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Affaire Sidi Lamine Niasse : Non à Une Justice à Deux Vitesses, Non à Deux Catégories De Citoyens !

Affaire Sidi Lamine Niasse : Non à Une Justice à Deux Vitesses, Non à Deux Catégories De Citoyens !

Sidi Lamine Niasse a été deux fois convoqué et relâché. Si la décision ne vient pas du pouvoir exécutif, la Justice a bien fait son travail. Mais, nous rappelle Mandiaye Gaye, « les propos du jeune Bara Gaye étaient beaucoup moins grave et pourtant celui-ci a été arrêté et mis en prison pendant six mois ». Il y a évidemment une justice à deux vitesses. Par ailleurs, si l’on devait arrêter, pour offense au président de la République, tous ceux qui se demandent d’où vient la fortune de Macky Sall, les rues du Sénégal seraient désertes. Cette question, on ne peut l’occulter, ce qui nous fait penser à « la traque des biens mal acquis ».

Certains parmi ceux qui se sont enrichis sous le règne désastreux de Wade, sont en prison. D’autres… Justice à deux vitesses ? C’est ce qu’estime Sidi Lamine Niass. Si Macky a des biens mal acquis, qu’il donne l’exemple en les restituant au pays. Ou alors, qu’il explique d’où vient sa fortune.

L’article 80, devenu une entrave à la liberté d’expression et par conséquent à la démocratie, a une place bien méritée qui l’attend à la poubelle. Le citoyen n’a-t-il plus le droit d’être convaincu que son pays va mal et de tirer sur la sonnette d’alarme ?

« Dëkk bi, da fa Macky » est, on ne peut le nier, l’explication que bon nombre de Sénégalais donnent aux difficultés qu’ils rencontrent quotidiennement. Ce n’est pas la peine de les citer, nous les connaissons. Sidi, sur ce sujet, n’a fait que rapporter devant ses caméras ce que ressentent, pensent et disent ses compatriotes, à part, bien entendu, la minorité dont les repas sont bien huilés. Il doit être félicité pour avoir, à temps, rappelé au président de la République que certains calmes annoncent la tempête. S’est-il trompé d’appréciation ?

Cela est possible, mais c’est apparemment sa conviction. Aurait-il d’autres motivations ? Ceux qui le pensent en ont le droit et en détiennent peut-être les preuves.

Respect des Institutions, d’accord, mais là où le bât blesse, c’est que certains dirigeants sont plus rapides que Lucky Luck quand les balles sont des injures. El Pistolero, celui qu’on a entendu insulter Sidi Lamine, tire plus vite que son ombre. Ici, il menaçait et insultait de mère en wolof : http://www.thiesvision.com/Audio-Macky-Sall-Insulte-de-Mere-Par-Moustapha-Cisse-Lo_a4030.html. Farba Senghor a fait des émules. Peut-on s’entourer de tels gens et exiger du respect ?

Pendant que le peuple prie pour que baissent les prix des denrées de première nécessité, Moustapha Cissé Lô, le Premier vice-président de l’Assemblée nationale, distribue à tour de bras des billets de banque, devant le président de la République, pour célébrer le cinquième anniversaire de leur parti politique. Peut-on s’entourer de tels gens et faire croire aux Sénégalais que la patrie est avant le parti ?

Force est de reconnaitre que l’heure de la rupture n’a pas encore sonné. Pour d’aucuns, Macky est un bon président, mais il est mal entouré. Peut-être, mais c’est lui que le peuple a élu et non son entourage. S’il n’arrive pas à bien s’entourer, c’est qu’il est incapable de gouverner. Il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures. Il a certes du bon grain dans sa calebasse, mais aussi de l’ivraie.

Pour revenir à nos moutons, Sidi Lamine a formulé des critiques, des accusations dont il dit détenir les preuves, des mises en garde et des conseils. Quand il le faisait hier, ceux le condamnent aujourd’hui faisaient partie de ses défenseurs. Ecoutez ceci :http://www.thiesvision.com/Audio-Quand-Macky-et-Cisse-Lo-defendaient-Sidy-Lamine-Niass-contre-Abdoulaye-Wade_a9359.html. Est-ce une justice à deux vitesses ? On peut le penser. Parmi ceux qui « insultaient » le président Wade, certains sont aujourd’hui à côté de Macky, boucliers de l’Institution que nul ne doit offenser et qu’incarne un président de la République. Cherchez l’erreur.

Là où Sidi Lamine, marabout parce qu’étant né dans telle famille, est condamnable, c’est, premièrement, quand il fait dire à Macky Sall, avec une mauvaise foi manifeste : « Les marabouts ne sont que de simples citoyens. Ils ne signifient rien » et il l’accuse de donner du pouvoir aux homosexuels et de favoriser une minorité religieuse. Or, le candidat Macky avait dit : « Certes, les chefs religieux jouent un rôle social très important au Sénégal. Sur le plan politique, toutefois, ce sont des citoyens comme tous les autres. Dans le domaine religieux, privé, le marabout peut être l’autorité du président ou son chef spirituel, mais pas dans la vie publique. Si je suis allé à Touba, c’est parce qu’il s’agit d’un immense réservoir électoral. Mais, en ce qui me concerne, il est exclu d’accorder des faveurs ou un statut particulier aux marabouts. (…) C’est très dangereux au Sénégal, pour un homme politique aspirant à la magistrature suprême, de manipuler le vote religieux. Depuis le président Senghor, il n’y a jamais eu ce type de problème. Senghor était catholique mais il était aussi l’ami de tous les chefs religieux musulmans. Nous avons une République démocratique et laïque où la liberté de culte doit continuer à être garantie. Et ça, si je suis élu, je m’y engage ! Ce n’est pas moi qui suis allé stigmatiser les chrétiens dans leur église ou créer la confusion entre les confréries. Aussi, je refuse d’entrer dans un débat artificiel pour savoir s’il y a un vote tidiane ou mouride qui me serait favorable, car on risque de créer une fracture religieuse qui n’existe pas au Sénégal. »

Deuxièmement : la boulimie du pouvoir, les différences ethniques et religieuses ne cessent de faire couler du sang en Afrique. Le Sénégal est jusqu’ici miraculé, mais tout commence par des propos stigmatisant une minorité. Les chrétiens du Sénégal n’empêchent pas les gens de dormir, ne bloquent pas la circulation, ne saccagent pas les biens d’autrui et n’agressent pas leurs concitoyens. L’Eglise, qui n’a jamais donné des consignes de vote, s’est toujours signalée auprès des populations, soucieuse de la bonne marche du pays dans la paix et la justice.

Sidi Lamine le reconnait, mais soutient que cette année-ci le cardinal a failli à cette règle. Selon lui, celui-ci défend l’Etat en évoquant la crise économique mondiale, dit à ceux pour qui « dëkk bi da fa Macky » de prendre leur mal en patience et aux chômeurs d’aller travailler alors qu’ils ne demandent que cela.

Comment peut-il interpréter ainsi ces paroles de son Éminence le Cardinal Théodore Adrien Sarr : « Je me fais alors le porte-voix d’un tel Sauveur, auprès de nos gouvernants et agents des Services publics. Nous savons que beaucoup d’efforts ont été déployés et sont en train d’être déployés ; nous ne perdons pas de vue les difficultés engendrées par la conjoncture économique mondiale. Pour autant nous vous demandons de redoubler les efforts, d’accélérer les changements, pour résoudre les lancinantes questions de la demande sociale. Nous demandons, de la même manière, aux citoyens de toute catégorie de ce pays, d’essayer de changer de comportements, d’avoir plus de discipline, de rigueur et de régularité dans le travail. L’Etat ne pouvant pas tout faire à notre place, notre devoir est de l’accompagner, par des démarches individuelles et collectives de responsabilité, afin de développer notre pays, pour en bannir la pauvreté » ?

Le marabout Sidi Lamine Niasse est bien placé pour savoir que pendant des décennies, d’autres chefs religieux, arrosés avec l’argent du pays, calmaient les ardeurs à chaque fois que les ventres creux hurlaient leur ras-le-bol.

On ne peut reprocher à un marabout de parler de religion, mais il ne doit pas s’en servir comme opium du peuple. Sidi Lamine semble tomber dans la mystification avec ses histoires d’anges qui l’accompagnent et ses références à des saints vénérés par l’écrasante majorité de la population. Est-ce pour, comme le dit Mandiaye, « abuser tous les fanatiques, qui ne savent pas faire la différence entre l’affairiste économique et le religieux qui doit prêcher pour éclairer le fidèle sur les énigmes de sa religion » ? Je continue la citation :

« Il ameute à ces occasions-là, toute l’opinion publique sur des questions qui ne relèvent d’ailleurs que de ses intérêts économiques et strictement personnels. C’est une attitude inconvenante et grosse de danger, qui peut saper la cohésion entre nos différentes religions qui cohabitent sans anicroche depuis des lustres et par de-là, même l’unité nationale, comme par exemple le fait d’attaquer l’Eglise, qui n’a rien à voir dans cette situation. »

Sidi a intérêt à présenter des excuses publiques à l’Eglise ou à clarifier ses paroles assimilables à des missiles tirés sur la cohésion nationale. On ne peut pas se dire responsable et s’exprimer ainsi. Dans le même ordre d’idées, Macky doit rassurer ceux qui le soupçonnent d’ethniciser le pouvoir. Si vous en avez le temps (une heure), écoutez cette émission :http://www.sunuker.com/2013/12/30/emission-en-toute-objectivite-recevait-prof-amadou-diallo-revisitons-lannee-2013-analyse/ 

 

Bathie Ngoye Thiam.

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