Cette fameuse Agence de Sécurité de Proximité (ASP), qui est plutôt une véritable milice politique du pouvoir, mais qui ne dit pas son nom. Et justement, au vu de ses contours actuels qui viennent de nous être précisés maintenant dans les détails, il est devenu clair, que la mission de cette agence n’a en aucune façon pour objet, notre sécurité. Pourquoi ?
Parce qu’elle en n’est totalement incapable, à cause d’une part, de ses critères peu fiables de recrutement en matière de ressources humaines et d’autre part, la sécurité publique et de surcroit celle de proximité étant une chose très sérieuse, on ne peut et ne doit alors la confier à des personnes dépourvues de la plus infime formation de base.
Voici des personnes qui n’ont même pas le minimum requis pour être de simples agents de surveillance, à plus forte raison encore d’une formation préalable, relative au b.a.-ba de la technique de sécurité offensive comme défensive du maintien de l’ordre, en cas de troubles.
Les précisions détaillées, apportées par son directeur, donnent froid au dos, par ses explications alambiquées et floues dont lui-même ne se retrouve pas, ensuite leur caractère d’illégalité manifeste. Celles-ci, ne font d’ailleurs qu’enfoncer davantage le clou de l’aberration et montrer visiblement le caractère absolument dangereux de cette agence. En commençant par les éléments qui la composent, à savoir d’individus de ramassis à qui, rien de sérieux n’est exigé pour y être enrôlés. Même pas le minimum, que constituent dans les règles de préséance, ces deux documents préalables et indispensables avant toute embauche, à savoir le casier judiciaire et le certificat de bonne vie et mœurs.
Documents qui renseignent avant tout, sur la personnalité et de la moralité de l’individu, qui postule à un emploi relatif à la sécurité. Et surtout par ailleurs, que ceux-ci pourraient éventuellement atterrir à la Fonction publique. En principe, ces documents doivent être exigibles impérativement, et même les candidats doivent être également soumis à une visite et contre visite médicale au préalable.
En effet, au lieu de satisfaire aux prérequis comme conditions premières, qui doivent être en principe en amont pour valider toute candidature, à savoir fournir avant tout, le dossier au complet. Mais non, les autorités font fi de tout cela et sans aucune précaution, autorisent les candidats à ne fournir ces pièces préalables et indispensables d’une importance capitale, qu’après avoir été déjà recrutés. Ainsi, dans un empressement que rien peut justifier et qui cache sans doute des non-dits ou une fourberie, elles semblent parer au plus pressé d’installer au plus vite et à tout prix cette agence-là. Elles décident ainsi volontairement, et en toute connaissance de cause, de mettre la charrue avant les bœufs.
Ce qui est impardonnable, parce que c’est manifestement une aberration monumentale qui équivaut à faire appel au médecin, bien après la mort. Il conviendrait pour tout le monde, que le simple bon sens et la logique élémentaire pour des autorités vraiment responsables et soucieuses d’une véritable sécurité nationale, dans un Etat de droit et une République qui se respecte, rejetteraient de facto, une telle procédure dénuée de fondement légal.
Dans ce cas de figure d’ailleurs, où l’absence totale de critère sérieux de sélection est manifeste, c’est la porte ouverte de tous les abus, donnée au directeur de cette agence, seul maître à bord, pour recruter les yeux fermés n’importe qui alors. Ainsi, même les repris de justice, les criminels en puissance, les pédophiles et violeurs, les drogués, et détraqués mentaux, et autres malfaiteurs de tout bord pourront y être recrutés facilement, à défaut d’un filtre préalable raffiné.
C’est inadmissible, dans la situation actuelle de notre pays, qu’une pareille agence de « sécurité de proximité » soi-disant, puisse voir le jour dans la République du Sénégal. Au même moment où l’insécurité et la violence dans le pays, et à tous les niveaux, font rage, et dépassent la capacité d’endiguement des forces régulières de sécurité à l’heure actuelle.
Ainsi, au lieu de renforcer la Police, la Gendarmerie et voire l’Armée par un recrutement important dans l’ordre de l’effectif destiné à cette agence, avec des moyens matériels et financiers conséquents, pour leur permettre de remplir correctement avec efficacité et professionnalisme leur mission républicaine, on se permet de créer encore une prétendue agence « milice », parallèle ou en opposition aux forces de sécurité nationales. Une agence aux contours hybrides et mal définis, et dont le caractère informel la rend inopportune, avec un personnel handicapé déjà au départ, pour les raisons évoquées plus haut.
L’histoire nous enseigne jusqu’ici, que les milices ont toujours été au service exclusif et aux ordres du pouvoir qui les crée. Sa création est une erreur et rien de moins. Il est pourtant fortement déconseillé à l’homme averti, de ne pas persister dans l’erreur. Et le maintien forcené par le président de la République, sur recommandation sans doute de ses conseillers, pour des raisons absolument subjectives et infondées, de cette « milice », baptisée agence de sécurité de proximité (ASP), est parfaitement une forme de persistance dans l’erreur.
N’oubliez pas monsieur le président, que nous sommes dans une République, et en général, tout ce qui est privé ne rime pas avec la République et sort évidement de celle-ci. Cette fameuse agence qui est entretenue par l’argent du contribuable, ne sert point du tout les citoyens, donc, la République. Par conséquent, veuillez monsieur le président, transférer ces moyens-là, à la Police nationale, la gendarmerie nationale et l’Armée nationale qui sont toutes républicaines et au service exclusif de la Nation, nuit et jour. Cela nous semble plus juste et conforme aux pratiques républicaines dans un Etat de droit.
Le Sénégal décidément, semble être le pays des anachroniques où ses dirigeants passés et présents ne sont pas capables de comprendre, de situer et de sérier dans le temps et l’espace, ce que veut dire : essentiel, urgences, priorités, opportunités, planification, etc.., c’est vraiment le pays de l’informel intégral où la conduite des affaires de la Nation se fait au pied levé, au gré des humeurs du chef ou alors, du vent. Mais dans tout cela, où se trouvent nos députés si prompts à poser des questions orales, de très loin moins pertinentes que celle-ci, au Gouvernement?
Ce silence assourdissant de notre Assemblée nationale, depuis que la question de cette agence est soulevée, n’est-il pas aussi inquiétant pour nous citoyens ? Ou alors, en sait-elle assez, mais ne nous en rend pas compte comme il se devait ? Et d’ailleurs, il en va aussi de même pour toutes les autres institutions de la République, qui ne se sont pas fait entendre jusqu’ici sur la même question, afin de nous édifier.
Ou bien, n’est-il pas parce cette agence est rattachée à la présidence de la République, que personne n’ose en dire un mot au président, en lui signifiant clairement que ceci est une grave erreur ? Si tel est vraiment le cas, cela voudrait dire alors, que notre pays est dans une catastrophe et que nous-mêmes, ne sommes pas du tout sortis de l’auberge de Me Wade avec ses pratiques immondes. Mais enfin ! Qui dira alors halte à la création d’une telle agence, synonyme d’excès de pouvoir et à tous égards de possibles dérives ultérieures ?
Cette ASP, ne devrait point voir le jour dans les règles, sans l’avis de l’Assemblée nationale, parce qu’elle est illégale au vu des lois en vigueur dans la République, ne serait-ce qu’en matière de recrutement du personnel. Par ailleurs, elle est à tout point de vue en opposition ou contradiction flagrante avec la règlementation en vigueur, en matière de recrutement des forces régulières de sécurité nationale que sont la Police, la Gendarmerie et l’Armée, dont les éléments sont d’abord assermentés et ont été soumis avant, à un concours sélectif très sérieux et une visite et contre visite médicale pour en prendre les plus adaptes.
Enfin, à vous qui avez inventé ce monstre d’agence, puisque toute chose a une fin, quelle est la finalité au bout du compte de celle-ci, et le sort réservé à sa cohorte de 10000 recrues sans aucune qualification précise, après son dépérissement ? Le fait est tellement incongru, qu’il ne peut exister que dans un pays de bizarreries comme le nôtre, le Sénégal. Nous osons espérer, sans trop y croire, que la raison, le bon sens et la logique tout court finiront peut-être, par prévaloir au sein des autorités initiatrices de cette agence, pour vraiment y renoncer définitivement et de transférer les fonds prévus, à nos forces de sécurité régulières républicaines.
Comme le dit si bien l’adage : « mieux vaut tard que jamais » !
Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com