La démocratie est connue pour être le meilleur système de gouvernement. D’un coté, cette assertion mythique est devenue problématique eu égard au passé assez long des sociétés modernes et des peuples qui s’étaient fait le devoir et la raison pratique de démocratiser leurs institutions et leur vie politique au nom d’un certain idéal humaniste et moderniste, et parfois en Afrique sur fond de panafricanisme et de relativisme culturel. De l’autre, penser et s’adonner à la construction sociale de la démocratie dans l’espace politique national n’implique pas de supposer péremptoirement que l’histoire a déjà pris fin ou que le futur sera démocratique ou ne sera pas. S’il est vrai qu’une bonne partie du futur de notre société sera régie et façonnée par la pratique démocratique et la défense des valeurs, principes et institutions qui vont avec, il faut bien s’arrêter un moment sur cette question précise : pourquoi pense-t-on, ou persiste-t-on, à penser que la démocratie est déjà complètement acquise et que le futur sera probablement démocratique, alors que paradoxalement on a l’impression que notre passé s’est écoulé sans contenir en lui une véritable pensée de la démocratie ? Pourquoi se refuse-t-on à voir qu’il ne s’était agi que de sacrifier à un rituel régulier du vote et ou de la sanction d’un pouvoir au profit d’une opposition, comme si les deux constituaient toujours les forces également réparties de la démocratie sénégalaise ? L’erreur a trop perduré ; pendant longtemps l’opium a subjugué la critique sociale ; elle a suffisamment abusé la clinique universelle de la démocratisation.