Parce qu’elle est multiethnique, la société sénégalaise offre naturellement un espace public, contrairement à d’autres société où, les différences, fonctionnant comme des barrières, on a des réflexes et des replis communautaristes ou identitaires. La pluralité des ethnies et des croyances a très tôt inculqué au Sénégalais le sens quasi inné du dialogue et de l’échange multiforme. Nous sommes quasiment tous polyglottes et, par conséquent, habitués à la différence : le commerce des idées ne doit donc pas être difficile dans un environnement aussi ouvert. On entend souvent dire, pour s’en désoler, que les Sénégalais délibèrent beaucoup ou parlent plus qu’ils n’agissent. Au-delà du caractère anecdotique de cette remarque, il convient de dire que cette délibération permanente et universelle est certainement l’une des plus grandes chances de notre pays. La première brique qui fonde l’édifice qu’est l’espace public est fournie par le sentiment d’égalité dans la prise de parole et dans la liberté d’expression de son point de vue. Dès lors que tout le monde se sent partie-prenante dans la gestion des affaires publiques, il y a constitution d’un espace public.