Khalifa Toure

Quitter la version mobile