A peine cent petits jours après la victoire du peuple sur la dictature de Wade, certaines personnes ont (re)commencé à s’agiter pour attirer l’attention des Sénégalais sur elles, intimider le nouveau Président, le faire chanter pour, soit retrouver leurs privilèges injustifiés que leur accordait le défunt régime, soit engranger des nouvelles prébendes ! Et dans ce jeu maintenant bien connu des goorgoorlu que nous sommes, toutes les stratégies sont bonnes : déclarations fracassantes sur l’échec du nouvel élu, invites sarcastiques au regret du régime de Wade, batailles de positionnement sans merci.
Ces gens constitués, en partie, de ‘religieux’ opportunistes et de perdants qui s’en prennent à un régime vieux seulement de 100 jours, ont pourtant allègrement cheminé avec leur maître Wade pendant 4380 jours sans piper le plus petit mot sur les souffrances lancinantes du peuple qui ployait, sous leurs yeux indifférents, sous le poids des pénuries et des manquements les plus indicibles. S’ils regrettent Wade et son régime, c’est donc tout à fait normal, parce qu’ils le font par rapport à eux-mêmes et non par rapport au peuple !
A côté de cette coterie de nihilistes qui sèment le doute dans l’esprit des Sénégalais pour les détourner du Président qu’ils se sont librement choisi, il existe une autre encore plus pernicieuse et plus prédatrice parce que constituant ce que l’on pourrait appeler l’embryon du clan des nouveaux faucons de la Présidence, ou de l’entourage du Président.
Alors qu’un consensus national très fort s’est formé autour du nouveau Président pour, sous sa houlette, sortir notre pays du caniveau dans lequel l’a plongé Wade et le hisser au banquet très select des nations les plus sérieuses, parce que les mieux organisées et les plus démocratiques, des voix discordantes s’élèvent des rangs du parti présidentiel pour nous retourner dans l’ère Wade marquée par une guerre des tranchées tous azimuts pour la défense d’intérêts bassement particuliers.
Certains membres influents du parti du président ont attendu que ce dernier soit élu, grâce au soutien de ses alliés, mais en grande partie parce que la plupart des Sénégalais pensent que c’est un homme de parole qui abhorre la tortuosité, pour l’inciter à se dédire sur une question aussi sensible, aussi nodale que la durée du mandat présidentiel ! Comme le ferait Wade sans gêne ! C’est là, assurément, pour moi, la plus grosse surprise des cent premiers jours de Bennoo Bokk Yaakaar au pouvoir! Mais heureusement que le principal concerné, conscient de l’énorme espoir en lui placé par ses concitoyens, a réagi avec diligence, vigueur et hauteur pour assurer le peuple !
En plus de cette bévue-surprise, la course effrénée pour le perchoir de l’Assemblée Nationale met en relief le peu de respect que certains politiques ont pour le peuple ! En effet, même si tout député nouvellement élu a le droit de prétendre au perchoir, a-t-on le droit de choquer les Sénégalais encore traumatisés par la mal-gouvernance et la gabegie de Wade par des déclarations de candidature désobligeantes et tonitruantes à ce poste que l’on sait juteux ?
Au moment où le peuple doute encore très sérieusement du sérieux des dirigeants politiques, l’intelligence politique voudrait que les nouveaux élus du peuple se fassent violence pour étouffer la sinécure par le sacerdoce.
Le Président qui, il faut le dire, inspire encore confiance au peuple, ne doit écouter que ce peuple, même si ce dernier semble, des fois, sans voix ! Le peuple qui l’a élu avec 65% des suffrages ne doit pas le regretter! Pour rien au monde !
Pour cela, le Président doit se méfier de deux catégories de personnes : ceux qui sont dans son parti et ne pensent qu’à eux-mêmes et au parti ; et ceux qui se disent détenteurs d’une certaine influence sur le peuple et qui l’utilisent à des fins personnels.
En démocratie, il ne doit y avoir qu’un seul maître : le peuple !
Pr. Gorgui DIENG
Département d’Anglais
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar
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