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Le Sénégal De « Sopi » à « Y’en A Marre »

Le Sénégal De « Sopi » à « Y’en A Marre »

Les leçons d’un peuple à sa classe politique

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir» J. J. Rousseau, « Du Contrat Social »

Les morts de la place de l’obélisque, et de part et d’autre du Sénégal ne sont « qu’une brise qui passe » disait Maître Wade….

Mais cette brise, tel un début de tempête, a chamboulé tous ses plans de holdup au premier tour…. La tempête née de cette brise avait pris l’envergure d’un ouragan qui l’a définitivement emporté au second tour de la présidentielle…

Un an après son élection à la tête du Sénégal, le président Abdoulaye Wade s’était séparé de son équipe gagnante… Le gouvernement de l’alternance, libéré de ses alliés devenus encombrants, se livre à une suite exponentielle de dérives et surtout vers la fin du premier mandat : les tripatouillages de la constitution, l’inadéquation de la politique du gouvernement du « Sopi » d’avec les promesses de Wade faites aux jeunes en particulier… Face à cette situation, l’opposition, encore groggy par sa défaite de 2007 avait choisi de boycotter les législatives…

Les résultats du scrutin de réélection du président Abdoulaye Wade en avaient surpris plus d’un… La fiabilité du fichier électoral était alors remise en question et on ne voulait pas cautionner un second coup de « Trafalgar » de la part de Maître…

Les vaincus de l’élection présidentielle s’étaient alors réunis pour s’entendre sur la stratégie à adopter aux législatives …  » les leaders des partis membres du Front  » Siggil Sénégal  » ont envoyé au Chef de l’État une déclaration publique en date du 22 mars 2007 en vue d’une évaluation concertée de l’élection présidentielle du 25 février afin d’apporter les correctifs nécessaires à même de garantir la régularité, la sincérité et la transparence de l’expression du suffrage des électeurs, avant la tenue des législatives du 3 juin 2007 « .

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Cette erreur politique manifeste les avait condamnés de fait, à une retraite politique anticipée. Ce scrutin avait fini de nous monter que le crime d’alors (voir ma sortie intitulée Le boycott, à qui profite le « crime ?» publiée à l’époque) ouvrait largement la voie à un processus de dévolution monarchique du pouvoir.

L’opposition s’était fait hara-kiri, sciant la branche sur laquelle elle était assise…. Leurs rangs se vidaient à la saignée au profit du camp de l’alternance…

Le peuple, seule victime, se retrouve ainsi à la merci d’un pouvoir qui, par son leader, tel un cheval fou, piétine, se cabre et s’emballe, empiétant sur tous les domaines, publics ou privés, réservés, interdits ou autorisés…

Il fallait donc rétablir un semblant d’équilibre… C’est ce qui avait poussé les électeurs, matures, à voter massivement aux élections municipales du 22 mars 2009 contre les hommes de Wade pour diriger les collectivités locales… La coalition « Sopi » du président Abdoulaye Wade avait alors enregistré la perte de Dakar et de plusieurs autres grandes villes…

Aussi, à ce moment, avançant toujours comme dans du beurre, Maître voulait introduire par ses béni oui-oui de l’assemblée nationale, un ticket présidentiel lui permettant un renouvellement de son mandat avec seulement 25 % des suffrages !

Il n’en a toujours fait qu’à sa tête…. Aucun ministre ou conseiller n’osait le contredire… Dire non ou lui apporter toute contradiction signifiait alors contredire « Dieu » le père… Le blasphème était sévèrement puni…

Heureusement que le peuple, toujours en veille, mais resté vigilant et mobilisé, légalement, patriotiquement, s’est levé comme un seul homme, droit dans ses bottes pour depuis le 23 juin reprendre les choses en main en attendant le moment de la sanction constitutionnellement arrêtée…

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Le « y’en a marre », telle une épidémie se répand, fulgurant. Jeunes et vieux réclament un Nouveau Type de Sénégalais, un redressement de notre société et le redressement des valeurs.

Les assises nationales dans leurs conclusions avaient décliné les urgences… Wade voyant toujours en Amadou Mokhtar Mbow le chef de l’opposition, avait balayé d’un revers de main les propositions, attentes nombreuses et urgentes des populations…

Le « privilège », l’honneur des grands hommes a peut-être à ce moment là, définitivement cessé d’habiter Maître… Il avait fait fi du tapis rouge d’une sortie honorable pour forcer une fenêtre qu’il avait lui-même condamnée auparavant… Ses « sages » à lui, les 5 membres qu’il s’était choisis pour décider de son sort, lui ont validé sa candidature malgré son inconstitutionnalité manifeste et les risques d’un tel entêtement…

Heureusement, le plus fort n’est plus celui que l’on croit dans notre pays…


Le président sortant n’a même pas pu rassembler 35 % des suffrages exprimés au second tour… Une première en Afrique ! Triste fin d’un homme qui avait en ses mains « Un destin pour l’Afrique » et qui, à force de nourrir des ambitions trop personnelles, a trahi le destin d’un seul de la cinquantaine de pays que compte le continent !

Les sénégalais n’aiment pas l’injustice et ce n’est pas un hasard, s’ils ont choisi pour présider à leur destinée, celui qui, pour avoir osé braver l’autorité « suprême » s’était fait éjecter de son perchoir à l’Assemblée Nationale….

Il avait eu le mérite de partir, la tête haute, sans jamais se retourner…

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L’ouragan est passé, des arbres terrassés, le pays en chantier… L’état des lieux est alarmant, voire catastrophique… Dire que Diouf en 2000 avait laissé 200 milliards dans les caisses de l’État (on se rappelle encore de la déclaration de Maître en découvrant le « Magot » : « nos soucis d’argent sont terminés… »)

Le gouvernement de la coalition FAL 2012 laisse un trou de plusieurs milliards et une urgence de 200 milliards au président nouvellement élu…

Je salue la volonté de vie austère que le nouveau président Macky Sall affiche, la sobriété dans laquelle il a fêté sa victoire et le 52ème anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale…

Mais comment comprendre que l’on veuille rétablir les bases de la République et prêter sa voiture de fonction à son propre cambrioleur ?

Ahmadou Fall

Ahmadou FALL

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