Depuis bientôt une quinzaine d’années, les Sénégalais ne se contentent plus d’assister à l’accélération de l’Histoire. A deux reprises en douze ans seulement, ils y ont contribué de manière exceptionnelle en appuyant sur l’accélérateur politique grâce auquel trois présidents ont participé à des passations de pouvoir comparables à celles dont s’enorgueillissent depuis fort longtemps déjà les démocraties – anglaise, américaine et française – enfantées par des révolutions exemplaires. En 2000 et en 2012, la couverture de processus électoraux à haut risque par la presse sénégalaise fut des plus remarquables. Mais sitôt clos les débats démocratiques de campagne, un conservatisme abominable redistribue les mauvais rôles à la presse : celui de “ presse du pouvoir “ dévolu au quotidien Le Soleil et celui de “ presse du contre-pouvoir “ reconnu aux organes des sociétés privées de communication. Tout notre propos porte ici sur la responsabilité du quotidien de Hann dans une division du travail d’information du public qui, dès après une alternance démocratique, sape insidieusement le moral du nouveau pouvoir qui en est issu.