L’Afrique, continent malade de par ses dirigeants. Mais qui peut renaître grâce à la volonté de fer et à l’engagement inébranlable de ses meilleurs enfants.
L’Afrique est indéniablement le continent où les injustices ont été les plus cruelles, un continent marqué par des séquelles impérissables. Ces maux venaient tant de l’intérieur – par le fait de ses chefs traditionnels sanguinaires – que de l’extérieur : par les puissances coloniales, qui traitaient nos populations, comme des sous-hommes.
Nos peuples ont terriblement souffert dans leur chair, en subissant des décennies durant, ces exactions inhumaines. Tout d’abord l’esclavage pratiquée par nous-mêmes, par nos propres féodaux ; ensuite, est arrivée la traite négrière pendant laquelle, l’homme africain fut un simple objet qui se troquait comme tel, se bradant au plus offrant ; et vint par la suite, la colonisation barbare, accompagnée de sévices insoutenables, avec en sus une occupation entière des territoires.
Tout cela a pesé fortement sur le continent africain. Cela a négativement et profondément impacté le continent dans sa marche vers le développement et le progrès.
Ces faits suffisent amplement à justifier le retard de notre continent dans plusieurs domaines d’activités, économiques comme sociales. Et, il faut noter que dans une très large mesure, la vaste, riche et très variée culture du continent, a été stoppée, condamnée et hypothéquée, par le colonisateur, qui, en lieu et place lui a substitué la sienne, par l’entremise de sa langue.
Et de fait, à l’école nous fûmes privés de nos langues maternelles, support culturel irremplaçable pour l’éducation et l’affermissement de la culture des peuples africains et par extension de tout peuple quel qu’il soit. Au fur et à mesure, le colon imposa aux peuples africains une langue totalement étrangère qui présentait des difficultés de taille pour les apprenants.
Cet handicap majeur nous a été imposé, et c’est avec de tels moyens et outils, qu’il fallait amener notre continent à «se développer»,« s’éduquer», «se cultiver», en un mot à s’assimiler à la culture de l’envahisseur, au bénéfice et pour les intérêts bien compris de ce dernier.
Ainsi, nous devenions des étrangers chez nous. Oui, tant que nous étions encore colonisés, donc contraints, cela pouvait se comprendre. Mais, c’était devenu une aberration monstrueuse, inacceptable, après plus de cinquante ans d’indépendance, de devoir encore et toujours utiliser la langue du colonisateur, comme langue officielle, et de travail ; cette langue qui plus est, demeure, quoi qu’on en dise, une langue étrangère.
Nulle ombre d’un doute : la responsabilité de nos élites et dirigeants dans ce domaine, est totale et entière. Pour n’avoir pas osé couper le cordon ombilical avec la puissance colonisatrice dès l’indépendance, et restauré les langues nationales par exemple.
La voie royale aurait dû être, de s’engager de manière irréversible, dans les chantiers du développement des langues nationales pour aller vers l’indépendance culturelle, par l’utilisation progressive et la parfaite maîtrise de nos langues nationales maternelles, en vue de booster l’éducation fonctionnelle des jeunes Africains dès l’école primaire.
Ensuite, au lieu de rester attaché aux basques du néocolonialisme, en continuant d’importer l’essentiel des moyens de fonctionnement du pays, dont l’alimentation de base, de l’ancienne métropole ou de l’étranger en général, il fallait nécessairement s’orienter dès les premières années d’Indépendance, vers l’autosuffisance alimentaire, par une intensification et diversification de l’agriculture. Bien entendu, nous entendons par là, une agriculture moderne, mécanisée ou motorisée, rompant définitivement avec l’archaïsme de l’utilisation de la daba, la houe et l’hilaire.
Une agriculture de grande envergure mécanisée et capable d’emblaver d’importantes surfaces pour des productions tout aussi importantes à dimension industrielle, et qui dépasseraient naturellement notre simple consommation nationale. Et le surplus des productions serait destiné à l’exportation, source de devises.
Et si auparavant, nous avions définitivement rompu avec l’importation de l’essentiel de nos besoins de consommation en produits et denrées alimentaires, nous aurions de fortes chances que notre balance de paiement soit équilibrée, voire excédentaire. Et, avec des efforts soutenus par une gestion efficiente et rationnelle des affaires publiques, on aboutirait à cette bonne gouvernance, tant souhaitée.
Mais hélas ! Nos dirigeants jusque-là, n’avaient malheureusement pas emprunté cette voie tout indiquée, qui mène pourtant infailliblement, à l’indépendance économique, sociale, culturelle et financière, et qui forcément déboucherait, vers l’émergence de notre continent, si toutefois, il était uni en une seule et unique entité.
Loin de nous, le jugement pessimiste de certains Africains qui n’ont foi en rien, qui baissent les bras et se laissent aller au découragement et la démoralisation dès que des difficultés même mineures, se présentent sur leur chemin.
Ce sont ces partisans du moindre effort et de la facilité qui ont surtout retardé l’Afrique. Ils se comportent comme si notre continent était condamné irrémédiablement et à jamais, au sous-développement. Alors que l’Afrique à elle seule renferme la majeure partie des minerais sur le plan mondial.
En effet, il est bien établi que le continent africain se positionne comme le premier producteur mondial de nombreux produits miniers dont l’or, la platine, le diamant, le minerai de phosphate ou la manganèse, et possède des réserves de premier ordre en bauxite et en uranium. Compte tenu de tous ces facteurs l’Afrique est plus dans les dispositions favorables à un développement fulgurant, que celles de moisir dans le sous-développement, comme c’est trop souvent le cas. Si elle disposait de bons managers à sa tête. Le fait est que l’Afrique a plus d’atouts pour se développer que n’importe quel autre continent.
Voilà pourquoi, l’Afrique n’a plus besoin dorénavant, que d’hommes de défis, valeureux et intègres, pleins d’éthique, avec de fortes convictions et qui croient réellement en elle.
L’Afrique est parfaitement capable de s’en sortir haut la main, si seulement, ses meilleurs enfants se mettent à la tâche, la main dans la main, avec l’unique objectif de mettre fin, et définitivement, à son calvaire d’instabilité et de mauvaise gestion, dont les auteurs et principaux responsables ne sont autres, que ceux-là, qui, jusqu’à présent de manière presque ininterrompue depuis les indépendances, sont aux commandes de sa conduite et de ses destinées.
Cette élite-là, dont la plupart ne portent le patriotisme africain et l’unité du continent, qu’en bandoulière, mais réellement n’y croient point, ou, leur foi, si elle existe, n’est que de façade. Certains d’entre eux furent et demeurent même encore, des complices du néocolonialisme et des puissances capitalistes exploiteuses. Ces pratiques, si elles perdurent, plongeront notre continent davantage dans le gouffre ou à défaut, l’y maintiendront le plus longtemps possible.
C’est là où doit intervenir le sursaut et l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants. Des dirigeants d’un type nouveau, conscients de leurs responsabilités historiques : sortir notre continent de cet état de non développement, d’appauvrissement endémique, qui perdure ; cet état d’acculturation et de mimétisme de l’occident qui frise l’aberration, au point de nier notre existence même, en tant que continent et nations, avec des cultures certes fortement variées, mais complémentaires, d’égale valeur et de même dignité que celles des autres peuples du monde.
A l’heure actuelle, l’Afrique a besoin d’hommes de conviction non seulement comme dirigeants, mais à tous les niveaux de sa population. L’Afrique a besoin d’hommes croyant aux capacités réelles de l’Afrique et des Africains à sortir leur continent de ce sous-développement chronique qui perdure plus d’un demi-siècle après les Indépendances. Autrement dit, à vaincre le signe indien.
Mandiaye Gaye