S’il y a un domaine où excelle l’Alliance des Parvenus et des Revanchards (APR) de Macky Sall, c’est bien dans le « clonage » des méthodes dignes de Joseph Staline, tout puissant homme fort de l’URSS avant, pendant et après la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, force est de constater que le Sénégal de Macky Sall n’a rien à envier à l’URSS de Joseph Staline au regard des méthodes utilisées pour neutraliser et rendre la vie impossible à tous ceux qui ont commis le péché de ne pas être d’accord avec le nouveau régime.
Dans le registre de l’arrogance des tenants du pouvoir, tout le monde a fini de se convaincre que devant la suffisance des hautains responsables de l’APR, les libéraux qui faisaient la pluie et le beau temps au plus fort du régime de l’alternance passent aujourd’hui pour des enfants de chœur. Quelques mois seulement après l’enivrement de la victoire sur le président Abdoulaye Wade, l’euphorie est très vite retombée chez les 65% des Sénégalais qui avaient voté pour Macky Sall et qui, aujourd’hui, découvrent que tout le reste est à l’avenant, i.e. que le nouveau pouvoir ne vaut pas mieux que l’ancien. Le sentiment que rien n’a bougé ou changé dans le pays est la chose la mieux partagée chez beaucoup de Sénégalais qui digèrent mal ce désenchantement prématuré. Alors, passe encore que les Sénégalais se sentent trahis et désillusionnés. Mais, qu’on leur interdise de s’indigner ou crier leur ras-le-bol, c’est vraiment fort de café.
Et c’est comme cela que le hiatus déjà perceptible entre le peuple sénégalais et le nouveau pouvoir évoluera inexorablement vers une déchirure béante et irrémédiable qui risque d’hypothéquer toutes les chances de réélection de Macky Sall pour un second mandat. Une simple revue des évènements relativement récents survenus dans le pays corrobore cette aversion du parti-Etat, l’APR, pour la contradiction qui est le levain de la démocratie. Singeant le régime stalinien avec sa triste réputation à travers le Goulag et les purges massives des opposants envoyés dans le froid de Sibérie sans autre forme de procès, les nouveaux gouvernants du Sénégal payent un séjour à leurs opposants à l’hôtel zéro étoile de Reubeuss à la moindre peccadille. A côté de l’acharnement continu sur les dignitaires du PDS sans que la moindre preuve réelle des fautes qui sont reprochées à ces derniers ne soit apportée à ce jour après des auditions incessantes, d’autres « mal-pensants » sont aujourd’hui dans le collimateur du régime de Macky Sall.
Dans le cadre du projet de liquidation du PDS, Mimi Touré, désormais apériste, ne s’est pas gênée de « déshabiller » son ex-mari, Omar Sarr, ainsi que Me Ousmane Ngom et Abdoulaye Baldé avec la levée de leur immunité parlementaire pour mieux les livrer aux limiers de la justice des vainqueurs. Abdou Latif Coulibaly, rallié de la 25ème heure à l’APR, et non moins suppôt de Satan…, pardon, de Macky Sall, fait des pieds et des mains pour mieux plaire au Chef de l’Etat dont il doutait il n’y a guère longtemps des capacités de présider aux destinées du pays car n’ayant « ni l’envergure politique, ni l’envergure intellectuelle ». C’est ainsi que l’ancien « journaliste d’investigation » a cru devoir s’attaquer aux activistes de Y’en a marre aujourd’hui traités de parias pour s’être démarqués publiquement des agissements de Macky Sall qui sont en porte-à-faux de ses engagements électoraux. Me Djibril War, deuxième « El pistolero » de l’APR après Moustapha Cissé Lô, a été le premier à sommer le Président Macky Sall de rappeler à l’ordre l’allié Idrissa Seck, leader du parti Rewmi, accusé d’activités fractionnistes. Lui emboîtant le pas, Mor Ngom, le tigre de papier de Ndangalma, réputé de toujours menacer de ses foudres tous ceux qui ont le malin plaisir de contrarier son mentor de Macky Sall, après avoir mis en demeure tous ses compatriotes tentés de tenir des propos irrévérencieux à l’endroit du Chef de l’Etat, à l’image de Me El Hadji Amadou Sall, a remis ça il y a quelques jours en intimant l’ordre aux alliés « rewmistes » de la boucler ou de se démettre (« Muut mbaa mott »).
Les affectations-représailles dictées (par le Palais ?) au ministre Youssou Ndour afin de procéder à une purge salutaire chez certaines têtes brûlées parmi les journalistes du Groupe Futurs Médias dont les livraisons courageuses sont loin de plaire à Macky Sall, montrent en suffisance que nous avons un régime qui ne peut souffrir un autre son de cloche. Les Sénégalais n’auront pas manqué de s’apercevoir que Mor Ngom se croit investi d’une mission (divine ?) de jouer au gendarme dans ce pays au point de proférer des menaces à tout va. Pour qui se prend-il? Il est vraiment très gonflé c’ui-là ! Mais, la plus grande illustration de l’allergie à la démocratie que l’APR de Macky Sall nous ait servie à ce jour est survenue le 1er février dernier à l’occasion de la conférence de presse du mouvement « Initiative pour le départ de Macky » (IDEMA) qui rappelle curieusement un autre mouvement (IDEWA) qui avait donné des urticaires au Président Abdoulaye Wade. La conférence de presse de l’IDEMA interrompue à coups de bombes asphyxiantes balancées par des nervis qui seraient recrutés par des responsables de l’APR, dénote de l’état d’esprit de nos nouveaux gouvernants qui se parent de vertus auxquelles ils ne croient guère.
Tout compte fait, les Sénégalais ne reconnaissent plus leur président chez qui ils fondaient beaucoup d’espoirs en votant pour lui le 25 mars 2012. Ça râle partout, jusque dans les rangs de l’APR même où les nominations controversées, les luttes de positionnement et la boîte de Pandore ouverte par les transhumants indésirables sont en passe de d’imploser le parti. Jamais le népotisme n’aura été aussi élevé aussi haut dans les cimes de la mal gouvernance avec le beau-frère de Macky Sall, le très envahissant Mansour Faye, qui tient tout le Sénégal en coupes réglées car doté de moyens colossaux au moment où sa sœur de première dame est citée dans toutes les intrigues au Palais et jusque dans les arcanes de l’Etat. Pendant ce temps, le Président Macky Sall, fait dans le luxe, l’ostentatoire et le bling-bling en se s’offrant des bolides rutilantes payées rubis sur l’ongle. Mieux ou pire, en vrai « Samba Alaar », Macky Sall offre un milliard de nos pauvres francs aux voisins Maliens alors que les syndicats d’enseignants du Sénégal battent le macadam pour des retards de salaire chroniques des corps émergents.
Sauf que le Chef de l’Etat vient de déclarer devant les enseignants de l’APR qu’il n’était pas au courant du calvaire enduré par ces compatriotes chargés de l’instruction de nos enfants. Peut-être aussi que le Président Macky Sall n’est pas informé de l’immolation du pauvre Cheikh Mbaye devant son Palais, ou de la marche des militaires invalides sous les fenêtres de sa résidence officielle. Macky Sall a-t-il pris conscience du réchauffement du front social qui cristallise toutes les tensions notées dans beaucoup de secteurs où les différents acteurs rongent leur frein en attendant le moment propice pour passer à la vitesse supérieure ? Ainsi, les transporteurs ruent dans les brancards pour s’opposer à une éventuelle hausse du prix du carburant et, par ricochet, de celui du transport du fait de la suppression de la vignette automobile. Les marchands ambulants n’ont pas encore enterré la hache de guerre devant la menace du maire de Dakar, Khalifa Sall, de les déguerpir du centre-ville. Les grèves perlées du Cusems jettent les écoliers dans la rue et plongent le secteur de l’éducation dans un coma profond dont personne n’entrevoit l’issue. Le retour des délestages intempestifs place les entreprises et les ménages dans un univers de ténèbres qui plus est en pleine période de froid où la consommation électrique est sensée être réduite. Après maints avertissements sans résultats, les boulangers vont incessamment passer à l’acte en mettant à exécution leur menace de grève qui risque de nous ôter le pain de la bouche sous peu ? Perspective terrifiante si l’on sait ce que représente pour le ventre et le subconscient des Sénégalais une journée sans pain.
Le Président Macky Sall voudrait-il avouer à son corps défendant qu’il est si coupé des Sénégalais et des réalités, 10 mois seulement après on élection, qu’il ne s’y prendrait autrement ? Réveillez-vous, Monsieur le Président, votre pays brûle ! Et ce n’est pas la baisse de la fiscalité sur les salaires intervenue à la fin de ce mois de janvier, quoique salutaire, qui va juguler la montée des périls dans ce pays où chaque jour apporte son lot de « combustible » pour alimenter et attiser les foyers de tension éparpillés aux quatre coins du pays. Il reste maintenant à faire barrage aux dérives totalitaristes de l’Etat-APR et de mettre une forte pression sur ce régime afin de le pousser à ses derniers retranchements et le rappeler à ses obligations dont la première est d’abord et avant tout de s’occuper sérieusement du quotidien des Sénégalais et non de la traque des biens supposés mal acquis devenue fatalement un programme de gouvernement. Car, comme l’a rappelé fort à propos l’écrivain Boubacar Boris Diop : « Récupérer l’argent détourné ne développe pas un pays ». A méditer.
Pape SAMB
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