« La salle des archives de la mairie de Thiès, a pris feu, ce jeudi 25 juillet 2013 vers l’après-midi. Selon nos confrères de Zik Fm, l’origine de l’incendie serait un court-circuit, puisque la salle des archives était fermée à clé. Les populations qui ont pris d’assaut les lieux ont réussi à éteindre le feu avant l’arrivée des sapeurs-pompiers» pourtant la caserne se trouve en moins de 500m. Un autre crime aliénant de nouveau la propriété des citoyens de cette ville, riche d’histoire et de culture puisqu’il a abrité le premier réseau ferroviaire de l’AOF.
Pour rappel c’est la deuxième fois que des documents publics ou même privés parce qu’appartenant à des citoyens sénégalais sont détruit dans cette ville. Et voila pour tout une ville des extraits de naissance, des actes de mariage et beaucoup d’autre documents administratifs partent en fumée. Quelle désolation !
L’article 26 de la loi d’archives de la République stipule «Quiconque aura volontairement altéré d’une manière quelconque ou détruit autrement que dans les conditions prévues par les textes en vigueur des documents administratifs ou des documents d’archives publiques ou d’archives privées confiés en dépôt, sera puni d’un emprisonnement de cinq à dix ans. Quiconque, en violation des dispositions réglementaires en vigueur, aura volontairement procédé à la sortie du territoire national ou à l’aliénation desdits documents, sera puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 100.000 à 1.000.000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement ».
Nous n’accusons personne mais force est de constater que des accusations sont allées à l’endroit dirigeants de cette mairie et la destruction d’archives efface toute trace. L’Etat du Sénégal doit prendre ses responsabilité de punir, si tenté qu’il y’a une faute ou négligence, pour que les administrateurs des municipalités fassent de leurs archives un trésor précieux qu’ils ont le devoir de préserver mieux que les caisses de leurs recettes.
A l’heure où la gouvernance de rupture revient comme une sorte de leitmotiv, il urge de prendre les mesures idoines pour remettre les choses à l’endroit. Si nos prédécesseurs avaient détruit leur patrimoine documentaire nous n’en serons pas à des institutions aussi fortes que louent tous les autres pays du monde. Ceci doit être le début d’une révolution. Le maire est responsable des archives de sa commune et doit procéder après chaque élection municipale à un récolement, qui permettra de contrôler la présence des documents .
Il doit s’assurer que les locaux de conservation sont sains, qu’aucune archive ne sort des locaux municipaux et qu’aucune élimination n’est faite sans autorisation préalable des Archives nationales. S’ils ne le peuvent pas, l’Etat du Sénégal doit prendre ses responsabilités comme les mairies sont incapables de sauvegarder leurs archives.
Aujourd’hui, dans les autres pays, l’administration protège le patrimoine documentaire avec des moyens adéquats. La majeure partie du fonds documentaire du Sénégal, aussi bien public que privé, est souvent gardé au sous sol avec l’humidité et les moisissures. Les archivistes sont exposés à toutes sortes de maladies. Tous les archivistes du Sénégal se désolent de ce mépris de ce qui constitue la mémoire de notre nation. Sans de bonnes archives, le Sénégal ne peut avoir une bonne administration et une référence de pratique pour la postérité.
Aidara Ngom
Archiviste documentaliste