« Il est des victoires dont la gloire réside dans le fait qu’elles ne sont connues que par les ceux qui les ont remportées. » Nelson Mandela
A une question de Mamoudou Ibra Kane, animateur de l’émission « Les Affaires de la Cité » sur l’intégrité des dirigeants publics sénégalais, Abdou Latif Coulibaly, ministre chargé de la promotion de la bonne gouvernance, tente d’abord de défendre le fait que la dignité est possible dans toute situation. Même quand on ne gagne rien. Ensuite il finit par avouer que la société sénégalaise pousse souvent les dirigeants de faire des dépenses au dessus de leurs moyens et surtout non inscrites dans aucune ligne budgétaire. Le ministre déclare ensuite qu’il reçoit en moyenne quotidiennement une dizaine de lettres de demande de soutien, de parrainage d’évènements citoyens ou religieux. S’obstiner à satisfaire toutes ces demandes, semblait-il vouloir dire, peut souvent mener le ministre, le député ou le simple conseiller à des dérives financières.
Même si le ministre voulait surtout montrer que les choses ont changé avec l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir et la création de son ministère, la réalité sur le terrain est tout autre. Encore et toujours, il y autant d’évènements à l’honneur de telle ou telle autorité de l’Etat. Tantôt le premier ministre honore de sa présence un tournoi de football ou une fête de groupement de femmes ou de jeunes. Il existe encore des coupes au nom du président ou au nom de simples conseillers de ce dernier.
Nombreux sont les députés qui continuent de donner leur nom à des centaines de « Drapeaux » de combats de lutte. Aujourd’hui encore, les parrainages d’évènement servent de lieux d’annonces de soutien à des projets et programmes d’aucune portée nationale. La présence des autorités à ces évènements leur permettent souvent de remettre des chèques ou de faire de nouvelles promesses. Le service public se confond ainsi à ces agissements caritatifs « médiatico-politiques ».
Malheureusement l’entièreté des problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés dévoile – fort heureusement – les limites de ceux qui sont aux commandes des destinés de l’Etat. En effet, au lieu de porter ou de soutenir de lois pouvant améliorer les conditions de vies des populations, ces évènements parrainés constituent les rares fois où certains députés font le déplacement vers les localités dont ils sont mandataires. Le service public local se limite souvent à des actions caritatives ponctuelles lors de mariages, de baptêmes ou de cérémonies religieuses. Les richesses et moyens nationaux et locaux restent ainsi répartis inéquitablement sans se soucier surtout des priorités.
Mamadou DIOP
diopthemayor@gmail.com
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