La récente et très médiatisée visite du chef de l’Etat à Touba, dans un contexte politique exacerbé où les tensions et les antagonismes, plus que jamais, se cristallisent, n’a pas manqué de soulever, chez beaucoup d’observateurs, un certain nombre de questionnements, d’amalgames ou même d’équivoques qu’il ne nous semble point inutile d’analyser, afin d’en appréhender les véritables soubassements. En effet, l’envoi de généreux « éclaireurs » chargés de baliser le terrain des éventuelles velléités contestataires, l’accueil « populaire » que le Président reçut dans la ville sainte, l’affluence massive et colorée des militants du parti au pouvoir, auxquels tentèrent de s’opposer des adversaires opposés à sa candidature (occasionnant ainsi des échauffourées jugées en contradiction théorique avec le principe d’interdiction des activités politiques dans la ville sainte), l’information distillée selon laquelle le Calife aurait indirectement prédit la victoire de son hôte (suggérant ainsi l’idée d’un Ndigël tacite), les fortes réaffirmations de ce dernier sur ses liens avec la confrérie et son ambition renouvelée de moderniser la ville des mourides etc., tout ceci concourut à épaissir, pour beaucoup, la situation politico-religieuse déjà confuse, sans manquer d’accentuer l’idée de la non prise en charge et même d’une impression de « déphasage », de plus en plus popularisé, de la classe religieuse par rapport aux véritables problématiques sociales hypothéquant actuellement, pour certains, l’avenir de la nation.