Quelle drame tragique que celui qui s’est abattu sur l’Université Gaston Berger (UGB) depuis une décennie!
A l’instar d’une fleur qui subit la volupté irrépressible d’un odorat peu spartiate, une institution finit toujours par la décadence à force de tout donner et de ne rien recevoir en retour. L’UGB ressemble plutôt bien à cette institution-là. Combien de destins forgés, d’opportunités créées, de familles et d’individus honorés et délivrés de l’indigence, de cadres formés et mis au service de la nation? En retour, combien d’agressions cette institution d’excellence a-t-elle subi ces dernières années?
Et pourtant! Combien d’associations d’étudiants et d’alumni? L’UGB se retrouve seule au milieu des déchirures et des complots les plus sévères et les plus insidieux allègrement entretenus par le feu ravageur des ambitions gargantuesques des uns et des autres. Toute cette communauté qui a tout reçu de cette institution légendaire est aujourd’hui insensible à sa lente déliquescence. Au contraire, elle continue de tout lui prendre, jusqu’à ces moindres lustres et sa réputation âprement mutilée. Tout cela derrière le vernis et sous le verglas du politiquement correcte et de l’auto-congratulation publicitaire. Ses maigres moyens sont détournés vers des niaiseries et des forfaitures éthiques et scientifiques, vers des mondanités romanesques, au nom du savoir et du devoir. L’UGB est travestie en une monnaie de change dans la concussion gestionnaire et l’illusionnisme politique au nom du développement, du marché et de la chimère de l’émergence. Ironie ne saurait être plus rude lorsque cette émergence ne figure sur aucune page savante qui aura été écrite au sein de l’UGB, ou bien des mains scrupuleuses de ses alumni et pensionnaires.
Pis encore, on appelle cette décrépitude de l’UGB une « montée en puissance » et les régressions qui y prennent cours des innovations. Preuve que la science elle aussi n’y échappe pas à la guillotine des réformes et aux déluges de la médiocrité ascendante. Que des stratégies de survie et l’adaptation fac-similaire—formules éminemment ignorantes et tâtonnantes voire occlusives et régressives—y passent pour des œuvres de génie est le signe authentique de l’urgence à reprendre en main l’UGB.
Paradoxe ne saurait se traduire mieux que dans une montée en puissance qui amassent les enseignants et les apprenants, souvent ceux du régime public, dans les couloirs et les jardins de fortune, encore moins une excellence qui se construit sur les ruines de la qualité et le mépris de la rigueur. Voilà où en est l’UGB ! Au fond du trou creusé par la folie de la suffisance élitiste et l’indifférence et l’ingratitude de la réussite.
Aboubakr TANDIA
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