Dans ce qui suit nous tentons une comparaison verticale—une analyse dans le temps—de ce qu’il convient d’appeler l’instabilité gouvernementale qui semble caractériser le système politique sénégalais depuis les indépendances. Il y a certes des variations contenues dans la manière dont les situations sont gérées par les élites gouvernementales. Cela dit, en dépit de ces variations sur lesquels nous proposons de revenir dans un autre texte, celui-ci étant déjà assez long, il semble que les régimes successifs, les chefs d’Etat qui se sont relayés au sommet de l’Etat, ont affectionné et retransmis les mêmes reflexes et les mêmes rapports au pouvoir et à la politique. Cela en dépit de la spécificité que peut avoir chaque régime et chaque personnalité ainsi que les situations dans lesquelles ils ont du évoluer. On se rend compte en effet que l’instabilité gouvernementale traduite dans le changement et le réaménagement incessants d’équipes gouvernementales est liés aux mêmes facteurs, indifféremment du régime politique ou de l’homme fort. Il s’agit en l’occurrence des crises au sommet de l’Etat en premier lieu : incompatibilité d’humeurs, faible contrôle du Président sur son entourage, absence de consensus autour du chef de l’Etat et/ou du Parti (dominant) au pouvoir, faiblesse de la légitimité du Président ou du régime, succession politique souvent frappée de soupçons d’illégitimité ou entachée par des manœuvres électorales et constitutionnelles.