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La Planification Participative, Condition D’une Bonne Gouvernance Des Territoires

La Planification Participative, Condition D’une Bonne Gouvernance Des Territoires

 «  Dans l’histoire de l’humanité, les capitaux étrangers n’ont jamais été à l’origine du développement économique d’une nation pauvre ».  Amady Aly Dieng

La Banque Mondiale reconnaissait depuis les années 1990 que les territoires étaient en réalité les grands oubliés des politiques de développement. En Décembre 2012, la 6e édition du Sommet Africités qui s’est tenu à Dakar, a conclu sur la nécessité pour nos États africains de gouverner depuis leurs territoires. Depuis son arrivée au pouvoir, l’actuel régime annonce, à chaque fois que l’occasion se présente, son option pour une gouvernance axée sur la territorialisation des politiques publiques. Pour ce faire, l’État doit opter pour une planification territoriale capable d’assurer l’avènement d’une politique publique territorialisée et d’une gouvernance territoriale autonome. Mais comment parvenir à cette rupture paradigmatique ? Dans cette perspective, nous allons présenter les fondements et opportunités d’un modèle de planification territoriale pour notre chère nation. Notre postulat sera de démontrer que c’est avec les instruments de planification que l’on gouverne et  que c’est depuis les territoires qu’une gouvernance se forge. Ma conviction est que la gouvernance territoriale est la solution pérenne et durable pour arriver à des territoires résilients, proactifs et fertiles.

Et pourquoi la planification territoriale?

En tant que science de l’action, la planification vise la création de conditions favorables à un développement culturel, social et économique respectueux de l’environnement naturel. La planification territoriale s’est donc imposée aux décideurs publics qui, de plus en plus devant la complexité des problématiques socio-économiques, se sont résolus à l’introduction de la rationalité dans la prise de décision politique. Je ne vais pas m’attarder à énumérer les définitions de la planification, mais je vais seulement rappeler le principe traditionnel auquel se rapporte toute définition de la Planification et qui se trouve être « Le lien entre la Connaissance et l’Action » (Meyerson et Banfield, 1955). Cette union vertueuse entre le raisonnement scientifique et la prise de décision politique engendre une  logique planificatrice infaillible et surtout une gouvernance territoriale apte à formuler un projet de territoire durable et prometteur. Ainsi, la planification est cet exercice de préparation de l’action publique qui vise à garantir l’obtention de résultats souhaités et attendus. L’action publique planifiée à l’échelle territoriale suit une formulation et une intervention axées sur la vocation des territoires qui deviennent des créneaux d’excellence. De ce fait, les exercices de planification aboutissent à un niveau de diagnostic élevé, avec des batteries d’indicateurs au point et une gestion rigoureuse des plans d’action.

Au Sénégal, nous devons avoir le courage de reconnaître que la planification et la gestion ne nous embarrassent pas dans la mise en œuvre des politiques publiques. L’action publique est pilotée suivant des préoccupations d’ordres administrative et bureaucratique et aussi des questions de fonctionnement budgétaire. On est dans le maintien et dans la reproduction d’un système dont les valeurs, la finalité et les buts, échappent à tout le monde. Pour preuve, les citoyens ont, de plus en plus, le sentiment d’une détérioration du service public et nos anciens se mettent à regretter l’époque coloniale marquée par la rigueur et l’organisation. Pour l’intérêt supérieur de notre nation, cet exercice de planification consacrera la rupture paradigmatique et méthodologique que nous recherchons au niveau territorial. Rupture, dans le sens où  la logique planificatrice implémente au sein de l’exécutif territorialisé une autonomie dans la gouvernance, de l’ingénierie dans le développement et des méthodes de gestion de projet axées sur des résultats souhaités. Les communautés territoriales en sortent plus  soudées, elles s’assument et réfléchissent sur leurs atouts, leurs défis et leurs enjeux. Du reste, cette autonomisation et cette responsabilisation des acteurs du territoire sont en parfaite opposition vis-à-vis de notre héritage colonial fondé sur une logique de commandement et d’administration des sujets.

De ce fait, en l’état actuel, toute tentative de proposition de plan de résilience ou d’une stratégie de développement territoriale, comme il en existe des exemples un peu partout dans le monde, serait  une méconnaissance des bases préalables pour une réussite des techniques et projets de développement territorial. Avant toute chose, nous devons définir un calendrier, un processus et un cadre législatif, réglementaire et normatif, aptes à faire des territoires du Sénégal des espaces d’incubation, de planification et de conduite de leur propre projet de développement. C’est aux territoires d’identifier leurs propres défis et enjeux et  ils leur incombent d’assumer le fait qu’ils doivent être les architectes de leur propre développement. Notre mission c’est d’orienter ce processus d’apprentissage du milieu, de capacitation des acteurs, d’outillage méthodologique et technique et de mutation sociopolitique.

Quelle planification pour le Sénégal des territoires?

Trois formes de planification territoriale existent : La planification radicale, la planification d’allocation et la planification interactive.

La première forme de planification dite radicale,  ne reconnaît pas les acquis techniques et méthodologiques des régimes précédents. L’important est de marquer l’avènement d’une réorientation complète et radicale. Elle est plutôt problématique, car nous savons que l’expérience du passé est importante pour arriver à une méthodologie efficiente. À contrario, nous avons une approche planificatrice partant de l’existant et que nous appelons la planification d’allocation. On est dans une marche sans remise en question de la vision politique. C’est simplement les fonds qui vont déterminer le niveau d’exécution des tâches. Ce cas s’apparenterait plus à notre situation nationale.  Entre ces deux extrêmes se situe une planification territoriale dite innovatrice et c’est cette formule que je propose pour une planification territoriale à la Sénégalaise. L’idée est de partir du principe que le territoire fait face à des enjeux et défis (externes comme internes) en perpétuel changement. Cette conception dictée par l’objet (ici le territoire) nous amène à prendre conscience de l’aspect  changeant des forces et des formes des territoires en perpétuelle mutation. Cette planification innovatrice nécessite, de la part des gouvernants à l’échelle du territoire, un potentiel normatif et une autonomie à la fois financière et décisionnelle. Pour la planification innovatrice, la vision est construite de l’intérieur du territoire et la recherche des solutions peut se faire en dehors de  l’espace (coopération décentralisée et contrat État-région). […]


Lire la suite dans la deuxième partie 

Moussa Bala Fofana – Montréal – CANADA

 

 

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