Il est là, ce silence. Ce silence qui nous tue, ce silence assourdissant qui nous explose l’esprit, ce silence, qui nous réduit encore et encore…Au silence.
Ce silence, depuis l’avènement de la démocratie au Sénégal, est la chose la mieux partagée. On pense, on prépare, on se prépare, on sort de l’ombre, on s’annonce, on dénonce, on s’indigne, on crie, et les autres aussi crient, on les supplie, on est choisi, on s’engage, on promet, puis on se tait. Tel un sapeur pompier, on accourt, on éteint le feu, en cas d’incendie, en cours de route, on s’indigne à nouveau, promet à nouveau, et, comptant sur l’effet du temps, on adopte le silence, et on le garde.
Oui, tandis que le peuple a toujours faim, on garde toujours le silence, comptant encore et encore sur l’effet du temps, qui, dit-on, guérit tous les maux du Coeur, estompe toutes les blessures de l’âme. On garde le silence et on laisse les choses, telles qu’elles étaient.
Silence…chuttttt, qu’on ne nous parle plus de ces talibés, atrocement tués dans une baraque, à la Médina, car, on croit se souvenir vaguement, que des mesures “fermes” étaient sur le point d’être prises, pour sauver les autres…
Silence…Qu’on ne parle plus des sept ans, qui devaient être ramenés à 5. Chuuut, qu’on n’en parle plus…Si ça se trouve la fameuse “Amnésie du pouvoir” est passée par là.
Silence…ça tourne! Et on assiste à des scénarios qui nous font oublier à quel point nos vies sont tristes, à quel point rien n’a changé réellement, malgré cette volonté affichée, au début de cette incroyable aventure entre une personne et 14 millions d’autres.
Silence…On garde le silence, en spectateurs impuissants, éloignés de cette machine qui tourne à plein régime, et qui est si distante de nos plus profondes aspirations. Des promesses, oui, belles et rassurantes, mais qui ne tiennent malheureusement pas compte d’un fait important: la patience n’est jamais le fort d’un peuple qui vit dans la douleur perpétuelle, quand il compte sur les promesses de quelqu’un qu’il a choisi pour changer les choses.
Oui, certes, Coupelec a ralenti ses sévices, dame justice est devenue plus équitable, les « sorciers » pourchassés, mais, au delà de cela, qu’en est t-il du reste?
Silence…ils gardent le silence, mais jusqu’à quand? Sur ces choses si importantes, sur ses promesses faites, la main sur le coeur, leurs yeux dans nos yeux, ont-ils le droit de faillir?
Ce silence, n’est pas un silence comme les autres, c’est un silence assourdissant, avilissant, dans le sens où on ne sait plus sur quel pied danser, on doute, on veut toujours faire confiance, on se dit peut être qu’on est un peu trop impatient, qu’on doit encore laisser du temps au temps, et de fil en aiguille, on s’affaiblit, mentalement. Les médias aidant, on nous gave de distractions, et, dans ce tourbillon de sensations aigres-douces, on ne sait plus à quel Saint se vouer. Et, en parlant de Saints, ceux qui sont encore vivants et qui sont si sollicités quand le moment de choisir arrive devraient
« Rappeler », que la promesse “n’engage pas ceux qui y croient”, mais plutôt celui qui la fait, et que la parole donnée engage la dignité.
Silence ! Ecoutons les mouches voler, écoutons les vagues déferler, sur nos si belles côtes, écoutons, au loin, l’écho de leurs promesses, faites un matin d’un mois de Mai. Silence…fermons les yeux, et rappelons nous cette escorte, magnifique…Ces éclats de rires, cette effusion de joie, de bonheur, et surtout de soulagement, sous cet immeuble de Sacré-coeur, rappelons nous, comment l’histoire s’est répétée, en 2 000 et 2012, et faisons nous à nous même la promesse solennelle, d’écouter la voix de la pertinence, dans les programmes, la voix de l’intelligence dans les idées, plutôt que celle de l’éloquence, et de la popularité , qui, « at the end of the day », malgré toute la bonne volonté du monde, ne nous ramène toujours qu’au même résultat…l’absolu SILENCE.
Rabia Diallo
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Commentaire sur “Le Silence…assourdissant De Mes Compatriotes”
Texte inspirant et inspiré! Merci chère Rabia de pointer là où ça fait mal non pas seulement parce que cela fait mal, mais c’est aussi parce que c’est juste. Le silence est beau que quand on a rien à dire, ou en tout cas quand les circonstances s’y prêtent…, selon qu’on veuille admirer la lune, l’océan, la beauté de la nature etc. Il y a un proverbe arabe qui dit que « lorsque le silence est plus beau que ce que tu as à dire, alors tais toi ». La paradoxe chez nous est que nous avons tellement de choses à dire, que le silence ne doit plus être de rigueur au risque d’être un silence complice ou coupable. Attention, il faut bien sûr savoir discerner ce silence de mépris, qui existe aussi. Autrement le silence devrait être rompu et nous permettre de nous exprimer, mais surtout de nous indigner car les raisons de le faire en sont multiples. On peut comprendre que les gens soient pris à la gorge par tout un tas de préoccupations quotidiennes, les unes aussi urgentes que les autres qu’ils ont du mal à faire la part de choses, hélas! C’est là ou le risque est énorme de perdre par petites doses des choses essentielles comme, la dignité, des valeurs humaines, humanistes, des institutions fortes, un état de droit etc.
Merci encore et au plaisir de te lire.